Le titre indiquerait un film de plus aussi banal que sans intérêt, que même la présence de José Garcia n’aurait pas empêché d’être rangée dans le placard à côté de celles de Kad Merad. Cependant, l’approche divertissante et rafraichissante que proposent les deux réalisateurs montre que le cinéma français peut ne pas être uniquement une industrie à comédies répétitives au scénario plat.
« Tout Schuss » met en scène Maximilien, un auteur à succès qui vient de terminer son dernier livre « Trash », et sa fille Rosalie, élève de quinze ans qui subit les lubies étranges de son père. Leur relation est donc basée sur une amitié conflictuelle plutôt que sur une confiance père-fille. En effet, Max étant séparé de sa femme n’a que très peu élevé celle-ci, elle ayant trouvé son indépendance très jeune. Le spectateur suit donc l’évolution entre ces deux protagonistes. Malheureusement, le scénario retombe rapidement dans les clichés du genre. Malgré les tentatives d’exploiter l’intrigue à son maximum, les réalisateurs préfèrent concentrer l’attention du spectateur vers des éléments secondaires, comme la relation entre Rosalie et son petit ami.
L’univers de « Tout Schuss » décrit non seulement une relation père-fille compliquée mais aussi montre comment survivre lorsque l’on est en classe de neige. En effet, Max se voit dans l’obligation d’aller récupérer son document au camp de ski de sa fille. Celle-ci s’est emparée de sa clé USB contenant l’unique exemplaire du livre « Trash » pour le faire chanter. Ce thème est très exploité dans les comédies, de ce fait il est très difficile pour le spectateur de voir des scènes qui ne soient pas classiques ou surfaites. Cependant, « Tout Schuss » réussit partiellement à se distinguer, grâce à des dialogues souvent drôles et parfois innovants.
Le film aborde donc deux thématiques, celle de la relation entre un père et sa fille, mais aussi le changement de confort de Maximilien devant s’occuper d’adolescents à la place du moniteur attitré. Le spectateur peut donc s’identifier à certaines de ses situations et ressent donc de l’empathie pour le personnage, qui fait face à un sentiment qui lui est quasiment inconnu. Le personnage de Maximilien ne vit donc pas uniquement le chamboulement de la découverte de la paternité avec Rosalie, mais il comprend aussi les responsabilités qu’il doit tenir en tant qu’enseignant de ski. Il est vrai dans tous les cas, que celui-ci n’impose pas les mêmes limites à ses élèves; lui-même étant un éternel adolescent, mais il essaie de comprendre ces derniers et leur apprendre le ski pour réussir une compétition de ski-cross.
L’amitié et la solidarité sont deux thèmes majeurs du film, les deux réalisateurs soulignant volontiers qu’il leur était très important de montrer non seulement la complicité entre le père et la fille mais aussi entre les élèves. C’est ainsi qu’une des scènes majeures qui permet de mettre en valeur cette thématique et celle de la révolte des élèves dans l’affaire concernant le ski-cross, dès que Max a dû abandonner le gîte. Le mouvement de caméra en plongée sur les autres enseignants alors que les enfants se trouvent quasiment tous sur les tables, montre les liens qui ont été renforcés entre eux et le refus d’accepter une autorité qui ne soit pas celle de Max.
« Tout Schuss » veut aborder en un temps très court les amitiés et les relations familiales, tout en faisant rire. Malgré cette tentative relativement innovatrice, les problèmes de réalisation existent toujours. Il en reste un film divertissant, agréable à regarder les soirées d’hiver au chalet.
Tout Schuss
De François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard
Avec José Garcia, Manon Valentin, Melha Bedia
Dinifan