Toujours autant diversifiée et osée, la 23e édition du « Neuchâtel International Fantastic Film Festival » s’ouvre à un public curieux, décidé à franchir le pas afin de découvrir des OFNI ou, d’en ressortir déçu. Parmi tous les longs-métrages vus, 3 me marquèrent spécifiquement.
Comme la météo, les sujets des fictions visionnées du 5 au 13 juillet 2024, fluctuèrent grandement. Grosses productions américaines (« Immaculée »), sud-coréennes ou irlandaises agréèrent avec plaisir mes choix. A ce jour, ceux-ci me plurent davantage :
« Exhuma » : Hwa-rim et Bong-gil sont engagés par une riche famille sud-coréenne afin de sauver leur dernier-né et d’arrêter une malédiction. Pressentant la situation délicate, la chamane enrôlera 2 autres collègues, Sang-deok et Yeong-geun. Leurs recherches spirituelles les mèneront face à un lieu effrayant où… de doubles tombes furent enterrées. Un moine, un serpent et un lourd passé japano-sud-coréen les entraîneront dans les gouffres de l’horreur et personne n’en ressentira indemne.
Présenté à la 74e édition des « Berlinales » (Festival de films de Berlin), « Exhuma » donne à la base, l’impression d’un énième long-métrage sur le chamanisme, l’exorcisme et l’horreur pouvant en découler. Il n’en est cependant rien et ce, dès les premières minutes.
Doté d’une intrigue efficace, surprenante et intense, qu’il s’agisse de la distribution de cette réalisation, des décors réels et des éléments esthétiques rajoutés, tout fut minutieusement préparé afin d’étonner un maximum les spectateurs-trices amateurs-trices ou aficionados du genre.
En outre, l’histoire d’ « Exhuma » se base sur les véritables chamanes, un pan historique méconnu en Europe entre la Corée du Sud et le Japon et démontre également, que les femmes ont leur place dans un tel univers ésotérique. Un chef d’œuvre extrême, captivant, fort bien interprété et maîtrisé.
« Los tonos mayores » : A peine habituée à sa plaque métallique au bras, la jeune Ana en ressent d’étranges vibrations. Elle aura l’intuition qu’il s’agit d’un message caché en morse. Avec l’aide de sa meilleure amie, et de son instinct, l’adolescente voudra à comprendre pourquoi elle ressent ce message et à qui s’adresse-t-il ? Au gré de ses recherches et suite à une dispute, Ana fera plusieurs rencontres. Dont celui du soldat passionné de morse. Entre son enquête secrète et la probable nouvelle petite amie de son père, comment l’adolescente gérera-t-elle ses sentiments ?
Adapté et s’adressant en premier lieu à un jeune public, « Los tonos mayores » soit à peu près « Les tonalités majeures » en français, s’avère être le tout 1e long-métrage écrit et filmé par la polyvalente Argentine Ingrid Pokropek.
Quelque peu mélodramatique, poétique et surtout, emplit de mystères, les spectateurs-trices suivront les mésaventures d’ « Ana », très bien jouée par l’actrice Sofía Clausen. Si son bras et sa plaque ont leur importance au sein de la trame, la ville de Buenos Aires l’est également.
Ainsi, elle permettra au public de mieux comprendre les énigmes et de découvrir certains lieux charmants de ladite capitale. Enfin, plusieurs messages positifs se dégagent de « Los tonos mayores » à l’exemple de l’écoute de ses émotions ou l’importance de se sentir entouré-e-s et écouté-e-s.
« Oddity » : Darcy est malvoyante. Cela ne l’empêche nullement d’être indépendante et d’avoir sa boutique axée dans l’ésotérisme. Elle se sent aussi investie comme médium. Suite au décès de sa sœur et à certaines étrangetés perçues, la jeune femme décida de se rendre là où l’accident mortel se déroula. Accompagnée de son effroyable mannequin en bois, Darcy se sentira rapidement submergée par les ambiances négatives de l’ancien lieu de vie de sa jumelle. Esprits frappeurs, démons ou pire ? Toutes les hypothèses sont possibles tandis que le danger rôde…
Mêlant habilement l’horreur au suspense, la poésie à l’angoisse et l’effarement aux hommages aux films cultes d’épouvante, la nouvelle réalisation de Damian McCarthy, fut tant appréciée au « NIFFF 2024 », qu’il reçut le prix « RTS Audience Award ». Il sera donc diffusé sur la chaîne romande, un prochain vendredi soir.
Tourné en Ireland, principalement dans une grange spécialement aménagée, chaque séquence fut préparée avec soin. Son aspect théâtral horrifique, ajoute un charme indéniable par rapport à la trame. A l’exemple du fameux mannequin en bois, tant lié à la protagoniste principale.
Finalement, « Oddity » étonne à de nombreux égards et crée beaucoup d’empathie quant au personnage central. Il ne s’adresse bien sûr, pas aux enfants et personnes sensibles. Cette réussite mérite donc d’être visionnée et s’apprécie aussi, pour sa noirceur et ses moments effrayants.