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samedi, décembre 28, 2024
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Pistols : Euh… Punk ?

Pauline Brandt
Pauline Brandt
Avec un master de français moderne avec spécialisation en études théâtrales, un bachelor en français moderne et histoire et esthétique du cinéma, Pauline Brandt met en œuvre tout son savoir-faire pour promouvoir le cinéma.

Du punk chez Disney ? C’est antinomique, c’est oxymorique, mais c’est bien vrai. Voilà qu’une mini-série de 6 épisodes centrée sur les Sex Pistols arrive sur Disney+. Du punk à la sauce Mickey Mouse, ça donne quoi ?


Disney+ continue son inarrêtable conquête du streaming, et étend toujours plus son offre. Grâce aux programmes estampillés « Star », voilà pour la plateforme la possibilité d’un plus vaste choix de programmes – et avec eux, l’assurance d’une portion supplémentaire de spectateurs : le public adulte.

Bien. Et le punk, dans tout ça ? Il arrive sur Disney+ en 2022 par un concours de circonstances pour le moins farfelu. Danny Boyle (réalisateur britannique mondialement connu pour Trainspotting), tout à ses souvenirs d’ex-punk des années 70, se lance dans le projet nostalgique d’une série sur les Sex Pistols. Il collabore avec le scénariste Craig Pearce, qui utilise une trame toute tracée pour adapter à l’écran l’histoire du groupe : les mémoires du guitariste du groupe, Steve Jones. Il s’agit du titre « Lonely Boy: Tales From a Sex Pistol », paru en 2016, qui retrace la fondation du groupe, sa brusque célébrité et sa non moins rapide dégringolade. Le projet amorcé, Danny Boyle se met à la recherche d’un distributeur pour sa mini-série. L’accord tombe finalement chez Disney – le premier, semble-t-il, à accepter le projet de Danny Boyle. Un mélange des genres inattendu. Tout est prêt pour Pistol.

Jusqu’ici, tout va bien. L’étape suivante ? Le casting. Une sélection de choix, avec des acteurs britanniques dont le nom seul a déjà fait ses preuves – tels Maisie Williams ou Thomas Brodie-Sangster – d’autres à la renommée moins étendue – Anson Boon, Louis Partridge – et d’autres encore, comme Jacob Slater – vrai musicien, mais apprenti acteur – qui signent là leur première expérience de tournage. Autant d’acteurs qui jouent une version fictionnalisée d’une histoire ayant vraiment eu lieu. Le premier épisode est ainsi dédié à Jordan, jouée par Maisie Williams et décedée peu avant la sortie de la série.

Pistol est un drôle de travail d’équilibriste, qui alterne entre images d’archives, biopic raconté façon souvenirs d’enfance et scènes si peu crédibles qu’elles font grincer des dents. Bien sûr, la matière première est explosive – il est risqué de s’attaquer à raconter une époque qui, si elle est bien révolue, n’est pas si lointaine. Le punk a beau s’approcher de la cinquantaine, ses membres originels sont toujours présents. Danny Boyle est l’un d’entre eux ; John Lydon (le chanteur du groupe, connu sous son nom de scène Johnny Rotten) en est un autre. Ce dernier a ainsi qualifié la série de « conte pour classe moyenne » et a, en 2021, tenté d’empêcher l’utilisation de la musique du groupe dans la série.

Difficile de lui donner tort. Si la série tente laborieusement de montrer toutes les facettes du punk, sa trame principale tombe à plat. Elle creuse particulièrement profond lorsque Sid Vicious trouve son nom de scène. Cela se produit après une rencontre avec un hamster domestique nommé Sid. Le hamster Sid lui mord la main. « Waouh, Sid est super vicieux », commente-t-il. Plus de doute, on est bien chez Disney.

Les personnages racontent leur propre histoire, s’auto-caractérisent sans cesse, s’admirent sans jamais s’arrêter. Danny Boyle sait bien que les Sex Pistols ont été vus comme un « boys band punk » en raison de l’implication de leur manager Malcolm McLarren, qui tirait les ficelles en coulisses. Il file donc la métaphore du marionnettiste jusqu’à l’étouffement, faisant jouer à Thomas Brodie-Sangster un genre de Chapelier Fou maniéré qui parle à « ses petits rats d’égout » et les encourage à « faire la révolution ». Trop de méta-discours, c’est fatigant. Pire, c’est oublier une composante essentielle et nécessaire au mouvement punk : l’impulsivité. Les punks de Pistol prévoient l’avenir avec ambition, se lamentent sur leur sort puis réfléchissent posément à comment faire pour « marquer l’histoire » (apparemment, la réponse est : apprendre à jouer de la guitare en prenant du speed trois jours d’affilée). Bof.

Il n’y a pas grand-chose à garder, à l’exception peut-être des personnages féminins de la série. Le trio Jordan, Chrissie Hynde et Vivienne Westwood – respectivement égerie punk, chanteuse de The Pretenders et styliste à l’origine de l’esthétique des Sex Pistols – remontent à elles seules des échanges autrement si plats que personne ne semble véritablement y croire. Avec Pistol, Disney passe royalement à côté du punk. Le contraire aurait sans doute été inquiétant.

Pistol
U.S.A, GB – 2022 – 60 min – Biopic, Musical
Créée par Craig Pearce
Avec Toby Wallace, Sydney Chandler, Christian Lees
Disponible sur Disney+

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