Lors de la Seconde Guerre mondiale, un partisan se bat, dans le Nord de l’Italie contre les fascistes. Les frères Taviani reviennent avec un long-métrage fort mais aussi incomplet. On devine beaucoup de choses, mais pas tout…
On est en automne 1943, Milton, un jeune italien se bat dans les collines piémontaises des Langhe, contre les fascistes. Le fusil, en bandoulière, ce partisan parcourt de nombreux kilomètres dans la montagne brumeuse et inhospitalière pour aider les gens de sa région, mais aussi pour sauver sa peau.
Les combats se faisant moins fréquents, il trouve un peu de temps pour se reposer et se remémorer les moments agréables passés aux côtés de « Fulvia », une jeune turinoise, ayant vécu quelque temps dans le domaine familial.
Éperdument amoureux d’elle, il n’a jamais pu lui faire part de ses sentiments profonds, car celle-ci était plutôt attirée par Giorgio, l’ami d’enfance de notre héros, moins cultivé, mais plus séduisant que lui.
Lorsque Milton découvre que son ami a été capturé par les chemises noires de Mussolini, des milices sévissant dans la région, il entreprend de partir à sa recherche pour le faire libérer en espérant l’échanger contre un prisonnier ennemi.
Le partisan prend contact avec les différentes factions résistantes qui n’ont malheureusement, personne à lui donner (en temps de guerre, les rares soldats capturés étaient pour la plupart directement fusillés). Notre héros ne perd pas espoir et prend le risque de chasser sa proie lui-même, pour connaître enfin la vérité…
Les réalisateurs Paolo et Vittorio Taviani ont grandi dans un environnement politisé, foncièrement antifasciste. Créateurs d’un ciné-club à San Miniato, en Toscane, ils ont produit ensemble le court-métrage « San Miniato Luglio 44 », un documentaire dénonçant les bombardements allemands dans leur région natale. En 1967, les deux cinéastes ont réalisé leur première œuvre « I sovversivi ». Ce fut le début d’une succession de films qui les ont rendus de plus en plus célèbres en Italie.
En 1977, le film « Padre Padrone » leur octroie une renommée internationale, en remportant la Palme d’Or à Cannes. Cette consécration précède d’autres réussites telles que : « Il Prato », « La notte di San Lorenzo» et « Cesare deve morire », elles aussi primées dans les plus grands festivals.
Leur dernier film est non-seulement une critique virulente de la période fasciste en Italie, mais aussi un avertissement aux générations futures sur les dangers de ce régime et la nécessité de résister sans attendre. Cette création signe aussi la fin de la collaboration des deux frères. L’aîné, Vittorio Taviani, s’est malheureusement éteint à Rome en avril 2018, peu de temps après la sortie du film dans les salles transalpines.
Pendant plus de soixante ans, les deux frères ont imaginé, écrit et réalisé tous leurs films d’une manière intense. Ce sont des créations dans lesquelles la réalité et les rêves se fondent et où la résistance et l’espoir sont aussi bien des thèmes que des inspirations.
« Una questione privata » est un film dramatique qui ne laisse pas de répit au spectateur. Le danger est omniprésent et la tension augmente au fil des minutes.
Pourtant cette histoire qui parait banale manque cruellement de détails permettant au cinéphile de se retrouver. On se questionne constamment sur les réelles motivations d’un homme à récupérer un ami coûte que coûte quitte à perdre la vie. Leurs relations avec Fulvia sont elles aussi très floues.
Les acteurs excellent dans l’expression de leurs visages, mais leur performance reste assez modeste. Les décors sont basiques et les paysages déprimants.
On retiendra du film, la sinistre période fasciste italienne rarement abordée au cinéma et la mélodie de Judy Garland « Somewhere over the rainbow » qui accompagne à répétition, les trop rares scènes romantiques du film.
«Una questione privata» a été nommée «Masters» lors de la 42ème édition du Festival International du film de Toronto.
Una questione privata
IT – 2017 – 85 Min. – War
Réalisateur: Paolo Taviani
Acteur: Lorenzo Richelmy, Valentina Bellè, Luca Marinelli, Alessandro Sperduti, Guglielmo Favilla, Francesca Agostini, Anna Ferruzzo, Luca Cesa, Francesco Turbanti, Tommaso Maria Neri
Trigon Film
06.06.2018 au cinéma