Depuis « Super 8 », réalisé par Pascal Greco sur une musique de Kid Chocolat, Daily Movies suit ce réalisateur avec intérêt.
Après « Nowhere », sa deuxième balade contemplative sur une musique de Goodbye Ivan, et avant de clore cette trilogie avec un nouvel opus que l’on attend avec impatience, Pascal Greco s’associe cette fois à la danseuse Stefania Cazzato pour un nouveau poème visuel et sensoriel toujours contemplatif : « STUN ». Coréalisé avec Stefania Cazzato sur une musique de Goodbye Ivan, « STUN » est réellement… stupéfiant et sera présenté dans le cadre du Mapping Festival au Temple de St-Gervais à Genève les 13 et 14 mai prochain ! Entretien croisé avec les concepteurs de ce projet.
– Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est née l’envie de faire « STUN » ?
– Pascal : Nous nous sommes rencontrés dans un studio de danse. Nous avons de suite échangé sur notre travail et sur nos envies. L’univers de l’un attirant l’univers de l’autre, l’envie de réaliser un film ensemble a vite fait place à un besoin plus concret. « STUN » s’est construit au fur et à mesure de nos échanges. Nous voulions réaliser un film atypique.
– Quel est l’apport de chacun dans le projet ?
– Nous sommes complémentaires l’un pour l’autre de par nos compétences. Nos envies lorsque nous nous sommes rencontrés, étaient convergentes. Stefania souhaitait réaliser un film mettant en scène l’humain en mouvement et moi je me sentais prêt à filmer l’humain, qui jusqu’alors n’apparaît que très rarement dans ses précédents films.
– Pouvez-vous nous expliquer comment s’est déroulée la conception du film, du projet au tournage, en passant par la musique et le montage ?
– La conception de « STUN » est une longue histoire, teintée de passion, de douleur, de surprise, mais c’est surtout le résultat d’un lien… Nous avons tourné en Islande et à Hong Kong, où nous nous sommes rendus à deux reprises. Nous aimons beaucoup ces deux lieux, aux ambiances et paysages complètement différents, et diamétralement opposés sur beaucoup de plans. Nous les avons réunis dans « STUN » en confrontant l’immensité, la densité, le béton, la nature, la lumière artificielle, les paysages bruts, et leurs forces, sans aucune présence humaine à l’image hormis notre personnage. Concernant le montage du film nous nous concertions et nous nous répartissions des parties du film, Stefania ayant principalement monté celui-ci.
– Stefania Cazzato, comment vous est venue l’envie de vous lancer dans la réalisation vidéo, qu’est que ce média vous apporte par rapport à la danse ?
– L’envie d’utiliser la vidéo pour m’exprimer m’est venue en assistant par hasard à la comédie musicale « Notre Dame de Paris », début 2000. Il y avait tellement de monde sur scène, entre les comédiens/chanteurs, danseurs et acrobates, que j’ai réalisé que les 3’000 autres personnes présentes dans le public ne regardaient et ne vivaient pas forcément la même chose que moi… Du coup pendant le spectacle, je rêvassais à de futurs projets vidéos dans lesquels j’emmènerais les gens là où je voudrais, et surtout avec les cadrages que je voudrais… et la musique que je voudrais… comme dans les films… Ce média m’apporte une accessibilité à un plus large public, ce qui, dans mes projets est une envie récurrente. A mon sens, il m’aide à rendre la danse plus accessible…
– Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Goodbye Ivan pour la musique et plus particulièrement comment l’utilisation de l’orgue c’est imposé à vous ?
– Pascal : Mis à part l’esthétique imposante et magnifique de cet instrument, nous aimons sa force et sa profondeur qui nous touche et qui nous a immédiatement fait écho par rapport à certaines images de « STUN ». C’était pour nous un défi que d’intégrer l’orgue au piano, au violon et aux sons électroniques pour la musique de notre film. Pour nous, Goodbye Ivan avait le talent pour relever ce challenge, qu’il a réalisé avec brio. Goodbye Ivan est un compositeur et multi-instrumentiste de talent. Sa musique est cinématographique, envoûtante et mélodieuse.
– Quelle est la thématique filmique et narrative de « STUN », ou est-ce laissé libre d’accès à chaque spectateur ?
– Il y a un fil rouge dans notre film et il y a l’histoire de ce personnage. Nous accompagnons le spectateur, mais nous ne le tenons pas par la main, afin qu’il s’évade et qu’il laisse libre cours à son imagination, à son interprétation. Le genre « contemplatif » était le format le plus adéquat à notre sens, et d’autant plus évident, car nous avons pris parti de tout filmer au ralenti, entre 100-200 images/secondes.
– Quelles ont été vos influences sur « STUN » ?
– Pour l’ambiance, le rythme et l’esthétique de l’image, ce sont les films de Wong Kar Wai, qui nous influencent et nous inspirent beaucoup. Pour la musique, c’est Hans Zimmer, qui a magnifiquement amené l’orgue comme instrument principal dans la B.O. du film « Interstellar », qui nous a donné envie de mettre de l’orgue dans la musique de « STUN ».
– Qu’en est-il de l’ultime volet de votre trilogie, après « Super 8 » et « Nowhere », avez-vous déjà quelque chose en cours ?
– Non pas pour l’instant, car je me suis investi et concentré sur STUN. Je développerai ce troisième opus le moment, je me laisse du temps.
– Stefania Cazzato, quels sont vos projets ? Maintenant que vous avez touché à la réalisation vidéo, allez-vous continuer dans cette direction en plus de la danse ?
– Je compte effectivement continuer à explorer la réalisation. En m’exprimant à travers les images, j’y trouve naturellement mon compte, c’est logique pour moi. L’image est un moyen de transmettre des émotions, qui m’inspire indéniablement et qui me permet d’intégrer des éléments qui me tiennent à cœur… La musique, le mouvement, et par-dessus tout l’humain…