Hirokazu Kore-eda, qui a souvent dépeint avec délicatesse les rapports filiaux, change de registre avec The Third Murder, drame dans lequel un ouvrier est inculpé pour un meurtre, dont on doute qu’il en soit réellement l’auteur.
Kore-eda, qui nous avait offert un éclairage poétique sur les relations père-fils dans Tel Père, Tel Fils, signe ici un thriller qui s’intéresse toujours aux liens familiaux, mais aussi au rapport à la vérité, thème servi par le cadre judiciaire du film.
Avocat cynique et blasé, Shigemori (Masaharu Fukuyama, le père distant de Tel Père, Tel Fils) accepte à contrecœur un cas qui ne l’enchante guère : défendre Misumi (Kôji Yakusho), un ouvrier accusé du meurtre et du vol de son patron, propriétaire de l’usine dans laquelle il travaille. Déjà condamné pour meurtre 30 ans auparavant, Misumi avait échappé de justesse à la peine de mort, grâce à la clémence d’un juge, qui n’est autre que le père de Shigemori. Ce dernier, animé essentiellement par l’envie de gagner le procès, se soucie peu de connaître la véritable histoire de son client. Délaissant la vérité, il préfère se concentrer sur une « stratégie judiciaire » qui lui permettrait de vaincre la partie adverse. Il en sera vite empêché par Misumi, qui se contredit toujours un peu plus au fil des entretiens avec son avocat. En souhaitant débrouiller les multiples pistes qui s’entremêlent dans cette affaire, Shigemori découvre des liens inattendus entre Misumi et la fille du propriétaire de l’usine, Sakie (Suzu Hirose, Notre petite sœur).
Comme à son habitude, Kore-eda brosse un portrait délicat des liens filiaux, dans un thriller qui s’attache moins à reconstituer une prétendue réalité, qu’à dépeindre, par touches légères, les mille entrelacs de l’expérience humaine.
The Third Murder (The Sandome no satsujin)
Japan – 2017 – 90 Min. – Drame/Policier
Réalisateur: Hirokazu Kore-eda
Avec Masaharu Fukuyama, Koji Yakusho, Isao Hashizume
Cineworx
11.04.2018 au cinéma