Alerte ! Un méchant Darth Vader turc au masque en osier hérissé de piquants a décidé d’envahir la galaxie et se livre à une guerre des étoiles sans pitié et surtout sans aucun respect pour la propriété intellectuelle ! C’est George Lucas qui a dû être content quand il a vu que la partie space opera du film n’était constituée que d’extraits de « Star Wars » montés en boucle ! Heureusement, deux héros, dont la star Cüneyt Arkin (« Ninja la castagne », « Les trois Supermen contre le Parrain », « Lionman » : le Alain Delon du Bosphore quoi), s’opposent à l’armée intergalactique du Grand Vilain, essayant tant bien que mal d’avoir l’air convaincus devant leurs incrustations foireuses.
LA GUERRE DU COPYRIGHT
Hélas pour eux, nos héros se crashent sur une planète inconnue ressemblant étonnamment à un flanc de montagne érodé. Progressant péniblement, les deux gentils aperçoivent soudain les vestiges d’une antique civilisation constituées pêle-mêle d’images de la pyramide de Gizeh et d’une église byzantine. A peine remis de leur surprise, ils sont attaqués par une bande de méchants squelettes à cheval. S’ensuit la bagarre inévitable aux raccords hasardeux, qui voit Cüneyt zigouiller des tas de méchants en accéléré comme dans Benny Hill (mais sur la musique d’ « Indiana Jones » !), se payant le luxe de décapiter quelques mannequins en mousse au passage ou d’envoyer des coups de poings vers l’objectif de la caméra, une bonne idée qu’on trouve dans de nombreux nanars et qui donne systématiquement un résultat foireux.
Malgré leur victoire éclatante sur les squelettes en mousse de l’empire du mal, Cuneyt et son collègue sont bientôt capturés par des robots à épaulettes, armés de fusil laser dont les rayons sont obtenus en grattant la pelloche au scalpel. Nos héros sont conduits dans des maisons troglodytes où s’entassent les esclaves humains que le maudit empire de la force obscure et ses armées de sbires aux looks un brin kitch retiennent sous leur joug.
A partir de là, le plan est simple : Arkin va mettre la pâtée à une kyrielle de méchants contre lesquels même X-Or, le shérif de l’espace, refuserait de se battre tellement ils sont laids : momies en PQ, monstres en peluche auxquels notre héros coupe les bras griffus pour les leurs planter dans la carotide, diablotins hideux ornés de masques de carnaval fait main (et ça se voit !), robots caoutchouteux qui clignotent de la tête, etc.
NANAR INDÉPASSABLE
Le tout est filmé à l’arrache et monté n’importe comment, parsemé d’idées biscornues d’une nanardise à toute épreuve, telles les scènes d’entraînement du héros, bondissant sur des trampolines hors-champ, se frappant les mains sur un rocher pour s’endurcir les os ou bien encore faisant du jogging avec des pierres en carton-pâte attachées aux chevilles (un grand moment !).
Devenu la tête de turc de l’empire du mal, Cüneyt voit fondre sur lui des armées de craignos monsters qu’il parvient à repousser avec une arme absolue, un glaive en bois terriblement moche. Puis vient le combat final avec Darc Vadür, expert dans l’art de la disparition subite et de l’explosion de bombinette (un véritable ninja d’outre-espace !). Cuneyt parvient à le feinter grâce à une astuce hallucinante : il dissout son épée en bois dans de l’eau chaude, se trempe les mains dans la mixture et devient invincible des mains grâce à une seyante paire de gants en glaive fondu. D’un atémi bien placé, il fend le Grand Méchant en deux dans le sens de la hauteur, l’effet spécial étant rendu par un cache noir placé sur l’objectif qui masque la moitié du visage du génie du mal. Tout simplement époustouflant !
Plagiat de tout et n’importe quoi, ce film est un véritable choc nanar qui enterre haut la main toutes les expériences bricolo-kitch du bis européen ou asiatique, Aussi moche qu’un space opéra d’Al Bradly, avec un art du stock shot d’une maîtrise comparable à celle de Godfrey Ho, gavé de monstres encore plus minables que dans les Kaiju les plus infâmes, ceci n’est pas un film, c’est une synthèse. Une sorte de nanar terminal quasiment insurpassable à découvrir de toute urgence pour qui s’intéresse de près ou de loin à l’univers des mauvaises bandes sympathiques.
[FM]
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