Un lycée américain, deux adolescentes, un compte Twitter et Tumblr qui relate des tueries dans la petite ville de Rosedale : @TragedyGirls. Quoi de mieux pour entretenir ses réseaux sociaux de faits juteux et intéressants à propos de meurtres sanglants que de prendre la place du tueur ?
Fans incorrigibles de Lowell, le meurtrier en série de Rosedale, Sadie et Mackayla lui tendent un piège pour le séquestrer et lui demander de devenir leur mentor, leur professeur, leur Yoda. En s’inspirant des meilleurs, elles veulent atteindre la célébrité, être connues de tous, en assassinant des gens dans leur entourage. L’important : il ne faut surtout pas que ces morts aient l’air d’être des accidents, alors hop, on en rajoute, plus c’est grotesque, plus c’est trash, mieux c’est ! L’important « bis » : augmenter son nombre de followers, publier sur Twitter, user et abuser du hashtag en toute situation !
La structure dramatique n’est pas très complexe : deux meilleures copines, BFF envers et contre tout, jusqu’à ce que le fils du shérif de la ville s’entiche de Sadie, Mackayla commence à penser qu’elle serait plus efficace toute seule, sur les conseils de Lowell, les copines se séparent, pour mieux se retrouver à la fin et régler le tout avec leur délicatesse légendaire. Ainsi, le scénario n’est clairement pas ce qui fait le fort du film, bien qu’il s’inspire et reprenne les codes du genre « slasher « , sous genre rattaché au film d’horreur qui a connu ses belles années vers 1960-1970. Tragedy Girls met en avant un psychopathe criminel, ici plutôt deux psychopathes criminelles accompagnées d’un troisième enchaîné, et mixe l’horreur avec la comédie et le teen-movie bien cliché pour un résultat piquant.
À coups de hache et de hashtags, les deux jeunes femmes questionnent la banalisation de la violence et les comportements déviants et malsains liés à l’utilisation en surdose des réseaux sociaux. Avec une bonne dose de girl-power, elles tranchent gorges et membres sans ciller, préparent des plans machiavéliques en buvant des smoothies roses à la paille, et sont présidentes du comité d’organisation du bal de promo, comme si de rien était. Le côté grotesque de la comédie fonctionne très bien, et l’écriture scénaristique est forte de ce point de vue là. Les personnages ne sont pas trop cliché, ce qui est un piège souvent fatal dans ce genre de film. Ici, les enjeux personnels des deux héroïnes sont complexifiés, elles ont un passé qui les a façonné et ont du caractère. Issues de la culture « Amazon », Breaking Bad et « BFF for ever », le duo féminin représente bien les contradictions du monde actuel et les tensions qui y règnent. Les personnages secondaires, quant à eux, souffrent un peu des stéréotypes, mais au vu de la rapidité avec laquelle ils disparaissent du récit sous les coups de Sadie et Mackayla, ce n’est probablement pas si grave que cela. Tout s’enchaîne assez vite, et le spectateur a peu de temps pour souffler entre deux meurtres, le rythme est frénétique.
La narration en tant que telle est certes un peu pauvre, mais elle est relevée par des acteurs qui se donnent corps et âme à leur rôle et qui rendent le tout fort crédible et jouissif. Alexandra Shipp débarque après avoir joué dans X-Men : Apocalypse (2016) et est en pré-production pour le prochain, X-Men : Dark Phoenix (2018), tandis que Brianna Hildebrand faisait déjà la bad girl, mais avec des super-pouvoirs cette-fois, dans Deadpool (2016), est en tournage pour Deadpool 2 (2018) et semble se lancer dans la production, donc affaire à suivre ! Le tueur quant à lui est incarné par Kevin Durand, surtout vu dans les séries Lost, Les Experts, Stargate SG-1, ou The Strain. Enfin, Josh Hutcherson continue dans le teen-movie mais dans un autre registre après les différents épisodes de la saga Hunger Games. Une brochette d’acteurs connue du public adolescent donc, et qui s’essaierait à un nouveau genre, le teen-movie pour adulte ?
Tragedy Girls
USA – 2017
Durée: 1h38 min
Comédie, Horreur, Policier
Réalisateur: Tyler Macintyre
Avec: Alexandra Shipp, Brianna Hildebrand, Josh Hutcherson, Kevin Durand, Elise Neal, Craig Robinson, Nicky Whelan
Production: It’s The Comeback Kids, New Artist Pictures