Le petit film italien indépendant « Paura 3D » nous fait attaquer la journée en relief. Un film pas terrible avec 3 jeunes abrutis qui vont squatter la maison d’un marquis parti en voyage. Ils vont découvrir une séquestrée au sous-sol et essayer de la libérer. Pas de bol, le marquis débarque et ça va saigner ! Passé un très joli générique en ombres chinoises 3D, le film déçoit : personnages agaçants, peu de péripéties et des enjeux très limités… Mais le réalisateur est une crème et un gros fan de métal (il y en a plein la bande-son) et aussi de rap. On lui souhaite donc de faire mieux la prochaine fois.
Le film à sketch coréen « Doomsday Book » propose trois points de vue sur l’apocalypse, avec deux poids lourds à la réalisation : Kim Jee-won (« I Saw The Devil », « A Bittersweet Life », « Le bon, la brute et le cinglé ») et Yim Pil-sung (« Antartic Journal »). Le premier segment montre une épidémie de zombification causée par de la viande avariée, sur un mode burlesque. Le second, le plus ardu à suivre, propose une grosse réflexion sur ce qui fait l’humanité et l’illumination transcendantale. Très chiadé mais épuisant. Dans le dernier, une jeune fille commande sur un étrange site internet une boule de billard (la 8, évidemment) qui va lui être livrée sous forme de… météorite géante ! Comment gérer la fin du monde dans ces conditions ? Sans doute le segment le plus drôle et le mieux foutu.
Troisième opus de la fameuse série des [REC], réalisé par le seul Paco Plaza (Balagueró fera le quatrième), [REC 3 Genesis] prend un virage résolument humoristique tout en gardant une dimension très très gore. Ce [REC 3] est à la série des [REC] ce que « Evil Dead 3 » est à la série des « Evil Dead ». Moins sérieux, mais très fun – mettre comme théâtre de la contamination une réception de mariage se révèle une idée très efficace – le film se suit avec un grand plaisir et plaira au plus grand nombre.
Le coréen « Howling » souffre des défauts du cinéma coréen, sans en avoir toutes les qualités. Ce thriller alambiqué dans lequel un chien loup fait la chasse aux membres d’un réseau de prostitution enfantine utilise toutes les ficelles du genre. Le tandem du vieux flic et de la jeune débutante typique des buddy movies, une enquête un peu convenue, des rivalités d’ego classiques… Bref c’est bien fait mais trop long, avec trop de pathos (les scènes du chien qui court au ralenti… pitié !). Heureusement Song Kang-ho (la fameuse tronche de « Memories Of Murder » et de « The Host ») prend le rôle titre et assure l’essentiel. Ca passe, sans plus. Et en passant, vivement la VF : les crises de rire si ils appellent le chien Médor !
Rétro Nikkatsu, encore et toujours, avec – quoi d’autre ! – un autre « roman porno » de Chûsei Sone, dernier film du focus d’ailleurs. Certainement le plus intéressant des trois, ce « Angel Guts : Red Classroom » dépeint un tragique personnage de nymphomane désespérée, dont on ne sait trop si la cause de sa déchéance vient d’elle-même ou d’un viol. En effet, au tout début du film, on la voit lycéenne se faire violer par trois lycéens, dans un porno illégal tourné par des yakuzas et projeté dans un petit bouge. Snuff movie ou était-elle volontaire ? Le doute planera pendant tout le métrage mais les conséquences sont là : alors qu’un petit éditeur de magazines porno flashe sur elle et décide de la retrouver pour l’extraire de la déchéance, le sort fait qu’ils vont se manquer. Alors qu’elle s’enfonce de plus en plus dans le stupre, il essaie toujours de la sauver. Le plan final, superbe, ne laisse aucun doute sur l’image que l’héroïne a d’elle-même. Un film qui montre qu’exploitation peut rimer avec ambition (artistique).
Quand y’en a plus, y’en a encore, et nous on en a jamais assez : encore un Nikkatsu, mais différent celui-là. Plus ancien et donc plus sage, « The Woman From The Sea » (1959) nous change les idées. Ce conte fantastique gentillet se passe au bord de la mer, lorsqu’une jolie sirène va draguer un jeune un peu introverti. Mystérieuse, la fille pêche les poissons à la main et les mange crus (!), dit vaguement où elle habite et arrive à nager des plombes sous l’eau. En parallèle, des gens disparaissent en mer. Et notre jeune héros n’arrive pas à faire 2+2 ! C’est une sirène qui se transforme en requin putain ! Tous les villageois te le répètent et te racontent la malédiction à longueur de métrage et tu veux pas comprendre parce que tu veux te la taper : mais t’es con ou quoi !? Bref le film passe tout seul, sans rester inoubliable.
Pour finir, une séance de minuit qui a tout déchiré, avec le classique des eighties « Streets Of Fire » de Walter Hill. Willem Dafoe en méchant biker avec sa salopette en spandex et son marcel de la mort, Michael Paré en beau gosse qui casse des dents, plus viril qu’un troupeau de buffles en rut, sa dulcinée chanteuse qui s’est fait enlever par les odieux bikers (Angela Davis, sexy en diable), ça respire les années 80 et ÇA TUE ! Le film va droit à l’essentiel (présentation du méchant, enlèvement de la gentille, présentation du héros, opération libération, baston finale, fin) et offre en plus une B.O. rock qui déchire tout. Un putain de moment qui permet de dormir en faisant de beaux rêves !
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