Du 2 au 5 juin, le plus grand festival de films indépendants était de retour dans la capitale anglaise. L’occasion pour tous ceux qui n’avaient pas pu faire le voyage jusqu’à Park City en janvier de voir une partie des films sélectionnés cette année (Tallulah, Morris from America ou encore Indignation) ainsi que trois films qui marqué les éditions précédentes (Winter’s Bone, Blood Simple et The Usual Suspect). 11 fictions et documentaires mais aussi courts métrages, conférences, workshops et Q&A ont constitués cette mini version du festival américain.
Que voit-on sur cette photo ? Une femme de couleur à qui l’on donne la parole. L’esprit de cette édition est incarnée par cette photo : promouvoir la diversité.
Projetée lors de la conférence « Diversity as an Ethos », cette photo reflète bien l’essence du festival et de cette édition 2016 de s’opposer aux « #OscarSoWhite » en proposant au public des films d’auteurs de toutes origines et sexes confondus ainsi que des films autres que les blockbusters américains qui représentent aujourd’hui la majorité des films projetés en salle.
Même si le pourcentage est nettement plus élevé que celui de la célèbre cérémonie hollywoodienne – par dur, aucun des 20 acteurs sélectionnés n’était issu d’une minorité et depuis sa création que 1,22% des statuettes sont revenues à des afro-américains – il n’est pas encore complètement satisfaisant pour Keri Putnam, directrice executive au Sundance Institute
«les réalisatrices ne représentent que 17 % des fictions présentées au Sundance»
Présente sur le panel de la conférence traitent de la diversité en compagnie de Roger Ross Williams (réalisateur du magnifique Life, animated), Heather Rae (productrice), Effie Brown (productrice) et Claire Binns (directrice de la programmation du PictureHouse Central), elle fait en effet remarquer qu’il est plus difficile pour les femmes et pour les réalisateurs des minorités ethniques de trouver des financements « Dans les écoles de cinéma aux Etats-Unis, la différence entre homme et femme est plus ou moins 50/50 et pour ce qui en est des différences cultures, les écoles travaillent très dur sur ce point, mais à la sortie des écoles les statistiques chuter et quand il s’agit de trouver des financements, la différence se creuse alors très nettement.
Roger Ross Williams confirme, il connait bien ce problème : malgré avoir remporter l’Oscar du meilleur documentaire, catégorie court-métrage pour God loves Uganda, il peine encore à trouver de l’argent pour faire ses films « L’Oscar de m’a pas légitimé, le Sundance l’a fait». Pour lui le festival, mais surtout les lab (laboratoires de création) organisés tout au long de l’année par le Sundance Institute, sont les rendez-vous des réalisateurs indépendants « the lab changed my life ».
« Les portes sont ouvertes à tous, mais il ne suffi pas seulement de le dire il faut faire en sorte que les gens les sentent ouvertes ».
Pour Keri Putnam, il y a encore du chemin à parcourir, car la diversité au cinéma on en parlait déjà il y a 20 ans et aujourd’hui on en est toujours à se battre pour proposer des oeuvres différentes, engagées et provocantes. Mais avec des workshop, lab etc et en allant au contact des communautés locales, le Sundance Institute s’efforce à accueillir les jeunes talents et soutenir les minorités.
4 jours de festival et beaucoup d’événements, pas facile de choisir que voir ou qui écouter, mais qu’on assiste à une conférence ou qu’on regarde 10 films, on en ressort forcement l’esprit un peu plus ouvert et la tête pleine d’images. Merci au Sundance de nous apporter des films un peu plus « indie» et comme diraient les anglais « food for thoughts ».
Pour plus d’information, c’est sur Le Sundance Festival : Londres
2-5 juin 2016 – Picturehouse Central