Un homme part chasser dans une forêt qu’il croyait connaître. Mais son chien s’enfuit puis il perd son fusil. Dans ce labyrinthe s’installe alors une atmosphère hostile et étrange…
Dans ce qui semble être le Nord des Alpes-Maritimes, nous suivons le quotidien d’un vieil homme joué admirablement par Gérard Depardieu. Celui-ci se réveille de bon matin, il déjeune avec son chien puis part dans la forêt voisine. Une fois sa Mercedès Bluetec parquée à l’orée du bois, il installe ses panneaux de chasse. L’ambiance est lourde, une mélodie stridente jouée au piano et au violon nous accompagne et c’est dans cette atmosphère surnaturelle que commence l’histoire.
Vêtu d’un gilet orange fluo, la carabine à la main, l’homme sillonne les sentiers de la forêt, guettant chaque mouvement de branche. A ses côtés il y a son chien «Yoshi», un setter blanc et noir à long poils. Il randonnent tous deux à la recherche de gibier, mais rien n’apparaît. Pire encore, il semblerait que la zone connue se soit métamorphosée.
Notre chasseur ayant perdu ses repères, il commence à paniquer. La disparition subite de son chien fidèle puis de son fusil ne fait qu’accentuer son angoisse. Comment le héros de cette histoire va-t-il s’en sortir dans ce labyrinthe fait de troncs et de broussailles ?
Guillaume Nicloux signe ici un conte poétique original à la fois drôle, angoissant et fantastique. Ce film est né du désir du réalisateur de tourner un autre film avec Gérard Depardieu après le célèbre «Valley of love» sorti en 2015. Son scénario minimaliste est aussi la mise en images d’un rêve fait par le cinéaste, qui a voulu le mettre en scène et laisser aux spectateurs le soin d’en faire l’interprétation.
Très bien réalisé dans des décors naturels (de la forêt de Fontainebleau) d’une toute grande beauté, ce long-métrage est une excellente surprise. Sans artifices, il arrive à tenir en haleine le spectateur avec un scénario des plus simples.
Le comédien français, plus imposant que jamais et fidèle à cette magnifique impudeur qui fut sa signature tout au long de sa carrière, joue le jeu à fond, il est parfait dans son rôle de chasseur essoufflé et donne chair à cet abandon de soi quand le goût de la vie s’estompe chaque jour un peu plus.
Cette réalisation est une recherche mystique autour du thème de l’oubli et de la mort, comme le titre du film le laisse entendre sans grande ambiguïté. «The End» n’est pas sorti en salles. C’est le premier projet français réellement pensé et produit pour le e-Cinéma (budget modeste, exposition plus longue, vitesse d’exécution). Cette particularité n’a pas empêché le film de faire sensation à la 66ème Berlinale en février 2016, où il a été projeté en présence de l’acteur et du réalisateur.
Ce Blu-Ray est doté en bonus d’un reportage sur la présentation du film au Festival de Berlin (10 minutes), des entretiens avec Sylvie Pialat et Guillaume Nicloux (18 minutes) ainsi que la bande-annonce du film réalisée par l’iconoclaste cinéaste Gaspar Noé.
The End
(Drame fantastique français, durée: 78 minutes)
Réalisateur: Guillaume Nicloux
Produit par: Sylvie Pialat, Benoît Quainon, Cyril Colbeau-Justin & Jean-Baptiste Dupont
Avec: Gérard Depardieu (L‘homme), Audrey Bonnet (La jeune femme), Swann Arlaud (Le jeune homme), Xavier Beauvois (Le randonneur) & Didier Abot (Guy).
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