Depuis plus de 27 ans, Locarno remet un Leopard d’Honneur à de nombreux artistes ayant marqués le septième art. Jean-Luc Godard, Ken Loach, ou encore Terry Gilliam, sont quelques unes des personnalités sacralisées par le festival tessinois. Cette année, c’est au tour du chilien Alejandro Jodorowsky de recevoir ce prix, profitant de l’occasion pour présenter son dernier film Poesía Sin Fin sur la Piazza Grande
Alejandro Jodorowsky, 87 ans, est l’un des artistes les plus visionnaires du septième art. Maître du Tarot, romancier, réalisateur (et bien plus), son deuxième film, le western métaphysique El Topo, est le créateur de la vague des Midnight Movies aux Etats-Unis. Un mouvement des années 70 qui permit au plus téméraires de découvrir des œuvres singulières lorsque les douze coups de minuits résonnaient dans les rues. C’est hier soir que le génie artistique a reçu son Léopard d’honneur, mais surtout, a présenté au public de la Piazza Grande son tout dernier film, Poesía Sin Fin, qui fait suite à La Danza de la Realidad.
Deux minutes. Voilà le temps nécessaire pour être abasourdi par la patte du réalisateur. Absurde, surréaliste, obscène. Tant d’autres adjectifs nous viennent mais ne suffisent pas à expliquer les images qui défilent devant nos yeux. Chacune d’elle sublime à sa manière un style d’expression artistique bien particulier. On y découvre le jeune Alejandro qui rêve de sortir du cocon familial afin de laisser place à sa passion artistique, la poésie. Sous couvert de métaphores visuelles, il s’enfuit vivre aux côtés d’autres artistes et se passionne pour la subversion. Les tabous sont brisés un à un, impossible de décrocher les yeux de cette œuvre sans pareil qui amène à se questionner sur le sens de chaque plan.
Difficile aujourd’hui de dire si il s’agit de la dernière œuvre de Jodorowsky. Mais une chose est sûre, c’est bel et bien au travers de Poesía Sin Fin que l’homme y fait son testament. Le réalisateur apparait de manière régulière au sein du film, conseillant son jeune alter-ego sur le sens de la vie et l’importance de chaque décision. S’excusant pour ses erreurs passées, il nous séduit par cette douce sagesse qui a pris la place de la fougue de la jeunesse. Voulant se donner corps et âme à son public, Jodorowsky semble craindre de tomber dans l’oubli. En 2016, on peut affirmer que le monde du cinéma se souviendra à jamais de ce jeune chilien qui révolutionna l’art à sa manière. C’est d’ailleurs ce que le Festival de Locarno souhaitait exprimer en lui remettant ce prix exceptionnel.
Poesía Sin Fin
Festival del Film Locarno – Piazza Grande
De Alejandro Jodorowsky
Avec Adan Jodorowsky, Pamela Flores , Brontis Jodorowsky , Leandro Taub
Sortie Romande Inconnue