Après « Barbecue » voilà huit ans, Eric Lavaine et sa belle bande de beaufs invitent le spectateur à une nouvelle partie de campagne.
À la suite d’un vol (et donc de vacances en Grèce) annulé, un groupe de vieux amis qui se préparaient à se dorer la pilule au soleil, se retrouvent en séjour forcé dans une vétuste demeure bretonne. Le lieu a son histoire, le film lui, n’en a pas vraiment. La progression dramatique s’arrête rapidement et les personnages sont laissés au seuil de cette grande maison, contraints de tuer le court temps entre deux averses en jouant à « Trivial Pursuit », en pêchant la palourde ou en buvant à l’envie leurs rancœurs et jalousies mutuelles. En gros ils s’emmerdent et semblent, quelque part, inviter le spectateur à en faire autant…
Le réalisateur et son co-scénariste Héctor Cabello Reyes (déjà collaborateurs sur, entre autres, « Bienvenue à Bord », « Retour chez ma Mère » et bien sûr « Barbecue »), souhaitaient sans doute, avec « Plancha », prolonger la tradition française du « film de potes ». Un genre qui a ses hauts et ses bas mais qui semble toujours bien plaire au public. De « Vincent, François Paul et les Autres » de Claude Sautet en 1974 à « Les Petits Mouchoirs » de Guillaume Canet en 2010, en passant même par « Le Cœur des Hommes » de Marc Esposito en 2003, tous ces titres sont des succès populaires et des jalons dans le cœur des spectateurs francophones. Grands œuvres ou plaisirs coupables selon les avis éclairés et divergents des cinéphiles de tous bords, ces pseudo-classiques du cinéma hexagonal ont au moins l’avantage de parler au plus grand nombre. Déjà parce que presque tout le monde connaît les aléas d’une réunion entre amis mais surtout parce que le principe de cette catégorie d’œuvres requiert forcément une grande diversité de protagonistes… et donc de caractères… et donc de possibilités pour le spectateur de s’identifier à l’un ou l’autre ou de reconnaître, dans les gros traits, les qualités ou défauts d’un proche.
A quelle place, dans cette histoire du genre, « Plancha » peut-il donc prétendre ?
Le film a surtout l’avantage d’être la suite d’un « Barbecue » qui, même s’il semble avoir été un honorable succès commercial, n’a pas vraiment marqué les esprits et ne suscite donc pas spécialement d’attente. Du coup, la moindre blague autour de la météo, des coutumes, des superstitions et des (biens nourris) clichés locaux apparaît comme une surprise. C’est certes un peu pauvre mais c’est « au moins ça » pourra se dire le spectateur en manque de petites névroses bobos. Et de plus, comme ce type d’œuvre chorale multiplie les rôles, il faut nécessairement un paquet d’acteurs pour les interpréter. Et curieusement ceux-ci, même de renom, se prêtent volontiers à l’exercice. La perspective de vacances entre collègues et au frais de la production peut-être ?
Lambert Wilson, Franck Dubosc, Guillaume de Tonquédec, Lionel Abelanski, Jérôme Commandeur, Sophie Duez, Lysiane Meis et Valérie Crouzet ont donc tous rempilé pour ce deuxième opus. Seule Florence Foresti a décliné l’invitation et laissé la place à Caroline Anglade qui hérite ici d’un des rôles les moins inintéressants et le moins éculé. A savoir celui de la femme, jeune et belle, qui a « mieux réussi » que son mari et qui suscite donc sa jalousie et provoque son sentiment d’impuissance. Les autres jouent le jeu avec une étonnante conviction et défendent tant bien que mal des partitions parfois bien paresseusement écrites. Il faut au moins leur reconnaître ce mérite.
C’est paraît-il d’ailleurs à l’un des comédiens que le public doit cette suite et son titre (on vous laisse trouver le coupable…). Il aurait dit, sur le tournage du premier volet : Après « Barbecue », on se retrouvera pour la suite, « Plancha », à la mer, et enfin pour « Pierrade », à la montagne ! … et… cet hiver « Woke » en Thaïlande. »
Il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts…
Plancha
FR – 2022
Durée: 1h38 min
Comédie
Réalisateur: Eric Lavaine
Avec: Lambert Wilson, Franck Dubosc, Guillaume de Tonquédec, Jérôme Commandeur, Caroline Anglade, Sophie Duez
Frenetic
09.11.2022 au cinéma