Cette comédie dramatique franco-belge met en scène Emmanuelle Devos dans le rôle d’une femme brillante qui privilégie sa carrière à sa vie privée. Aux portes de ses désirs, elle se voit pourtant ralentie par le machisme ambiant. S’il est intéressant de révéler cette injustice professionnelle, la réalisatrice n’arrive pourtant pas à nous convaincre, faute à une caricature un temps soit peu exagérée des comportements masculins.
Lors de la réunion annuelle des femmes d’entreprise à Deauville, Emmanuelle Blachey, une jeune mère de famille se fait aborder par un groupe de féministes qui cherchent à la convaincre de prendre la direction d’un grand groupe coté en bourse (CAC 40), pour servir leur cause.
Le PDG du géant français de l’énergie est sur le point de quitter son poste pour raisons médicales. La porte est donc ouverte à notre business woman, mais un certain Jean Beaumel ne voit pas son éventuelle promotion d’un bon œil et va tout tenter pour la décrédibiliser et la décourager…
Ce nouveau long-métrage de la réalisatrice et scénariste Tonie Marshall se laisse regarder, mais n’arrive pas à nous passionner. Le thème principal est d’actualité. Le film dénonce la difficulté subie par la gente féminine à accéder aux postes de direction dans les entreprises françaises (qui est de 10% selon leurs statistiques).
La réalisatrice (seule cinéaste à avoir remporté le César de la meilleure réalisation avec « Vénus Beauté Institut » en 2000) se défend d’avoir mis en scène un film victimaire qui pointe le sexisme ambiant dans les grandes entreprises. Selon elle, ces grandes entités ont du mal à recruter des femmes à de hautes fonctions. Non pas parce qu’il n’y en a pas, mais parce qu’elles ne s’autorisent pas à postuler à ces postes et qu’on ne les y encourage pas. Le scénario se veut pourtant assez accusateur.
Les rôles principaux sont tenus par deux grands personnages du cinéma Hexagonal. Richard Berry et Emmanuelle Devos sont excellents dans leurs rôles respectifs. Le premier fait usage de son charme et de sa rhétorique pour donner vie au financier Jean Beaumel, ennemi juré de notre carriériste. Par son assurance et son fabuleux jeu d’acteur, il arrive à rendre son personnage vil et puissant. Il envoie des petites piques qui font toujours mouche et par la-même, déstabilise facilement la pauvre Emmanuelle.
L’actrice française, Emmanuelle Devos, élève de Francis Huster au cours Florent, est une fille de comédiens qui est apparue pour la première fois à l’écran dans « On a volé Charlie Spencer » en 1986. Elle est devenue, par la suite, une figure incontournable du cinéma français. Œuvrant entre drame et comédie comme à l’accoutumée, elle représente cette fois-ci une femme moderne, libérée et autonome. Par sa personnalité hors du commun, mi-dure mi-fragile, elle arrive à tenir tête aux hommes, sans en rajouter. Le spectateur (même masculin) la soutient durant tout le film. Son côté sérieux, mais pas trop, donne aussi une vraie crédibilité à son incarnation.
Première femme à occuper une fonction élevée en entreprise, dans des sphères encore largement dominées par les hommes, l’héroïne du film jouit d’une aura qui lui permet de déjouer les obstacles d’ordre professionnel et les pièges tendus.
C’est le comédien britannique John Lynch qui a été choisi pour incarner le mari d’Emmanuelle. L’acteur de «The Fall» n’amène pas grand chose au casting, mis à part son côté humaniste et viril. Son accent anglais dérange même, à la longue.
La plupart des scènes de « Numéro Une » ont été tournées dans le quartier de la Défense à Paris. Des bureaux ont été mis à disposition de l’équipe du tournage pour les décors. Une plate-forme éolienne a aussi servi de base pour quelques scènes en plein air.
La projection se termine par la chanson « Womans » de l’artiste américaine Neney Cherry, au générique. Tout un symbole…
Numero Une
FR – 2017 – Drama
Réalisateur: Tonie Marshall
Acteur: Emmanuelle Devos, Suzanne Clément, Richard Berry, Benjamin Biolay, Sami Frey
Frenetic
11.10.2017 au cinéma