"McQueen" : l’art de la mode, du baroque au gothique

La mode n’est peut-être pas votre tasse de thé. Les créations de Lee Alexander McQueen, celui qu’on a surnommé « le hooligan de la mode » le seront peut-être.

Ce documentaire retrace l’ascension du prodige Lee Alexander McQueen, couturier britannique dont la carrière fulgurante a rapidement donné naissance à un mythe : celui du « bad boy » de la mode, brisant les codes sagement établis par les couturiers les plus classiques, dont les défilés regorgeaient d’audace. Le suicide du couturier en 2010 a mis un point final à la légende : l’exposition qui a suivi au Metropolitan Museum of Art l’a parachevée. Intitulée Savage Beauty, cette exposition qui rassemble les créations du couturier depuis ses travaux de diplôme jusqu’aux collections de sa griffe personnelle, a battu des records d’entrée au musée inégalés. C’est donc bien à l’étude d’une fable qui fascine que le film McQueen s’attache, abordant la vie du couturier en cinq chapitres correspondant à autant de collections jalonnant l’histoire personnelle du designer.

Mêlant images d’archives (séquences tremblotantes tournées caméra au poing dans la jeunesse du couturier) et captations vidéo de défilés à des témoignages de proches et collègues de travail, McQueen se lit comme un documentaire romancé, une biographie mise en scène. On y observe, en parallèle de collections de plus en plus sombres et audacieuses, à la scénographie assurant un spectacle frôlant l’art performatif (la collection de l’été 1999, montrant Shalom Harlow tournoyant sur une plate-forme au milieu de sprays à peinture automatisés : un moment d’anthologie dans l’histoire de la mode, qui devient une séquence exaltante sur grand écran).

Si on ne peut qu’apprécier cette plongée dans les ateliers d’un homme sentant ne pas rentrer dans les cases, submergé par une célébrité intense et soudaine, esquissé par les récits de ceux qui l’ont aimé, on regrette cependant les longueurs dont le film fait preuve : elles diluent le propos et tendent à faire décrocher. La formule narrative est classique, peine un peu parfois à maintenir le rythme, mais le résultat convainc tout de même.