Rencontre avec Maryke Oosterhoff, co-directrice du Vevey International Funny Film Festival (VIFFF) qui aura lieu à Vevey du 30 octobre au 1er novembre 2015. Venez nombreux accueillir ce nouveau festival placé sous le signe du rire, l’état actuel du monde en a bien besoin… ! La ville de Chaplin étant l’endroit rêvé pour cette manifestation…
– Racontez-nous la genèse de ce nouveau festival et comment vous est venue l’idée d’un festival de films comiques ?
Avec Loïs de Goumoëns (avec qui je codirige le festival), on trouvait que les films usants de ressorts comiques étaient souvent mis de côté dans les festivals, qui préfèrent plus volontiers les drames. Réaliser un film drôle est pourtant un exercice extrêmement difficile. On avait envie de valoriser ce type de productions et de montrer qu’on peut dire beaucoup de choses par ce biais-là aussi, qu’il n’y a pas « l’art » d’un côté et « les blagues » de l’autre. Notre volonté est également de réunir à travers un humour cinéphile acharné, les spectateurs et spectatrices plus occasionnels.
– Pourquoi avoir choisi Vevey comme cadre de votre festival ?
En plus de son statut reconnu de « Ville d’Images », il y a ici l’empreinte de Charlie Chaplin, qui a vécu avec sa famille au Manoir de Ban à Corsier-sur-Vevey. Pour nous, son art représente un idéal, notamment dans son utilisation d’un comique passant aussi bien par le corps que par la mise en scène ou l’écriture. Il savait être à la fois touchant, intelligent, engagé, drôle et populaire. Nous lui rendrons hommage en projetant cette année « Les Lumières de la Ville » (1931). Pour notre plus grand plaisir sa petite fille, l’artiste peintre Laura Chaplin, est d’ailleurs Présidente d’honneur du VIFFF.
Sinon, pour l’histoire, une fois le projet lancé, on s’est aperçu qu’un festival du film de comédie avait déjà existé à Vevey entre 1981 et 1999 ! Il est ensuite devenu l’actuel Festival Images. La dernière raison, c’est que cette ville est magnifique, avec une vue de rêve sur le lac et les montagnes ! Le VIFFF aura lieu en plein cœur de Vevey puisque les films seront projetés dans les salles du cinéma Cinérive et que l’accueil et le bar du festival seront situés au Reflet – Théâtre de Vevey.
– Comment se déroule l’organisation d’un tel festival et combien de personnes sont impliquées ?
Une fois la décision prise de créer ce festival, nous avons réunis une quinzaine d’amis intéressés par le projet et, ensemble, créé une association (l’AVIFFF). Ce sont pour la plupart des personnes avec qui nous avions étudié Histoire et Esthétique du Cinéma à l’Université de Lausanne, et qui travaillent à présent dans l’industrie du cinéma ou de l’événementiel. Nous avons ensuite réparti le travail, créé un comité de sélection pour visionner les films, puis pour faire des demandes de fonds, gérer la communication, etc. Comme c’est la première édition, il y a beaucoup à mettre en place. Pourtant c’est très motivant et assez fou de pouvoir créer tous ensemble notre « bébé ».
– Pouvez-vous déjà nous dévoiler un peu le programme (compétition internationale, des pays qui seront à l’honneur) ?
Pour les cinq films en compétition, nous sommes attentifs au fait de représenter une diversité à la fois dans les provenances et les styles. Satire, documentaire, comédie romantique, etc. : on s’octroie la liberté de s’intéresser à tout, même si l’étiquette comédie n’y est pas apposée. L’humour peut traverser tous les genres. On privilégie aussi des films qui ne bénéficieront pas d’une sortie traditionnelle en salle.
À côté de la Compétition Internationale et des films d’ouverture et clôture, nous aurons également un programme de courts métrages internationaux et deux projections nocturnes : « Dyke Hard », une comédie underground suédoise déjantée, et des extraits de nanars, préparés par l’association Nanaratomik. Il y aura également une conférence au Café Littéraire sur les origines du comique au cinéma dans les années1900-1920, et quelques projections scolaires.
