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mercredi, décembre 18, 2024
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« The Green Knight » : Une nouvelle manière de vivre les légendes arthuriennes

Etienne Rey
Etienne Rey
Travailler pour une salle de cinéma, comme journaliste pour des médias ou organiser des événements pour le 7e art, ma vie a toujours été organisée autour de ma passion: le cinéma.

Si vous aimez les films amples qui ne cherchent pas leur richesse dans l’opulence numérique, jetez un œil grand ouvert à « The Green Knight ».


Il est peu dire que David Lowery n’a jamais été très favorisé par le système et les critères de distribution de ses œuvres en Suisse. En gros, sur les 7 long-métrages qu’il a réalisés, 5 sont sortis en terre helvétique mais tous, de manière particulièrement discrète et chaotique ! Il s’est d’abord fait remarquer par « Ain’t them bodies saints » en 2013 avec Rooney Mara et Casey Affleck (sorti en Suisse romande uniquement), avant de revenir pour son plus grand succès public et son film le plus accessible : « Pete’s Dragon », convaincante relecture du classique éponyme de Disney sorti en 1977. Les choses se gâtent avec « A Ghost Story » (avec les mêmes interprètes cités plus haut mais au concept très audacieux. Un drap blanc posé sur un défunt ambulant qui hante la vie de son ex-femme en deuil…) qui passe très inaperçu. Alors que les rares cinémas qui l’ont mis à l’affiche (Le Bellevaux à Lausanne par exemple, toujours prompt à dénicher les meilleures œuvres du moment…) ne semblent pas avoir déçu leurs fidèles ! Enfin, le réalisateur propose en 2019 une curieuse virée « à la Bonnie and Clyde », cette fois interprétée par un Robert Redford et une Sissy Spacek vieillissants : « The Old Man and The Gun ». Résultat, aucune sortie romande…

Qu’adviendra-t-il alors de ce magnifique « Green Knight » ? Prévu pour le 29 juillet en Suisse allemande et même pas mentionné dans le catalogue des futures sorties romandes ! Apparemment, il faudra que les « Welsch » se déplacent jusqu’à la capitale pour profiter d’un cinéma plus exigeant… et gratifiant ! Car oui, « The Green Knight » est clairement une œuvre d’heroic fantasy qui se positionne au-dessus de bien d’autres, qui se mérite et qui exige d’abandonner quelques mauvais réflexes adoptés pour supporter les produits formatés. Car ici, pas de second degré. David Lowery embrasse le genre qu’il a choisi, va droit au but et fait confiance au récit qu’il adapte et à ses capacités de metteur en scène. Il a choisi l’épique, le grandiose et il s’y tient jusqu’au bout. Au point de décontenancer. Déjà, parce que l’histoire très « chevaleresque » à l’origine de « The Green Knight » n’est pas banale…

Le frivole Gauvin accepte le défi que lui lance un curieux chevalier aux traits très proches de celui d’un grand arbre centenaire : tenter de lui asséner un coup d’épée, plus ou moins blessant, bénin ou mortel et qui lui sera rendu en écho à la fin de l’année à venir. D’abord très détaché et peu conscient des conséquences de ses actes, Gauvin poursuit dans l’insouciance sa petite vie d’égaré. Mais à l’heure du châtiment annoncé, son oncle, le Roi Arthur, la somme de partir vers le danger, l’étrange et l’aventure pour parfaire sa quête. Gauvin s’y plonge…

… et le film bascule alors vers le récit mystique, le trip cinématographique et l’expérience sensorielle. David Lowery ne dévoile jamais la véritable nature des visions et expériences de son héros et le spectateur ne pourra jamais savoir s’il se trouve dans un monde magique ou s’il délire parce qu’il vient d’ingurgiter des champignons douteux (oui, oui, cette dernière formule fonctionne autant pour le personnage que pour le spectateur…) En tous les cas, cette aventure mystique est d’abord, pour le metteur en scène, une énorme opportunité de déployer son talent et d’offrir des images inoubliables. Tels des plans du nord de l’Angleterre sous son angle le plus brut et sauvage ainsi que des séquences étranges, portées par le talent des acteurs de renom venus soutenir cet audacieux projet.

Dev Patel en héros, Alicia Vikander dans un double rôle très ambiguë, Joel Edgerton en apparition presque irréelle, Sean Harris en roi Arthur à la voix d’un autre monde,… et toutes les autres trognes du film, tous semblent avoir bien compris le potentiel que leur interprétation peut ajouter à la singularité du film.

De toute manière, que ce soit pour le récit, les images, les acteurs, les innombrables trouvailles cinématographiques ou juste pour son étrange atmosphère, « The Green Knight » est clairement la perle de l’année et l’œuvre à ne pas rater en ce moment.

Même s’il faut prendre le risque de traverser La Sarine pour venir s’encanailler dans le côté le plus étrange et féérique du pays… La Suisse allemande !

The Green Knight
US/IRL – 2020 – Fantaisie médiévale
Réalisateur : David Lowery
Avec Dev Patel, Alicia Vikander, Sean Harris, Joel Edgerton, …
Ascot-Elite
18.08.2021 au cinéma

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1 COMMENTAIRE

  1. Merci pour ton article !

    Je l’ai vu hier soir et en effet je l’ai trouvé fascinant, de ce genre de films contemplatifs et dont on ne peut percer tous les mystères. Un peu comme Le Guerrier Silencieux !

    Vraiment dommage qu’on ait pas droits à ça dans nos salles plutôt que le Arthur sorti il y a quelques années qui reprend tous les codes foireux d’un blockbuster américain et qui en rajoute à l’écœurement

    Bel article, bien résumé et bien écrit !

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