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mardi, novembre 19, 2024
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Sakari Kuosmanen et Sherwan Haji nous parlent de « L’autre côté de l’espoir »

Le réalisateur Aki Kaurismäki signe ici, peut-être, l’un de ses plus beaux films : récit humaniste et poétique à la fois, sur le sort réservé aux migrants dans son pays. De passage à Genève pour présenter le film au FIFDH 2017, nous avons profité de rencontrer les comédiens Sakari Kuosmanen et Sherwan Haji pour en savoir un peu plus sur « L’autre côté de l’espoir« .


Sakari Kuosmanen, à quel moment avez-vous été attaché à ce nouveau film d’Aki Kaurismaki pour incarner le business man Wilström ?
Sakari Kuosmanen : Il y a deux ans, quand Aki m’a dit que je devais me tenir prêt, car il était sur le point de commencer un nouveau film.

Vous avez collaboré plusieurs fois avec ce réalisateur. Comment vous a-t-il dirigé cette fois-ci ?
Sakari Kuosmanen : C’est simple, il place sa caméra en close-up et ordonne : Run camera, run ! Dans ce cas, quel autre choix avez-vous que de jouer ? Le style d’Aki veut que le jeu soit minimal. Donc, je dois avoir trois expressions de visage tout au plus dans ce film (rires). Après l’expérience de Juha (1999) où j’avais un rôle muet, je lui ai expressément demandé de me donner un rôle parlant. Un rôle où je pourrais parler et jouer un petit peu (rires). Comme il le dit souvent, les répliques sont comme des briques lancées sur le pavé. Je dirais que « L’autre côté de l’espoir » est son film où il m’a le plus dirigé, et en plus, nous n’avons pas bu une goutte d’alcool, ce qui a renforcé la rigueur qu’on a eue au tournage (rires).

Sherwan Haji, c’est votre premier rôle dans un film d’Aki Kaurismaki. Quand avez-vous entendu parler pour la première fois de son cinéma ?
Sherwan Haji : Cela remonte à mes années d’études à Damas, il y a environ sept ans. Je peux dire que ses films sont restés marquants pour moi. Son style, à la fois simple et sophistiqué, ne laisse personne indifférent. Ironie de l’histoire, j’ai rencontré une fille finlandaise – aujourd’hui, nous sommes mariés – qui, pour notre premier rendez-vous, a apporté Juha que Sakari mentionnait.

Comment avez-vous été approché pour jouer le rôle de Khaled ?
Sherwan Haji : Nous avons décidé, ma femme et moi, de vivre en Finlande. Pendant sept ans, faute d’opportunités, j’ai arrêté d’être comédien,… jusqu’au jour où, j’ai reçu un email pour le casting de « L’autre côté de l’espoir » ! Il était à la recherche d’un acteur du Moyen-Orient, de préférence d’origine syrienne. Évidement, j’ai tout de suite pensé qu’il s’agirait d’un film autour de la guerre et des réfugiés syriens, mais je n’avais aucune idée que le film était de Kaurismaki. J‘ai envoyé ma photo et mon CV sans grande conviction. Après plusieurs essais, on m’a annoncé la bonne nouvelle, et on m’a enfin dit que Aki allait être le réalisateur du film. C’était incroyable !

Qu’avez-vous en commun avec le personnage que vous incarnez ?
Sherwan Haji : Je le jure, je n’ai jamais traversé de frontière illégalement (rires). Blague mise à part, je suis conscient des problèmes auxquels nous faisons face en Syrie. Des membres de ma famille ont dû partir du pays pour échapper aux tueries. Peu de choix s’offrent à vous quand les bombes pleuvent. Il faut se battre, fuir ou mourir.

Dans le film, les costumes jouent un rôle important, ils renseignent sur les personnages, mais leur confèrent aussi une certaine dignité…
Sakari Kuosmanen : Mon costume était très important pour Aki, j’ai changé ma cravate au moins 500 fois. Pour chaque scène, tout devait être parfait.

Sherwan Haji : Je ne suis jamais intervenu dans ses choix, car, comme dit Sakari, il avait une idée précise de ce qu’il voulait. Je l’entends encore dire : « Je veux une jaquette vert-foncée, un T-shirt jaune poussin ! » Après tout, ce n’est pas le télé journal, un documentaire ou de la téléréalité… il s’agit de cinéma. Je pense également qu’Aki met le doigt sur un point que beaucoup de réalisateurs et de médias ne voient pas. Les réfugiés ne sont pas le cliché de gens sales et affamés qu’on nous sert à la télé. Une personne qui veut s’intégrer à une société fait des efforts pour s’adapter, non ? Quand on va rencontrer des gens pour la première fois, on revêt ses plus beaux vêtements. Khaled est un type ordinaire, mais devant les autorités et aussi pour se donner le plus de chance, il se montre sous son meilleur jour. Le gens qui tentent de trouver refuge dans un pays autre que le leur ont un passé, une famille, un métier, des rêves… Ce sont les circonstances qui les poussent à quitter leurs terres, sinon ils sont comme vous et moi.

La question que tout le monde se pose… Kaurismaki va-t-il terminer la trilogie sur les ports qu’il a commencée avec « Le Havre » ?
Sakari Kuosmanen : Dans un premier temps, j’espère qu’il va pouvoir se reposer. Nous allons pêcher ensemble cet été, et peut-être penser à la suite. Je n’ai pas la réponse, c’est sa décision. Mais comme beaucoup de gens, j’espère qu’il fera encore de nombreux films.

Sherwan Haji : Oui, j’espère que nous serons encore nombreux à croiser son chemin, en travaillant avec lui, ou en tant que spectateurs de ses films. Je n’ai eu aucune difficulté à comprendre cet homme, son humour. Il m’a aussi appris des choses sur la Finlande et le peuple finlandais que j’ignorais…  Pour tout cela, je lui en suis éternellement reconnaissant !

 

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