Dans « Night Call », Dan Gilroy revêt pour la première fois la casquette de réalisateur… et elle lui va plutôt bien !
« Si on veut gagner le gros lot, il faut bosser pour se payer le billet de loterie », dit froidement le protagoniste dans le thriller « Night Call », avec lequel le scénariste Dan Gilroy passe pour la première fois derrière la caméra. Ce long-métrage sera-t-il le ticket gagnant pour Gilroy ? Probablement.
Jake Gyllenhaal interprète Louis Bloom, un homme aux traits émaciés, doté d’une grande soif d’apprendre et désespérément à la recherche d’un travail. Il est persuadé d’avoir trouvé sa vocation lorsqu’un soir, il voit un groupe de cameramen en train de filmer tous les détails d’une scène d’accident. Intrigué par le spectacle qui s’offre à lui, Lou interroge l’un des individus (Bill Paxton), pour découvrir que lui et son équipe courent après les crimes et autres catastrophes, dans le but de les enregistrer sur caméra et de vendre les images à une télévision locale. Ambitieux et déterminé, Lou s’achète une caméra et se met à la poursuite des sirènes de voiture de police, prêt à convertir la tragédie des autres en une grosse somme d’argent.
Dans « Night Call », le réalisateur soulève des thématiques intéressantes. Tout d’abord, il propose une satire sociale en montrant la tendance qu’ont les médias à vouloir nourrir les peurs de la population et augmenter leur sentiment d’insécurité, en montrant des images choquantes pour faire exploser l’audimat. Par le biais du journal télévisé, Gilroy nous met aussi en garde contre cette image du héros qui poursuit un objectif noble et qui, avec de la volonté et de la persévérance, y parvient avec succès. En réalité, un homme ayant l’air inoffensif, capable de nous émouvoir et de gagner notre sympathie, voire même de nous fasciner par sa capacité à parler avec beaucoup de calme et d’assurance, peut se révéler être foncièrement mauvais. Gilroy va donc à l’encontre de ce rêve américain en l’exposant sous un autre angle, celui qui n’est pas raconté dans les histoires. Le génie du réalisateur se trouve aussi dans son habileté à garder le spectateur à une bonne distance de Lou, pour qu’il soit en mesure d’être à la fois touché par l’audace du personnage et en même temps révolté par ses actions.
Le film repose essentiellement sur les épaules de Jake Gyllenhaal, qui réalise sa meilleure performance à l’écran, en donnant vie à ce personnage complexe aux joues creuses. Pour camper ce rôle, l’acteur s’est laissé pousser les cheveux et a perdu de nombreux kilos, mais sa transformation physique ne doit pas nous détourner de ce qui rend sa prestation si brillante. Ce sont ses expressions et ses gestes parfaitement contrôlés qui le rendent si fascinant et nous donnent une envie irrésistible de le regarder. Ce rôle pourrait marquer un vrai tournant dans la carrière de l’acteur et le rapprocher sérieusement d’une nomination aux Oscars.
« Night Call » est un film tonique et intelligent, zébré d’humour noir. Dan Gilroy réalise un premier film très solide et nous rappelle que les bonnes surprises sont encore possibles au cinéma. A voir absolument !
Night Call
De Dan Gilroy
Avec Jake Gyllenhaal, Bill Paxton, Rene Russo Elite Films
Sortie le 26.11
Un film intéressant surtout pour l’analyse psychologique de son personnage principal, un espèce de sociopathe qui désire tant le contact humain mais ne sait pas l’installer sainement (Gyllenhal est impressionnant). Quelques jolis montées de tension aussi et une très belle façon de filmer L.A. la nuit (ça vaut pas Mann mais pas loin). Par contre toute la partie analyse de la TV poubelle ricaine et du besoin de violence d’une société malade n’apporte rien de nouveau et est même un peu maladroit.