Est-ce que, vraiment, deux, c’est assez, et trois, de trop ?!
« Massacre à la tronçonneuse 3 – Leatherface » n’atteint ni l’inventivité, ni le spectaculaire des deux films qui le précèdent, à côté desquels il apparaît plus essoufflé et anémié, bien que le métrage présente tout de même quelques spécificités .
Le film raconte l’histoire de Michelle et Rayan, un couple qui, en sillonnant les routes du Texas, se fait intercepter par la famille Sawyer, qui tentera de les tuer. Rejoints par Benny, ils tâcheront de sauver leur peau des dangers de cette famille cannibale et tronçonneuse.
De nombreuses répétitions
On le constate rapidement ; l’histoire de ce troisième opest quasiment identique à celle des deux films précédents, reprenant le même schéma narratif et plusieurs de ses aspects-clé. Il ne faut ainsi pas s’attendre ici à un scénario des plus aboutis, ni d’ailleurs à une production particulièrement mémorable. On y suit le périple d’un héros indestructible, Benny, qui survivra à toutes ses blessures et viendra à bout de ses ennemis après des combats de tronçonneuses herculéens , réapparaissant par surprise (mais alors quelle surprise) tandis qu’on le croyait mort, figure du bien venant à la rescousse d’une héroïne capturée en proie aux sévices de la famille, composée entre autre d’un Viggo Mortensen sadique, un frère brutal friand de tronçonneuses (à qui on offre la légendaire « golden-chainsaw »), d’une fille sanguinaire, de sa mère dégénérée, d’un grand-père sénile, et c’est à peu près tout.
Si cette écriture relativement simple ne posait pas de problèmes particuliers aux deux films précédents, c’est en grande partie parce que leur direction artistique remarquable compensait et effaçait le manque de profondeur de certaines légèretés scénaristiques, en plus d’autres qualités cinématographiques (notamment un style immersif ou dynamique sur lesquels était portée l’attention). Ce troisième opus, pour sa part, en souffre d’avantage, puisqu’il n’a pas pour lui l’expressivité artistique hors-normes qui faisait l’intérêt des précédents, du moins pas à un niveau suffisamment prononcé pour qu’elle soit vue comme un atout majeur et caractéristique du film (même si il faut lui reconnaître quelques qualités artistiques ou idées originales, qui seront abordées au long de cet article). Scénaristiquement parlant, il reprend ou adapte beaucoup d’idées des deux films précédents, parfois à l’identique, aboutissant à un effet répétition plus ou moins marqué (que l’on voyait déjà surgir dans le second opus malgré son changement de ton radical, ici plus présent encore).
Et quelques distinctions
Sur le plan de la mise en scène, on notera l’adoption d’un ton beaucoup plus sombre et sérieux, avec beaucoup de scènes nocturnes, un esprit lugubre que l’on n’observait pas dans les films précédents, ce qui permet à l’œuvre de se démarquer de ses deux ainées par son caractère esthétique et atmosphérique respectif (pour rappel, le premier film était noyé sous les lumières aveuglantes du texas, et le deuxième brillait comme un sapin de Noël sous les lumières artificielles), malgré leurs nombreuses ressemblances sur d’autres points. Beaucoup de scènes se déroulent durant la nuit, à la pénombre d’une atmosphère tendue où on ne voit pas l’ennemi, mais où on l’entend approcher, et où les silhouettes troubles remplacent les visages. Une teinte bleuâtre hante le film et l’immerge dans une belle palette, quasiment surréelle, teintée de mystère, que complète l’enchevêtrement complexe et sinueux des branches lugubres de la forêt.
Les bruits de la nature habitent le film et permettent de créer une ambiance naturaliste particulière, rythmée par les insectes, les animaux et les bruissements des feuilles. Les scènes se déroulant à proximité de l’étang ajoutent également une touche quasiment mystique au métrage, baignant dans les vapeurs, les textures aquatiques et les reflets lumineux bleuâtres envoûtants et irréels, ce qui donne lieu à quelques plans mémorables.
Les décors de la maison Sawyer, jonchée une fois encore de cadavres desséchés, présentent à l’écran un univers chargé d’un caractère malsain comico-horrifique dans lequel peut évoluer la famille Sawyer dans toute sa démence.
On notera également le travail remarquable effectué sur la putréfaction des textures humaines lors des scènes de déterrement des cadavres en début de film, extrêmement réalistes et quasiment palpables, une scène qui marque explicitement le ton d’avantage boueux et visqueux du film, les deux premiers s’attardant davantage sur des textures plus sèches et poussiéreuses.
Parmi les nouveautés familiales, l’horreur familiale se propage désormais jusqu’à à l’âge infantile, jusqu’alors épargné de la corruption par deux-métrages précédents, puisque tout simplement inexistant. Après celui les grands-parents et des parents, voici venu le mal des enfants. La figure d’apparence innocente de la petite fille s’avère elle aussi infectée par la déviance familiale, l’enfant, possédant en guise de poupée un cadavre de bébé desséché, et souhaitant exécuter elle-même le meurtre, pour reprendre le flambeau paternel.
Une œuvre sympathique, mais difficilement mémorable
Le film comporte en quelque sorte deux parties ; l’horreur, lors des scènes en extérieur, marquées par un ton plus sérieux et tendu (même si le grotesque demeure), rythmée par les silences que viennent percer les vrombissements des tronçonneuses, et la comédie, à l’intérieur de la maison, avec la famille meurtrière. Dans cet opus, la comédie se rapproche d’avantage de l’absurde, et, excepté quelques disputes familiales et quelques répliques, mais surtout la « Golden chain saw », d’Excalibur ultime de la saga et Graal de la famille, ne propose rien de particulièrement marquant ni très nouveau. On y tisse à nouveau des relations familiales décalées, des personnalités folles et des interactions absurdes et délirantes, qu’on a vu par deux fois déjà.
Sinon, on en retient du film les surjeux de Viggo Mortensen (même si, sur ce point, Matthew Matthew McConaughey battra tous les records avec sa performance nanardesque immortelle dans le film suivant), des acteurs moyens en règle générale, et quelques scènes sympathiques.
Ainsi se présente ce troisième opus de la saga Massacre à la tronçonneuse ; un film relativement classique, d’une qualité moyenne, divertissant, avec quelques bonnes idées, un peu de répétitions, mais sans grande maestria ni aucun sens du spectaculaire. Si vous êtes des âmes égarées à la recherche d’une soirée sans prise de tête, amateurs de tronçonneuses (en or !), de films de minuit et de forêts lugubres, ce film est peut-être pour vous. Sinon, passez votre chemin, vous survivrez sans encombres. 🙂
Fiche IMDB du film
Fiche Senscritique du film
The Texas Chain Saw Massacre 3 – Leatherface
Réalisé par Jeff Burr
Sorti en 1990
Avec William Butler, Kate Hodge, Viggo Mortensen, Tom Everett
Durée : 82 min
Société de distribution : Sidéral films