Si le 2 février correspond à la Chandeleur en Europe, cette date est le jour de la marmotte en Amérique du Nord. Peu connue ici, la célébration est grandement associée au film « Un jour sans fin », sorti en 1993. Retour sur un classique cultissime de presque 30 ans qui n’a pas pris une ride.
Imaginez que vous vous réveilliez chaque jour en vivant exactement le même jour que la veille. Par cela, je veux dire exactement pareil en tous points, et pas simplement que vos journées se ressemblent toutes, comme cela peut nous arriver à tous… C’est la situation dans laquelle se retrouve Phil Connors, interprété par Bill Murray, qui va devoir trouver un moyen de ne pas revivre le 2 février en boucle jusqu’à la fin de ses jours.
Présentateur météo pour une chaîne de télé, Phil n’est pas ce qu’on pourrait appeler un homme altruiste et généreux : il est certes charmant (comme peut l’être un personnage de Bill Murray), mais profondément narcissique, arrogant, égoïste et opportuniste. Mais on l’aime bien quand même, parce qu’il est drôle, son air désabusé le rend attachant et c’est Bill Murray après tout. Forcé d’aller à Punxsutawney en Pennsylvanie avec sa productrice Rita Hanson (jouée par Andie MacDowell) pour couvrir médiatiquement le jour de la marmotte (« Groundhog Day » en Anglais), où les habitants de la petite ville se réunissent pour voir si une marmotte (du nom de Phil, soit dit en passant) se réveillera ou restera en hibernation. Si elle se réveille, fin de l’hiver, si elle reste endormie, le froid n’est pas prêt de partir. Phil (l’humain, pas la marmotte) croit pouvoir partir à la fin de cette journée et retourner à sa vie de citadin dédaigneux de tant de folklore, mais c’est là qu’il se retrouve bloqué en boucle, et personne ne semble vivre la même chose…
Avec Harold Ramis à la réalisation, « Un jour sans fin » est un des films à voir absolument des années 90. Le nom Harold Ramis ne vous dit sûrement pas grand-chose, mais si je vous dis « le grand à lunettes » des « SOS Fantômes », je suis sûre que vous voyez. Cantonné aux rôles de « l’intello sérieux » dans les films dans lesquels il a joué, Ramis était pourtant un homme plein de joie, de rires et le réalisateur et/ou scénariste de beaucoup de comédies aujourd’hui cultes, comme « Le Golf en folie » (1980), « Bonjour les vacances » (1983), les « Mafia Blues » (1999 et 2002) et les premiers « SOS Fantômes » (1984 et 1989) où il partage l’écriture du scénario avec son ami de toujours, Dan Aykroyd.
Bill Murray est à l’apogée de son art : désabusé, cynique, avec un air qui donne tout le temps l’impression qu’il en sait plus que tout le monde tout en manquant de connexion avec la réalité et d’empathie pour les gens qu’il ne considère pas à son niveau. Et même avec tant de traits habituellement détestables, il parvient toujours à rendre ses personnages drôles, attachants et il imprègne toujours les films dans lesquels il joue de sa « Murray touch », par manque d’autres mots, une touche qui rend instantanément chaque film plus mémorable. Paradoxalement, alors que le film est une comédie, il ouvrit gentiment les portes à Murray vers des rôles plus sérieux auxquels il se consacra durant la deuxième moitié de sa carrière comme « Lost in Translation » (2003), ses différents rôles dans des films de Wes Anderson ou encore « St. Vincent » (2014). Le film est un parfait mélange entre l’humour de Ramis et les penchants plus philosophiques de Murray de l’époque : une comédie qui fait rire, mais qui apporte également des émotions et une réflexion.
En cette froide journée de février, je vous invite donc à combiner les deux fêtes : mangez des crêpes en regardant ce film culte des années 90. « Un jour sans fin » a peut-être presque 30 ans, mais son humour, son charme, ses réflexions subtilement intelligentes et son écriture impeccable en font un film à découvrir ou à redécouvrir dont on ne se lassera jamais.
Un jour sans fin
USA – 1993 – 101 min
Réalisé par Harold Ramis
Avec Bill Murray, Andie MacDowell, Chris Eliott
Columbia Pictures