Une jeune femme en quête de sens, abandonne sa vie urbaine pour traverser le désert Australien sur 3’200 km. Sa solitude sera troublée par Rick Smolan, un photographe du National Geographic qui couvre son expédition.
Le 9 avril 1977, Robyn Davidson, âgée de 27 ans, part à l’aventure en compagnie de son fidèle chien noir Diggity et de quatre chameaux apprivoisés nommés Bub, Zolly, Dookie et Goliath (ndlr : bon en fait ce sont des dromadaires, mais tout le monde confond, y compris le film, alors…). Elle s’est mise en tête de parcourir à pied 3’200 kilomètres (2’000 miles) à travers le désert australien. Son parcours commence au centre du pays à Alice Springs, d’où elle espère pouvoir rejoindre sans encombre l’Océan Indien à l’ouest. Plus qu’un effort physique, son parcours semé d’embûches sera pour elle une expérience unique et une découverte intérieure : seule, perdue dans le désert, elle prendra le temps de se remémorer son passé et de réfléchir sur son avenir.
Intéressé par cette femme hors du commun, Rick Smolan, un photographe du magazine National Geographic nous a légué un reportage photo de ce voyage extraordinaire. Durant plusieurs mois, il a suivi l’exploratrice à distance, lui donnant des rendez-vous sur la route pour que ses lecteurs puissent visualiser cette héroïne dans ce no man’s land…
Dans la première partie, nous voyons Robyn organiser son voyage. Désargentée et sans attache, elle travaille dans des ranchs pour pouvoir s’acheter des chameaux. Cette partie du film longue d’une trentaine de minutes met en place le scénario. Il n’y a pas trop de longueurs et c’est très informatif. Saviez-vous par exemple que l’Australie est le pays au monde comptant le plus de dromadaires ? Il y en a en tout, plus de 500’000, certains parlent même d’un million de bêtes sauvages ! Les animaux qui accompagnent Robyn sont les principaux acteurs de ce long-métrage, ils font partie intégrante du scénario.
La deuxième partie est la plus remarquable. Du point de vue des images, tout d’abord, le réalisateur nous offrant des plans splendides. Nous avons droit à des visions aériennes, des panoramas exceptionnels et quelques couchers de soleil de toute beauté. Mais aussi dans l’accélération de l’aventure : un peu comme Tom Hanks dans « Seul au monde », nous avons pitié pour cette aventurière qui souffre devant nos yeux. Le moindre imprévu nous chagrine et il règne une ambiance angoissante durant tout le trajet. L’actrice australienne, Mia Wasikowska, connue pour avoir tenu le premier rôle dans « Jane Eyre », « Crimson Peak » et « Madame Bovary », se révèle parfaite en aventurière et nous impressionne par son jeu intense. Un autre acteur de taille est présent en la personne d’Adam Driver,qui s’est fait remarquer récemment dans « While we’re Young », et surtout en interprétant Kylo Ren dans le dernier « Star Wars ». Son personnage de photoreporter atypique lui va parfaitement.
La musique participe à l’ambiance, les choix du compositeur Gareth Stevenson, qui a créé sa toute première bande originale sur ce long-métrage, donnent encore plus de poids aux images déjà très fortes.
Dans la même veine qu’ « Into the Wild » (2007), cette production est inspirée d’une histoire vraie. Elle porte le même titre que le roman de la baroudeuse publié en 1980 et qui a eu un succès planétaire. Les photos d’origine clôturent la séance et donne ce petit plus au film qui en fait quasiment un nouveau chef d’œuvre dans sa catégorie.
A noter enfin que le réalisateur a été nommé 4 fois à la Mostra de Venise en 2013 pour cette reconstitution (Lion d’Or, Grand Prix du Jury, Prix Fipresci et Prix Spécial du Jury). C’est finalement trois ans plus tard que nous pouvons enfin le découvrir en Suisse romande, et malheureusement uniquement au Cinérama Empire de Genève. Peut-être a-t-il dû traverser le désert australien avant de nous parvenir ?
Tracks
De John Curran
Avec Mia Wasikowska, Adam Driver
Ascot Elite Films
Sortie le 27/04
Notre avis: 4,5/5