Quelques années après sa dernière pétillante réalisation, le polyvalent cinéaste Michel Gondry fut de passage à Lausanne en Suisse romande, pour présenter son nouveau film « Le Livre des solutions »
« Le Livre des solutions », fiction ou réalité pour vous ?
A mon sens, transposer sur un film, ça devient une fiction. À la base, c’est plutôt de l’actualité.
Quel est l’intérieur du véritable livre des solutions ?
Beaucoup de pages blanches avec quelques petites phrases, quelques symboles.
Au fait, quelle est l’histoire de votre nouveau film ?
Alors, l’histoire du film… C’est un jeune réalisateur qui a eu beaucoup de succès avec son premier film et qui, pour son deuxième film, a eu une grande liberté du fait de ce succès et qui, au lieu de reproduire ce qui a fait son succès dans son premier film, part dans la direction opposée. Les producteurs sont furieux, ils veulent finir le film à sa place. Il emporte le film et son équipe de montage à la campagne chez sa tante pour terminer le film en secret.
A quel moment avez-vous décidé de tourner dans une région qui vous est chère ?
On a tourné dans l’endroit exact où se sont passés les faits qui ont inspiré le film. Premièrement, j’adore cet endroit. Deuxièmement, c’était une expérience assez inédite et géniale de pouvoir tourner, de replacer les acteurs dans les lieux qui ont vu la réalité.
Comment avez-vous choisi celui qui allait vous interpréter ?
On avait une relation avec Pierre Niney depuis 10-15 ans, parce qu’il m’avait choisi comme parrain lors de sa nomination au « Jeune Espoir » ou à « L’Espoir masculin » au « César ». Et puis on était restés en contact. Et puis lui a… bien travaillé. D’une certaine manière, il a beaucoup travaillé, il a évolué et son jeu s’est affirmé. C’est vraiment devenu un des meilleurs acteurs en France. Et je trouve qu’il avait un degré qui a la capacité d’énerver les autres, qui me correspondait assez bien. Il n’avait pas peur d’être antipathique, ce qui était important pour moi. Je ne voulais pas un acteur qui arrondisse les angles.
Vous préférez dessiner, écrire ou filmer ? Et pourquoi ce choix ?
Les trois, il ne faut pas oublier le montage. C’est quatre étapes et le montage, c’est presque ce que le plus important. En tout cas, on a vraiment énormément de possibilités. Il y a des limitations parce qu’on n’a plus l’occasion de reconstruire des images. Donc, l’écriture, il y a un côté assez excitant quand les comédiens commencent à parler. C’est un petit peu ce qui se passe dans notre tête quand, par exemple, on a une dispute virtuelle avec un ami dans sa tête. Le dessin, c’est agréable, mais ce n’est pas obligatoirement… Ce n’est pas une obligation où on peut passer de l’écriture au tournage. Le tournage, c’est une aventure qui laisse un souvenir très fort. Là, c’était génial, ce tournage, c’était comme une colo, parce qu’on dormait sur place, évidemment. C’était… Il y avait un petit plateau avec un village, on était dans des chalets. C’était vraiment le matin, on voyait les gens se lever, ils mettaient leur linge à sécher, enfin, les gens de l’équipe. Donc ils… c’était génial. Donc, c’est le plus fort, en quelque sorte. Et puis, il y a tellement de problèmes à gérer qu’on est sans cesse… C’est vrai qu’il y a un petit peu de stress et de tension parce qu’on est confronté à des montagnes de problèmes avec lesquels il faut faire avec. Et le montage, c’est une relation…, surtout avec le monteur ou la monteuse et… les producteurs et productrices qui interviennent et parfois c’est un petit peu tendu, mais c’est un moment extrêmement créatif. Donc, peut-être c’est le dessin que je mettrais moins, mais ça peut être quand même très intense.
Qui sont « Charlotte » et « Denise » pour vous ?
« Charlotte », c’est ma monteuse et « Denise », c’est Suzette, c’est comme Suzette, ma tante. Donc, ce sont des gens qui ont encaissé quand même beaucoup d’agressivité, d’illogisme par rapport à ce que je leur ai fait subir. Surtout ma monteuse, parce que « Denise », j’avais un respect plus grand pour elle et je devais me comporter de manière plus équilibrée on peut dire. Mais la monteuse, elle perd pas espoir. Je lui rends hommage dans le film parce qu’elle m’a supporté. Dans le sens français et dans le sens anglais qui est soutenu. Et mon assistante aussi. Mais ce que j’ai fait vraiment volontairement, c’est que je ne voulais pas que Pierre Niney, il adoucisse le personnage pour le rendre plus sympathique, mais je ne voulais pas aussi que les gens le détestent. Alors, j’ai remis la responsabilité aux femmes qui l’entourent. Je leur ai demandé de toujours faire une prise où elles étaient gentilles avec lui, même si elles étaient énervées. Et ça m’a beaucoup servi. C’est ce qui fait en partie qu’on peut accepter le comportement du personnage principal.
Et « Carlos » ?
C’était l’assistant de ma monteuse et il avait… C’était pas le technicien le plus pointu. Il toussait tout le temps. C’est vrai que ça m’énervait. Je n’avais pas de patience à cette époque… Un peu un souffre-douleur.
Que dites-vous aux distributeurs de films à présent ?
C’est vrai que quand je vois plein de gens, je vais vous faire un aveu, c’est que je ne sais pas qui fait quoi. Je ne sais pas qui est le distributeur. Surtout que dans les … Bon, c’est pas un film énorme. Donc, on n’a pas des équipes énormes dans la promotion quand on voyage et que parfois, il y a des personnes qui ont plusieurs fonctions.Je traite tout le monde avec déférence et politesse, mais des fois, je ne sais pas qui fait quoi.
Que pouvez-vous nous dire par rapport à votre prochain projet ?
Il y en a plusieurs qui se dessinent. Le plus sérieux on va dire, c’est un… Un musical, une comédie musicale avec la musique de… William… de Pharrell Williams. Qui a été retardée à cause de la grève. Donc, on espère reprendre au printemps. Donc, c’est le plus important. Puis, j’écris un truc qui sera peut-être un film d’horreur, mais je ne sais pas encore.
Le Livre des solutions
FR – 2023 – 1h42 min – Comédie, Drame
Réalisateur: Michel Gondry
Avec: Pierre Niney, Blanche Gardin, Frankie Wallach, Vincent Elbaz, Françoise Lebrun, Sting, Dominique Valadié
Pathé Films Switzerland
13.09.2023 au cinéma