Pour cette 28ème édition, le public était au rendez-vous : pas moins de 37’000 festivaliers d’après les organisateurs ! J’ai d’ailleurs subi ce succès , n’ayant pas pu faute de place assister à la cérémonie d’ouverture ni à celle de clôture. Mais l’important reste les films… et il y avait de quoi faire !
C’est le sud-coréen Lee Sujin qui a remporté le Regard d’or avec son film « Han Gong-Ju », l’histoire troublante d’une jeune lycéenne qui, à la suite d’évènements tragiques, est repoussée par ses parents et contrainte d’habiter chez la maman de son professeur. C’est un film qui laisse des traces et qui avait déjà été récompensé en recevant l’Étoile d’or lors de la dernière édition du Festival international du film de Marrakech.
Autre séance marquante, celle de « Siddharth » qui m’a personnellement bouleversée et a été largement applaudi par le public dont plusieurs personnes n’ont pas caché leur larme. Après que le réalisateur Richie Mehata ait pris la parole pour expliquer que l’histoire de ce père qui cherche son fils disparu en Inde est tirée d’un fait réel et qu’il a lui-même rencontré ce père par hasard, le public est resté à longtemps à applaudir.
Un documentaire en sélection parallèle a retenu mon attention, il s’agit d’un premier film, « Ady Gasy », de Lova Nantenaina. Ce film fait la part belle aux petites gens de Madagascar (le secteur informel qui représente 90% de l’économie malgache), mettant en lumière leur ingéniosité pour créer des objets à partir de rien et en recyclant la plupart des déchets. Durant un peu moins d’une heure trente (il y a une version cinéma et une pour la télévision) ces débrouillards parlent avec beaucoup de sagesse et espèrent un meilleur avenir côté politique. Un dicton a fait éclater de rire tout la salle : « Les ancêtres disaient, il n’y a rien de plus résistant qu’un rocher, mais comme il ne dit rien les oiseaux lui chient dessus ».
Côté invités prestigieux, les frères Dardenne étaient présents pour une masterclass mettant en lumière certains films qu’ils n’ont pas réalisés, mais produits. C’est en faisant des photos en équilibre que mon objectif est tombé par hasard sur eux : c’est aussi ça le festival de Fribourg, on rencontre facilement au détour d’un chemin les artistes invités.
Palmarès
Le Prix spécial du Jury d’une valeur de CHF 10’000 est décerné à « To Kill a Man » (« Matar a un Hombre ») du Chilien Alejandro Fernández Almendras, cofinancé par le fond suisse Visions Sud Est. « Le Prix spécial du Jury revient à un jeune cinéaste. A travers la mise en scène, celui-ci a réussi à donner de l’envergure à une histoire simple avec cette signature qui le caractérise. »
Le Talent Tape Award d’une valeur de CHF 9’000 revient aux producteurs de « Au revoir l’été » (« Hotori no sakuko »), réalisé par le Japonais Koji Fukada. « Il est décerné à une histoire quelque peu complexe racontée en prenant le parti de la légèreté. Un conte poétique et lumineux dédié à la vie quotidienne, son charme et sa beauté. Une histoire qui reflète en somme la passion du réalisateur pour le cinéma. »
Le Prix du meilleur Court métrage de la Compétition internationale d’une valeur de CHF 7’500 est remis au documentaire « La Reina » (Argentine 2013) de Manuel Abramovich. Par ce prix, le jury a voulu saluer un travail remarquable de mise en scène qui plonge totalement le spectateur dans la réalité crue d’une enfant dont on vole la jeunesse.
Le Prix du Public d’une valeur CHF 5’000 est décerné à « The Square » (Al Midan) (Egypte, Etats-Unis 2013) de la réalisatrice Jehane Noujaim, film qui était également en lice pour l’Oscar du meilleur documentaire 2014.
Le Prix du Jury FIPRESCI (Fédération internationale des critiques de cinéma) a récompensé le film tourné en un seul plan de 134 minutes, « Fish and Cat » (« Mahi va Gorbeh ») de l’Iranien Sharam Mokri (2013). Le film a également reçu le prix E-CHANGER d’une valeur de CHF 5’000 attribué par le Jury des Jeunes.
Le Jury FICC (Fédération internationale des ciné-clubs) a remis le Prix Don Quijote au film « To Kill a Man » (« Matar a un Hombre ») du Chilien Alejandro Fernández Almendras et a tenu à accorder une mention spéciale au film de l’Iranien Mohammad Rasoulof, « Manuscripts Don’t Burn », dont la sortie en Suisse romande est prévue le 9 avril.
Aux côtés du grand gagnant Han Gong-Ju qui remporte deux prix, dont le Regard d’Or, « To Kill A Man » et « Fish and Cat » ressortent également doublement récompensés.
Rendez-vous est donné l’année prochaine pour la 29ème édition qui se déroulera du 21 mars au 28 mars 2015 !