"Truman" : la mort, oui, mais la vie avant tout.

A la question « qu’est-ce qu’on ferait si on savait qu’on allait mourir prochainement ? », Cesc Gay, réalisateur de « Truman », privilégie la vie, l’amitié et surtout la dignité face à l’explosion d’émotions que pourraient amener des scènes surfaites proposées uniquement dans le but de tirer une larme aux spectateurs.

Julian (Ricardo Darín) reçoit la visite imprévue de Thomas (Javier Cámara), son vieil ami d’enfance. Thomas a pour mission de convaincre son ami de poursuivre sa chimiothérapie, mais il comprend très rapidement que Julian a fait son choix et qu’il ne reviendra pas en arrière. Thomas décide alors d’accompagner et de soutenir son ami dans les dernières démarches qu’il doit entreprendre avant de pouvoir mourir la conscience tranquille. Julian va devoir, entre autres, trouver un nouveau maître pour son chien Truman, qu’il considère comme son second fils.

Tous deux conscients qu’après ces quatre jours ensemble ils ne se reverront plus jamais, ils vont renouer l’amitié qui les reliait quand ils étaient plus jeunes. Julian étant en totale acceptation de son destin ne peut, toutefois, s’empêcher de laisser transparaître son mal-être profond ainsi que la peur d’abandonner ceux qu’il aime. Bien sûr que si on savait qu’on allait mourir prochainement, on aimerait probablement profiter de nos derniers moments en faisant des choses incroyables, mais la réalité de la vie est toute autre. Quand on sait qu’on va mourir et qu’on est encore suffisamment en bonne santé, deux choix s’offrent à nous : soit on fait n’importe quoi et on laisse nos proches s’occuper de la suite, soit on prépare au mieux notre après mort. Julian opte pour la seconde option.

Ricardo Darín est absolument fabuleux car, même dans les moments les plus heureux, on sent que son personnage ne peut totalement se défaire de la réalité des évènements : il va mourir et il aimerait partir de la façon la plus décente possible. Avec une interprétation tout en retenue, Ricardo Darín parvient à nous toucher au plus profond. Quant à Javier Cámara, il est parfait dans son interprétation de Thomas. Au jeu du « qui craquera le premier », Thomas décide de rester humble et de se tourner vers la vie pour affronter la mort annoncée de son ami. Grâce à ce soutien de chaque instant, Julian et lui vont faire de ces quatre jours les plus intenses de leur amitié.

Cesc Gay a su choisir des situations simples et fortes en symboles, tel que le choix de son cercueil par Julian. Les deux protagonistes vont donc faire face à de multiples évènements très durs psychologiquement avec un seul mot d’ordre : la dignité. « Truman » est un film sur la mort porté par des personnages attachants qui choisissent de parler de la vie tout en restant digne face aux terribles évènements qu’ils affrontent. Une très belle surprise et une nouvelle confirmation que le cinéma argentin fournit régulièrement d’excellents films.