En vacances à Marrakech avec sa femme Gail, Perry, quarantenaire londonien sans histoire, fait la rencontre improbable de Dima. Quelques discussions amicales les lient rapidement et Dima lui confie être un mafieux russe haut placé dont la vie et la famille sont menacées par sa propre mafia. Croyant tenir en Perry quelqu’un de fiable, le russe lui remet une clé USB qu’il doit transmettre au MI6 dès son retour à Londres. S’entame alors une enquête où se mêlent banque frauduleuse, ministre corrompu et mafieux.
Exploitant l’éternel scénario du monsieur Tout-le-monde impliqué dans une affaire qui le dépasse, le film déploie allègrement toutes les ruses et les rebondissements inhérents à ce type de thriller, tant et si bien qu’aucune tension ne traverse l’œuvre. Pire, le film passe à côté des enjeux fondamentaux d’un tel récit, dont le parangon serait peut-être « L’homme qui en savait trop » d’Hitchcock. En effet, loin de développer l’opposition entre la banalité quotidienne de Perry et la gravité de l’affaire dans laquelle il est catapulté, « Un traître idéal » y insère son personnage principal sereinement, comme la simple pièce d’un mécanisme trop bien huilé. Dès lors, tout s’imbrique sans accroc et le film déroule sa narration, certes maîtrisée, mais dépourvue de tout suspens, jusqu’à un dénouement inoffensif, bien éloigné du pessimisme global qu’il tente d’approcher.
Synthèse parfaite du film, l’image se voudrait cruelle et troublante mais n’est qu’un assemblage bien lisse de plans trop léchés pour transmettre la moindre émotion. L’ensemble ne survit finalement, que grâce à la sympathie évidente du quatuor d’acteurs principaux.
Un traître idéal
De Susanna White
Avec Ewan McGregor, Naomie Harris, Stellan Skarsgård
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