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mardi, novembre 19, 2024
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Rodin : pas vraiment un modèle !

Alain Baruh
Alain Baruh
Le cinéma est un lieu merveilleux, on y trouve de tout: des comédies (mon genre préféré), des films d'auteurs (que j'apprécie pour leur diversité), des documentaires plus ou moins passionnants, des blockbusters et d'autres types de films. Fan du cinéma français et des pays latins, j'en ai fait ma spécialité. Rédacteur depuis de nombreuses années, j'aime partager mes connaissances et découvertes. «Le cinéma est fait pour tous ceux dont la curiosité est le plus grand défaut» Claude Lelouch

Très décevante, cette création du réalisateur Jacques Doillon n’est pas très enrichissante. On passe en revue une partie de la vie du célèbre sculpteur uniquement à travers ses œuvres et ses relations intimes.

2017 marque l’année du 100e anniversaire de la mort d’Auguste Rodin, une année parfaite pour ce biopic, qui a fêté l’événement de fort belle manière, avec six nominations au Festival de Cannes.

La hiérarchie des matériaux, c’est l’or, le bronze, la pierre puis le bois et la terre. Rodin a inversé cette hiérarchie en y mettant la terre en premier. Il y a beaucoup de vie dans ses sculptures, l’artiste travaille généralement de mémoire pour que ses œuvres paraissent vivantes. C’est le cas du «monument à Balzac» une imposante statue de bronze réalisée entre 1891 et 1897 qui apparaît plusieurs fois dans le film. Vivement critiquée à l’époque, cette création représentant l’écrivain de «la Comédie Humaine» est considérée aujourd’hui comme l’une de ses plus belles réussites. 

Auguste Rodin est un homme au regard sinistre, doté d’une impressionnante barbe qui couvre à moitié son visage, il est la plupart du temps vêtu d’une longue blouse de travail. Le sculpteur se confie uniquement à son assistante Camille Claudel. Cette jeune femme est attirée par l’artiste. Collaboratrice, maîtresse et muse du sculpteur, la sœur de Paul Claudel exerce une certaine influence sur son maître. C’est elle qui lui a inspiré «L‘Éternelle idole»«Le Baiser» ainsi que «La Porte de l’Enfer», œuvre malheureusement inachevée. 

L’histoire débute à Paris en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’état. «La porte de l’Enfer» inspirée de la «Divine Comédie» de Dante trône au milieu de son atelier, entourée de statues représentant des femmes nues. L’artiste tourne autour de ses projets pour les améliorer sans cesse. À ses côtés nous trouvons Camille parfois joviale mais aussi souvent hystérique. Les dialogues murmurés sont quasi incompréhensibles. On a beau mettre le son au maximum pour comprendre les paroles, rien n’y fait. Vincent Lindon qui tient le premier rôle parle dans sa barbe. Pareil pour sa compagne et assistante jouée théâtralement par l’actrice Izïa Higelin. Leurs chuchoteries continuelles sont entrecoupées de hurlements passagers qui feront sursauter vos voisins.

Tournée durant le printemps 2016 à Chartres et à Meudon dans la vraie maison de Rodin, cette coproduction franco-belge nous fait découvrir les différentes pièces de ses habitations. Le grand Christ espagnol que l’on voit dans sa chambre était le sien. Pour le reste, le producteur et son équipe n’ont pas toujours pu utiliser les maquettes, trop fragiles, et les sculptures authentiques. Ils ont donc choisi de faire des reproductions par de très bons sculpteurs. Plusieurs pièces vues dans le film sont d’origine : la salle à manger, des éléments de l’atelier, ainsi que le lit de Rodin.

Ce fut une drôle de sensation pour «le team décoration» de faire revivre les lieux réellement investis par les personnages, fouler le même escalier, marcher sur le plancher, s’asseoir dans l’atelier et voir sa silhouette représentée par l’acteur français Vincent Lindon. Celui-ci n’est pas le premier à prêter ses traits au célèbre personnage, un autre grand acteur s’est précédemment glissé dans la peau de l’artiste. Gérard Depardieu l’a représenté en 1988 dans la fiction historique «Camille Claudel» de Bruno Nuytten.

Désordonné et peu dynamique ce nouveau long-métrage du réalisateur Jacques Doillon déçoit dès les premières minutes. Presque toutes les scènes de ce qui devait être en premier lieu un documentaire, sont filmées en intérieur. Très répétitives, elles n’instruisent guère le spectateur qui cherche constamment à situer l’action dans le temps. Les mélodies de fond sont sinistres à souhait et les décors sobres. On visionne des scènes amoureuses et des disputes conjugales deux heures durant, avant que l’histoire se termine en queue de poisson.

Rose Beuret, la robuste et peu attirante compagne de Rodin est assez bien interprétée par Séverine Caneele. Cette actrice, ex-ouvrière, n’a pas un grand palmarès à son actif. Elle a joué Domino dans «L‘Humanité» de Bruno Dumont, un rôle qui lui a valu le prix (controversé) d’interprétation féminine à Cannes en 1999. 

On retiendra de ce film quelques infos sur la manière de travailler de Rodin et ses sources d’inspiration comme les nuages, les arbres et les cathédrales (Chartres en particulier). Rien de plus… Malheureusement !

Ce Blu-Ray ne contient qu’un seul bonus: la Bande-Annonce en français.

  • Réalisateur, Dialoguiste & Scénariste: Jacques Doillon
  • Avec: Vincent Lindon (Auguste Rodin), Izïa Higelin (Camille Claudel), Séverine Caneele (Rose Beuret)
  • Production: Les Films du Lendemain, Artémis Productions, France 3 & Wild Bunch.
  • Distribution: Praesens Films
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