Une longue quête, faite de déceptions et d’imprévus qui se veulent des rebondissements narratifs mais frisent parfois la farce de mauvais aloi.
Le film d’Akin aborde le génocide arménien par les Turcs, en particulier l’épisode de la Marche de la Mort, un problème encore très douloureux, d’autant que la Turquie n’a toujours pas reconnu officiellement le génocide arménien et que ce terrible épisode historique reste négligé par le cinéma (hormis « Ararat » d’Atom Egoyan et « Mayrig » d’Henri Verneuil). Tahar Rahim interprète Nazareth, un forgeron chrétien arménien qui est arraché à sa femme et ses filles par les autorités ottomanes pour le soumettre à une conscription militaire, qui se révèle être du travail forcé. Traité en esclave, cet Arménien finit pas croiser des Turcs décents sur son chemin (l’ex-détenu censé lui trancher la gorge va faire semblant de l’exécuter). Nazareth est finalement pris en charge par un Syrien, fabricant de savon (une métaphore du traitement du génocide par les autorités ?), qui l’emmène, caché dans sa charrette, à Alep. Devenu muet, il se lance dans une recherche obsessionnelle de sa famille, un immense et éprouvant périple à travers Cuba, la Floride, Minneapolis et enfin le Dakota. Ce voyage contient bien peu de prétention historique ou politique, et guère plus de drame : une longue quête, faite de déceptions et d’imprévus qui se veulent des rebondissements narratifs mais frisent parfois la farce de mauvais aloi. Faith Akin, si pointilleux dans cette reconstitution académique, s’emmêle dans la gestion des langues : alors que chaque nationalité parle sa langue, seuls les Arméniens s’expriment tous en anglais (en roulant généreusement les ‘r’) ! Le propos est méritoire mais devient quelque peu simpliste dans la seconde partie aux États-Unis. Fatih Akin nous avait habitués à plus de nuances d’émotions et d’esprit dans ses films précédents.
The Cut
De Fatih Akin
Avec Tahar Rahim, George Georgiou, Akin Gazi
Pathé Films
Sortie le 28.01