. Il y aussi un Focus de quatre films…
Cette année, ce sera une rétrospective du danois Anders Thomas Jensen : « Flickering Lights » (2000), « Les Bouchers Verts » (2003), « Adam’s Apples » (2005) et son tout récent « Men & Chicken » (2015), non diffusé dans les salles romandes. En Scandinavie, il y a vraiment des choses très intéressantes en comédie. Ce réalisateur et scénariste use d’un humour noir et corrosif qui questionne notre humanité, nos normes, notre morale. Il travaille toujours avec la même bande de comédiens, absolument hilarants, dont Mads Mikkelsen, souvent méconnaissable.
– Qui composera le premier jury ?
Le Jury sera présidé par Thierry Romanens, chanteur, humoriste et comédien établi à Vevey et comptera aussi la productrice Elena Tatti (Box Productions) et Thierry Jobin, l’actuel directeur du FIFF (le Festival International du Film de Fribourg, où il avait par ailleurs mis des comédies à l’honneur) et ancien critique au journal Le Temps. On admire beaucoup leur travail et on est très honorés qu’ils aient accepté de faire partie de ce jury.
– Est-il difficile de monter un festival comme le vôtre en Suisse Romande, sachant qu’il y a beaucoup de festivals de cinéma tout au long de l’année dans la région ?
On verra ça à l’heure de tirer le bilan de cette première édition mais pour le moment l’idée semble susciter beaucoup d’enthousiasme ! Le fait que le VIFFF ait une ligne artistique claire aide par ailleurs à avoir une identité qui nous est propre, à ne pas être juste un festival de plus. Et puis, davantage de festivals et, plus globalement, davantage de culture, ça crée de nouvelles habitudes spectatorielles et de la curiosité. Mais on a bien sûr fait attention à choisir des dates auxquelles il n’y a pas d’autres festivals dans la région. Cependant, comme c’est notre première édition, notre budget est effectivement modeste (d’ailleurs : on a une campagne de financement participatif en cours sur wemakeit.ch) et nous avons fait le choix de commencer « petit » (en terme de nombre de films et non de qualité, bien sûr !).
– A quelques semaines du coup d’envoi, pensez-vous déjà à l’avenir, vos envies, ambitions ?
Là tout de suite, on pense surtout à mener à bien cette première édition ! Mais on est confiants. Bien sûr nous avons envie de continuer et de pouvoir, à terme, proposer plus de projections et événements au public, entre autres développer les rétrospectives, que cela soit par auteur, pays ou thème. Il y a tellement à montrer et faire (re)découvrir ! Je pense que l’on a déjà assez d’idées pour les 15 prochaines années !
Le Programme en résumé: 16 projections, 12 pays représentés et 3 premières suisses
Focus Anders Thomas Jensen (4 films) :
Flickering Lights
Les Bouchers Verts
Adam’s Apple
Men and Chicken
Compétition Internationale (5 films) :
For Some Inexplicable Reason, Gábor Reisz (Hongrie, 2014)
Makeup Room, Kei Morikaw (Japon, 2015)
Gaz De France, Benoit Forgeard (France, 2015)
God Save Justin Trudeau, Guylaine Maroist, Eric Ruel (Canada, 2015)
The Yes Men Are Revolting, Andy Bichlbaum, Mike Bonanno, Laura Nix, (Pays-Bas, Danemark, France, Allemagne, USA)
Nocturnes (3 films) :
Dyke Hard, Bitte Andersson (Suède, 2014)
Extraits de nanars préparés par l’association Nanaratomik
What We Do In The Shadows, Jemaine Clement, Taiki Waititi (NZ, 2014)
Hommage à Charlie Chaplin :
City Lights
Film d’Ouverture :
St-Vincent, Theodore Melfi (USA, 2014)
Film de Clôture :
Guibord s’en va-t-en guerre, Philippe Falardeau (Canada, 2015)
Courts métrages :
Killed in the Field 20’42 » (Suisse)
Lucha Libre 12’05 » (Belgique)
Tempête sur Anorak 13’27 » (France)
Fluffer 8′(France)
Space Roger 10′(Suisse)
Zombie 9′ (Argentine)
José 11’24 » (Belgique)