Il n’est jamais agréable de dire du mal d’un film, car en grattant un peu on y trouve toujours quelque chose de bon. Malheureusement, le nouveau long-métrage de Thierry Klifa nous amène difficilement à l’appréciation positive. On est dans un trou et on peine à en sortir…
Louise, veuve d’un riche entrepreneur habite avec sa fille adulte dans une maison de maître située dans le Sud de la France. Cette femme courageuse, jongle difficilement entre responsabilités professionnelles et vie privée. Sa préoccupation majeure est la santé de Julia, sa fille gravement handicapée suite à un accident. Celle-ci n’est pas d’agréable compagnie. La jeune femme passe ses journées à se plaindre et fréquente tous les voyous des environs. Amoureuse de l’un d’entre eux elle l’invite régulièrement à domicile pour baiser et fumer des joints. Son comportement hors norme dérange sa mère qui est persuadée que l’idylle des deux jeunes n’a pour intérêt que l’argent. Elle décide donc de mettre un terme à cette relation en payant le loubard pour qu’il disparaisse…mais celui-ci en demande toujours plus !
La genèse de «Tout nous sépare» est à mettre en parallèle avec l’envie qu’avait Thierry Klifa d’écrire pour Catherine Deneuve, son actrice fétiche qui avait tourné sous sa direction dans «Les yeux de sa mère» et «Le héros de la famille». Le réalisateur a voulu faire cette fois-ci un film noir ancré dans la réalité actuelle, avec ce qu’elle a de violente et de triviale. Le scénario est basique: Une femme défend sa fille coûte que coûte contre des malfrats. Le but est de confronter deux mondes à la fois proches et complètement étanches.
En cosignant son film avec Cédric Anger a qui l’on doit «L’homme qu’on aimait trop» et «La prochaine fois je viserai le cœur», le jeune réalisateur passionné de films noirs américains des années 1950, a essayé d’explorer des territoires plus âpres et plus sombres, une certaine violence qu’il n’avait jamais traité auparavant.
C’est la noirceur du scénario de «Tout nous sépare», proche des vieux polars américains qu’elle affectionne aussi, qui a poussé Catherine Deneuve à prendre part au projet. Mais ce n’est pas la seule raison, la célèbre actrice a beaucoup aimé le personnage de Louise qu’elle devait interpréter. Elle a ce point commun avec elle d’être une femme à la fois forte et protectrice. Son héroïne est piégée par une situation inattendue qui va modifier la relation mère-fille.
Au casting mis a part la star française, nous trouvons le rappeur Nekfeu qui fait ses premiers pas au cinéma dans la peau de «Ben» un des personnages principaux de l’histoire. Pour se préparer, le chanteur a travaillé avec Nathalie Donini, une répétitrice qui lui a appris les bases du cinéma et qui l’a aidé à étudier son personnage.
L’actrice allemande Diane Kruger est aussi de la partie. Elle est plus ou moins crédible dans son rôle de fille perturbée. Son duo avec Catherine Deneuve ne tient, lui, pas toutes ses promesses. Très différentes l’une de l’autre, les deux actrices ne jouent pas très bien ensemble. Catherine Deneuve en fait trop. Ce style de film ne lui convient pas. Elle peine a se mettre dans la peau d’une mère à la fois agressive, triste et dégoûtée.
Ce long-métrage a été réalisé dans le département de l’Hérault entre Sète et Perpignan car la nature avait a jouer un rôle primordial dans cette histoire. On regrette pourtant cette décision car les banlieues n’en sont pas vraiment et la nature est plutôt déprimante.
Ce thriller à la française ne manque pas de dynamisme et de rebondissements, mais l’accumulation de scènes violentes et le langage utilisé dérange au bout d’un moment. On se lasse vite des nombreuses scènes de sexe et des chamailleries de banlieue. Le scénario est intéressant mais incomplet il amène constamment aux questionnements. C’est d’autant plus frustrant que certaines interrogations restent sans réponse à la fin de la projection.
- Réalisé par: Thierry Klifa
- Scénaristes: Cédric Anger & Thierry Klifa.
- Avec: Catherine Deneuve (Louise), Diane Kruger (Julia), Nekfeu (Ben), Nicolas Duvauchelle (Rodolphe)
- Production: My Family, TF1 audiovisuel, Parrot Productions, U Media, NJJ Entertainment & Jouror Films.