Pour la rentrée 2021, Daily Movies s’est intéressé à ‘Planète Femmes’,concept créé il y a deux ans et stoppé comme beaucoup d’autres projets en plein élan. On reprend là où on s’était arrêté pour encore plus de découvertes. Entretien avec l’enthousiaste Meryl Moser, directrice de Cinérive.
Quel est ton parcours ?
J’ai fait employée de commerce chez Cinérive. Je suis partie à Londres une année pour apprendre l’anglais. Rentrée, j’ai fait différents boulots dont certains sur des tournages suisses. Comme je voulais faire du théâtre, je suis partie à Paris à l’Ecole Jean Perimony durant quatre ans. J’ai joué dans quelques pièces et je suis revenue ici, dix ans plus tard, à trente ans, pour reprendre l’entreprise de mon père (Cinérive) qui est dans la famille depuis maintenant trois générations. Ce n’était pas dans mes plans car je voulais être comédienne – d’ailleurs ça me manque-. J’ai un projet en vue pour 2022 qui me fait du bien. Comme je ne me sentais pas complètement légitime à la tête de cette entreprise, j’ai fait un brevet fédéral de spécialiste en gestion de PME que j’i achevé cette année. Le COVID m’a ensuite aidé à me légitimer car j’ai pu constater que j’arrivai à gérer une entreprise et je me suis aussi rendue compte que je ne désirais pas la gérer comme mon père qui continue cependant à m’aider. Et là ça repart au quart de tour. Mais je souhaite garder du temps pour jouer et écrire, ma passion première.
Comment est né le projet ‘Planète Femmes’ ?
C’est pas moi qui ai eu l’idée, c’est mon collaborateur Jonathan (programmateur de Cinérive). Enfin, on l’a imaginé ensemble. Il y a deux ans j’ai perdu mon meilleur ami et ça n’allait pas fort. Je rentre me coucher et le lendemain, j’ai dans ma boite mail de la part de Jonathan, un lien pour visionner un documentaire. Il me dit que ça pourrait m’aider à me changer les idées, que ça me plaira sûrement. D’abord j’ai pensé que ce n’était pas vraiment le moment timing et puis en fait si. C’était le lien pour regarder ‘#femalepleasure’ de Barbara Miller. Il me dit qu’on pourrait en faire quelque chose pour le 8 mars, journée des droits des femmes. Moi ça m’embêtait parce que je me disais qu’on ne doit pas se battre qu’une seule journée dans l’année, mais toute l’année. J’ai regardé le doc et les trente premières secondes ressemblaient à fond à un truc que j’avais écris et ça m’a complètement emballé, j’ai adoré ! J’ai dit d’accord, on se lance mais pas qu’une fois dans l’année. Il me dit ok, on fait une saison ! Et mon idée n’étais pas de me battre contre quelqu’un mais plutôt de faire évoluer les mentalités et les connaissances des gens. Je ne suis pas féministe pour e battre contre quelqu’un. Pour moi, c’était une saison autant pour les femmes que pour les hommes. Il y a eu une séance sur la ‘petite mort’. Il y avait peu d’hommes mais ils en savaient finalement assez peu sur l’orgasme féminin, mais les femmes aussi. Il y a énormément de femmes qui ne sont pas au courant de leur propre anatomie ou qui savent qu’elles peuvent avoir des orgasmes. Il y a même eu un témoignage d’une femme dans la soixantaine qui était avec son mari qui a avoué ne jamais avoir eu d’orgasme. Ce film a touché beaucoup de gens dans la salle. Il y a eu un partage et un lien qui s’est créé. Finalement, on a monté ‘Planète Femmes’ en un mois pour ce genre de moments avec un petit fascicule. Comme ça a bien marché, on a rempilé en 2020 et on dû s’arrêter au moment du COVID. Cette année, c’est reparti avec la première séance en septembre avec ‘La voix d’Aïda’.
Bilan positif pour l’instant donc?
Les gens aiment, les gens viennent, les gens en redemandent. Il y autant de jeunes que de personnes plus âgées, des familles. Il y a clairement une majorité de femmes malheureusement, mais il y a des hommes qui accompagnent leur femme ou des cinéphiles qui viennent seuls. On essaie de varier les horizons des films sinon on se réduit à un public spécifique. On programme autant de blockbusters que des films d’auteur. Le but aussi de ces séances, c’est de faire un débat à la fin par rapport à la thématique du film, soit avec des personnes liées directement au film comme la réalisatrice de ‘#femalepleasure’, soit avec des gens comme Manon Schick d’Amnesty International pour le doc ‘Woman’ car elle connaît très bien la problématique des femmes dans le monde entier et ça les gens adorent. Et le but ensuite c’est de créer plusieurs ‘Planètes’ comme par exemple ‘Planète LGBT’ qui démarre le 2 septembre, ‘Petite Planète’ pour les enfants’ avec une un samedi matin par mois. On fait une petite présentation avant, mais pas des Disney, plutôt des animés qu’on ne voit pas forcément habituellement, pour inciter les enfants à apprécier les films moins visibles. Et je voudrais en créer d’autres, le but étant d’avoir dix films par année minimum. Lorsqu’il y aura dix thématiques, l’idée est de proposer les différents programmes aux cinémas de Suisse romande.
Est-ce dur de trouver des invités ?
J’ai l’impression que ça a été plus facile pour ‘Planète LGBT’ que pour ‘Planète Femmes’ cette année. Je n’ai pas encore tous les invités pour ‘Planète femmes’.
Dans les films qui sont passés lequel t’a le plus marqué ?
Tous ! (rires). Je dirais ‘Woman’. Je l’ai vu trois fois et ça me bouleverse encore. En plus, avec une invité de qualité comme Manon Schick, c’était incroyable. J’ai aussi été particulièrement touchée par la présence de Marie-Claire Gross qui est auteur et c’était une de mes profs et Marie-Laure Viola de la RTS. Elles étaient venues pour le film ‘Battles of the Sexes’. Et bien sûr ‘#femalepleasure’. Sinon ‘Rivière’, mais c’était en dehors de la programmation officielle avec la réalisatrice qui est venue. On a rempli la salle.
Parle-moi du premier film de ‘Planète LGBT’.
Le premier film est ‘Deux’, deux femmes âgées qui sont ensemble. L’une d’elle a une attaque et le film montre comment cela se passe pour l’autre car la famille n’est pas au courant de leur relation. Les invités sont des personnes travaillant dans un EMS. Pour le reste du programme, tout est accessible sur :