Pour cette nouvelle journée, j’ai eu le plaisir de découvrir « Festen » qui m’était encore inédit. A cette occasion, le metteur en scène danois Thomas Vinterberg est venu discuter de sa réalisation que diffusée en format 35mm au cinéma Capitole à Lausanne.
À l’occasion des 60 ans du patriarche Helge-Klingenflt, tout le monde a été invité afin de fêter dignement cet évènement. La famille, les petits-enfants, et mêmes les beaux-fils et filles sont présent-e-s. Christian, l’aîné, est un des premiers à arriver sur place et il est directement chargé par son père de prononcer quelques mots avant les autres durant le repas. Car le sujet est délicat et douloureux. Christian devra en effet rendre hommage à sa sœur jumelle Linda, morte un an plus tôt, face à la tablée complète. Les préparatifs pour la soirée avançant bien, les convives arrivants, le maître de cérémonie propose aux invité-e-s de s’installer gentiment à table. Mais personne ne soupçonne de quoi sera réellement composé le discours de Christian, qui contient beaucoup de lourds secrets.
En 1998, le cinéaste Thomas Vinterberg sortit ce qui devint un incroyable chef-d’œuvre cinématographique avec « Festen ». Si la trame officielle est plutôt mystérieuse et n’effleure même pas le sujet encore tabou de nos jours, le fondement de la fiction est incroyablement intense et prenant. Certes, les premières séquences peinent à démarrer. Mais le changement d’atmosphère s’en ressent très vite dès l’instant où l’aîné, joué par Ulrich Thomsen, prend la parole. L’autre principale particularité à retenir, est que le film se déroule tout du long avec la caméra à l’épaule. Une véritable prouesse à l’époque, car personne n’osait vraiment le faire. D’ailleurs, le metteur en scène a précisé durant son intervention aux « Rencontres du 7ème Art à Lausanne », que le chef caméraman s’est beaucoup aidé de ses connaissances en tai-chi (sport de combat) pour rendre les plans plus efficaces. Et la sensation fonctionne encore très bien.
Étonnamment, « Festen » n’est pas qu’un drame soutenu. Il est également considéré comme une comédie noire puisque face à certaines cruautés, le public s’est senti (et se sent encore) obligé d’en rigoler. Cet amusement n’est même pas forcément décelable comme un « rire jaune », mais ce sentiment crée un moyen de décompresser par rapport au récit. Mais le plus incroyable est que la fiction rejoint, en partie, la réalité. En effet, Thomas Vinterberg explique volontiers qu’il s’était inspiré d’une diffusion radiophonique de la « Danish National Radio » en 1996 pour mettre en place son scénario. En fait, il avait repris un témoignage anonyme d’une émission émise par la radio danoise. Puis, l’a modelé et en fit « Festen ».
Ce long-métrage est sans hésitation une véritable réussite dans le milieu du 7ème Art. Toutefois, une séquence reste floue. Sans la dévoiler en détails, le public découvrant le film peinera à discerner la fin d’un rêve et le recommencement avec la réalité lorsque le protagoniste principal s’évanouit. Un moment quelque peu déconcertant, mais qui est rapidement oublié, car le quotidien vécu par les interprètes ramène très vite les spectateurs-trices au fil rouge.
Cette réalisation est surprenante, nuancée d’une juste dose de violence physique et verbale et surtout, ne dérange nullement quant au choix de la caméra à l’épaule. À l’inverse de quelques fictions américaines comme le récent « Blair Witch ». Il ne s’adresse pas à un public trop sensible aux violences domestiques et familiales, mais, 20 ans après son impact reste toujours impressionnant et authentique. D’autant plus avec les récentes affaires à Hollywood. Bien que le sujet soit encore trop sacré, tant envers les femmes que les hommes, « Festen » émeut encore. Il reste, et restera, sans nul doute intemporel et affectera plusieurs générations.
Une situation scénarisée très proche de la réalité et qui finalement, pourrait arriver à n’importe qui.