Des orcs, des humains, de grosses épées et de la magie. Tout l’univers de Warcraft se retrouve sur grand écran pour cette première adaptation d’un jeu Blizzard. Avis aux fans : foncez !
Tout d’abord, il s’agit de replacer la saga vidéoludique Warcraft pour les néophytes du genre. Lancée par l’entreprise américaine Blizzard en 1994, cette licence fut à son commencement un jeu de stratégie en temps réel. Chaque joueur contrôle une armée qu’il doit gérer, avec ses ressources ou ses batailles. Après trois fournées différentes, à l’orée 2005 en Europe, débarque World of Warcraft, petite plongée insouciante du studio dans le monde des jeux de rôles online : un monde connecté et permanent où se côtoient les joueurs, unissant leurs forces pour différentes quêtes d’envergures. Le succès est total et bien au delà des espérances : plus de treize millions de joueurs inscrits au pic de popularité du jeu. Il devenait alors intéressant d’envisager une adaptation au cinéma.
Après un parcours chaotique du projet, qui devait à l’origine tomber dans les mains de Sam Raimi, des retards et beaucoup de travail, voici enfin cette adaptation du premier jeu, celui de 1994. L’intrigue nous raconte l’histoire de la rencontre entre les nobles Humains et les Orcs plus sauvage. Alors que la terre d’accueil de nos charmantes peaux vertes (et brunes) est menacée de destruction, Gul’dan, puissant mage puisant sa force dans la magie gangrenée, décide de leur faire franchir un portail de téléportation et de les emmener sur une nouvelle contrée. Pas de chance, entre un magicien qui ne rêve que du pouvoir, des clans orcs déchirés et des humains bien décidés à ne pas laisser cette menace s’installer, le combat semble inévitable.
Des dizaines de millions de joueurs sont dans les starting-blocks, prêts à se ruer sur ce long-métrage. Et j’en fais partie. Pendant des années, j’ai « perdu » de nombreuses heures sur cette licence, d’abord en stratégie puis dans le monde de « WoW ». Et dire que nous attendions ce film au tournant est un euphémisme. L’univers mis en place durant plus de vingt ans par les artistes du studio est phénoménal, riche, rempli de personnages, de contes et de légendes, d’ennemis affreux ou de gentils compagnons, des plages de sable fin aux montagnes enneigées. A titre de comparaison, le jeu en ligne assorti de ses extensions dispose d’autant de lignes écrites (quêtes, dialogues, histoire) que… douze fois la trilogie du Seigneur des Anneaux !
Cessons cette –longue- introduction pour finalement nous plonger dans ce qui nous intéresse vraiment, le film. Car il va diviser, non pas les fans, mais bien à cause de l’attachement que le spectateur doit avoir au préalable pour cet univers. Comme dit précédemment, ce monde est vaste, peuplé de créatures étranges et de lieux inconnus. Et ça, le néophyte qui pense voir un banal film d’héroïc-fantasy, il ne le sait pas forcément. L’histoire contée dans ce premier volet est cruciale, car il s’agit ni plus ni moins que du point de départ total de la série, mais dispose d’énormément de fondations à placer. Les nombreux personnages, clairement définis et établis pour les joueurs, ne pourront évidemment pas disposer d’autant d’exposition sur un film de deux heures. Certains spectateurs pourront donc être perdu entre les clans orcs, les mages, les différents endroits du monde présentés brièvement, ou des références parfaites mais hors de leurs connaissances.
Duncan Jones l’a dit lors d’une session d’interview, il a joué au jeu et voulait lui rendre hommage. Objectif atteint, car les fans vont sans doute prendre leur pied. On retrouve sur grand écran l’univers et les héros qui nous ont fait rêver. Malgré un côté lisse dans les décors, ou des effets visuels parfois ratés, on ne peut qu’applaudir la fidélité au matériel original. Les Orcs sont criants de vérité, la magie est superbement rendue et on ne compte plus les clins d’œil au jeu et à la série, comme le Murloc ou quelques sorts précis (la métamorphose !). On appréciera le détour par Forgefer, ou la Forêt d’Elwynn, des lieux communs pour une frange de joueurs, ou même la gestion des langues orc et humaine qui sont plutôt réussies.
Cependant, le film n’est, évidemment, pas parfait. On notera des problèmes de rythme, qui hachent vraiment l’action entre deux scènes plus brutales, ou encore des musiques anecdotiques quand on connaît les magnifiques envolées musicales que nous propose la série. Ce long-métrage se place vraiment comme un produit fait par des fans, pour des fans mais qui ne fait pas l’erreur de vouloir élargir massivement son public, en simplifiant la chose à son maximum, comme c’est souvent le cas en adaptant un jeu vidéo. Celle-ci semble plus être un cadeau fait au fan qui peut sommeiller en chacun de nous qu’un véritable produit dérivé à l’intention d’un public totalement néophyte. Il s’agit malgré tout d’une des meilleures adaptations de jeux vidéo sur grand écran. En amateur que je suis, j’ai savouré l’expérience attendue depuis trop longtemps, et j’ai été vraiment ravi par la fidélité de l’œuvre. Mais que celui qui décide de s’y aventurer sans connaissance préalable soit prévenu, il risque de ne pas pleinement apprécier son voyage vers Azeroth.
Warcraft : Le commencement
De Duncan Jones
Avec Travis Fimmel, Paula Patton, Ben Foster, Toby Kebbell
Universal Pictures
Sortie le 25/05