Contrairement à ses deux dernières réalisations, « The Whale » n’a pas été écrit par le grand cinéaste Darren Aronosky. Peut-être est-ce pour cela, que son récent film marque davantage dès le lancement de l’histoire. Intense et brutal, personne n’en ressortira indemne…
Charlie le sait et le sent, il s’enfonce toujours plus suite à ses graves problèmes de santé. Ce n’est pas sans raison, qu’en qualité d’enseignant à distance dans la langue de Shakespeare, il garde systématiquement sa webcam éteinte. Charlie vit en fait, reclus. Mais l’arrivée imprévue de Thomas chez lui, va bouleverser sa descente aux enfers. En outre, ce père de famille aux graves problèmes de santé, va remarquer que sa fille de 17 ans traverse son adolescence avec énormément de complications. Réalisant les destins qui croisent sa route, et au-delà de ces situations indésirables et peu agréables, Charlie espère faire une sorte d’expiation pour avancer et permettre à ses proches, d’évoluer, de calmer leurs blessures. Car finalement, tout doit changer d’une manière ou d’une autre…
En 2012 « The Whale », soit « La Baleine » en français, la pièce de théâtre de Samuel D. Hunter, se concrétisa. Si la majorité du personnel engagé dans le but la jouer se demandait quel en allait être le succès avec une histoire plutôt sombre et originale, la réussite arriva relativement vite et finalement, succéda 10 ans après, à une intense et incroyable transposition cinématographique.
Quelques années donc, après le lancement de cette pièce de théâtre, dont le synopsis se rapproche beaucoup du long-métrage, un cinéaste curieux de la découvrir, se rendit sur place : l’Américain Darren Aronofsky (« Mother! »).
Epoustouflé par l’intelligence de cette histoire, basée en grande partie sur le vécu du scénariste de la pièce susmentionnée, le cinéaste lui demanda comment bien faire afin de l’adapter sur grand écran. Le temps passa et tout commença à véritablement prendre forme, le jour où le metteur en scène repéra Brendan Fraser (« Collision ») en train de présenter à sa manière, une bande-annonce.
Suite à son choix de l’acteur, fort judicieux, et après s’être renseigné avec une grande partie des comédiens-iennes choisi-e-s et l’équipe technique ; auprès de plusieurs personnes concernées de près par l’obésité, le tournage pu commencer.
Ceci bien évidemment, avec une trame légèrement réécrite par Samuel D. Hunter pour entre autres, créer une atmosphère davantage lugubre et anxiogène. Afin qu’elle se ressente le mieux possible au travers des décors, mais surtout, par le biais des jeux d’acteurs et d’actrices.
A ce propos, « The « Whale » marque véritablement le grand retour de l’acteur Branden Fraser. Son investissement dans le rôle de « Charlie » se perçoit dès le départ. Entre ses prothèses d’une cinquantaine de kilos, sa palette d’émotions livrées de manière très naturelle et son travail appris par le biais de personnes en surpoids, son talent se remarque à chaque instant.
De plus, entre sa démarche, sa manière de parler et son habitation conçue pour un tel tournage, tout amène « The Whale » à un magnifique et dramatique chef d’œuvre social et profond.
Aux côtés de l’acteur en tête d’affiche, 2 comédiennes qui démontrent également à la perfection leur talent. Si l’engouement de la presse et d’une partie du public qui a déjà vu « The Whale », a tendance à plus le percevoir pour la jeune comédienne Sadie Sink (« Le Château de verre »), la meilleure performance revient sans hésitation à sa partenaire à l’écran, Hong Chau (« Le Menu »).
Pour arriver au statut d’actrice douée, la Vietnamienne a notamment étudié à l’université de Boston, dans la section cinématographique. Puis, elle a enchaîné au sein de différentes productions télévisuelles et dans le 7ème Art.
Avec la réalisation de Darren Aronofsky, elle se démarque davantage de ses collègues féminines grâce à son personnage impliqué à la fois, professionnellement, mais également personnellement. De ce fait, ses émotions jouées se perçoivent différemment, beaucoup plus intensément et humainement.
Si les derniers longs-métrages dudit cinéaste eurent moins de succès auprès des spectateurs-trices pour plusieurs raisons et notamment ses complexités scénaristiques, « The Whale » plaira davantage par rapport aux arguments évoqués et de nombreux autres encore.
Suite à cette découverte, il s’avérera presque impossible de ne pas se remettre en question, d’en ressortir indemne émotionnellement ou, de s’interpeller quant aux liens de l’être humain entre la nourriture, la grossophobie et ses maladies. Un chef d’œuvre bouleversant, profond et touchant.
The Whale
US – 2022
Durée: 1h57 min
Drame
Réalisateur: Darren Aronofsky
Avec: Brendan Fraser, Hong Chau, Sadie Sink, Ty Simpkins, Samantha Morton, Jacey Sink
Pathé Films Suisse
08.03.2023 au cinéma