Le vertige s’empare du correspondant Daily Movies devant la tâche qui l’attend : sept film, de 9h15 jusqu’à 2h30 du matin ! Quelle torture… Tu parles ouais ! Quel pied !
Le petit film américain indépendant « Resolution » fait partie des ces métrages auxquels on a pas tout compris, mais qu’on apprécie en ne sachant pas bien pourquoi… Un jeune homme va tenter de sauver un ancien très bon ami qui s’est enfoncé dans la drogue et les petits délits, après avoir reçu de lui une vidéo où il délirait. Quand il débarque dans le taudis que son pote à la dérive squatte, notre chevalier blanc va mettre les pieds dans la quatrième dimension… Son pote lui assure ne rien lui avoir envoyé, et pour cause, il a pas d’ordi. A partir de ce moment tout va partir en cacahuètes, une mystérieuse présence leur laissant des livres, K7 vidéo et autres films numériques qui leur prédisent leur avenir en les espionnant à leur insu. La paranoïa grandit tandis que les deux essaient de comprendre ce qu’il se passe. Un film minimaliste très étrange et intrigant, mais réussi.
Un bon vieux thriller espagnol prend la suite, « The Path », dans la droite lignée de la nouvelle vague de film de trouille ibérique. Un mauvais père et mari essaie de sauver sa vie de famille en partant une semaine en refuge avec eux. Mais quand le jeune homme à tout faire qui coupe le bois et fait de menus travaux s’approche un peu trop près de sa femme, le mari va péter les plombs. Très beau, impeccable techniquement, avec une scène finale de flashbacks assez magnifique, « The Path » pêche par un certain manque d’originalité et un rythme inégal.
Le NIFFF ne serait pas le NIFFF sans un bon vieux Takashi Miike. Le réalisateur indé japonais culte ultra-prolifique étant capable du meilleur comme du pire, on se demande ce que son adaptation du jeu vidéo « Ace Attorney » va bien pouvoir donner. Et bien c’est pas mal du tout ! Miike a capté l’essence de ce jeu très particulier, où un avocat et un procureur s’affrontent à grands coups d’écrans vidéo et de « OBJECTION ! ». La partie enquête, assez bien construite, fait l’équilibre avec les scènes de prétoire, pour cet aimable divertissement. Seul bémol, le monteur de Miike est comme d’habitude incapable de faire moins de deux heures, alors que trente minutes auraient pu sauter sans dommage.
Le titre du film le plus lent du festival sera incontestablement attribué à « Akam », un thriller hypnotique indien dans lequel un architecte qui plaît aux femmes va avoir un accident de voiture qui le défigure. Il perd confiance, sa compagne du moment le quitte et il erre comme une âme en peine. Mais il tombe sur une très jolie femme, Ragini, qui va l’accepter. Se mariant rapidement ensemble, Srinivas va devenir parano et se persuader que sa belle Ragini est un démon. Lent, sans enjeux prenants, avec une fin trop absconse, « Akam » c’est pas ma came.
Grosse attente de la journée, « My Way », le film le plus cher de l’histoire du cinéma coréen, se révèle le film de guerre ultime, à mettre au même niveau qu’un « Il faut sauver le soldat Ryan ». Déjà rôdé à l’exercice avec le remarquable « Deux frères », Kang Je-gyu, offre un monument de 2h23 qui enchaîne scènes de bravoure sur scènes de bravoure, avec quelques batailles hallucinantes de réalisme. Comme dans tout film coréen, on échappe pas à une tendance lourde à la grandiloquence et au pathos (pas moins de trois scènes de « mort dans les bras », une musique sursignifiante), ainsi qu’à une hystérie parfois un peu fatigante. Mais il fallait bien ça pour conter l’odyssée de la Corée du Sud jusqu’au débarquement de Normandie d’un duo de soldats (un Coréen et un Japonais), tous deux champions de marathon. Ils vont traverser la Mongolie, l’URSS, l’Allemagne pour finalement être dans les forces allemandes lors du D-Day. Une histoire « bigger than life » auquel le film rend parfaitement justice. A voir sur grand écran !
Pour récupérer après le marathon « My Way », rien de tel qu’un hommage allemand au giallo italien. « Masks » reprend dès le générique tous les ingrédients inventés par Bava, Martino et Argento, pour mettre en place une ambiance pesante et onirique. Le contexte s’y prête : l’aspirante actrice Stella décide d’intégrer la prestigieuse école de Mateusz Gdula. Mais elle va vite apprendre le douloureux passé de l’école, car les méthodes de Gdula étaient pour le moins extrêmes. On lui jure que tout cela est terminé, jusqu’à une co-étudiante lui confie qu’elle suit des cours très particuliers qui sont sur aucun emploi du temps… Dans son ambition d’hommage, le film est une franche réussite. On regrettera seulement le grain de l’image numérique qui fait trop soap et casse l’ambiance. Parfois, le 35 mm c’est mieux…
Pour faire de beaux rêves, rien de tel que finir avec un bon film de trouille ! « Lovely Molly » est le dernier bébé du coréalisateur du « Projet Blair Witch », Eduardo Sanchez. Mêlant prises de vues classiques et caméra subjective (le style Point of View que Blair Witch a rendu courant), Sanchez livre un film très abouti, une vraie bonne surprise. Son choix pour raconter la descente aux enfers de Molly, qui a été traumatisée dans l’enfance et doit faire face après son mariage à une résurgence de son trauma, se révèle hyper efficace. Le surnaturel le dispute à la psychiatrie, et chacun se fera son idée sur les causes de la chute de Molly, magnifiquement interprétée par Gretchen Lodge.