Après avoir filmé un Nicolas Cage sauvage et insaisissable dans « Joe », David Gordon Green nous revient avec un nouveau personnage solitaire et torturé, « Manglehorn » (Al Pacino).
Le film narre l’errance d’A.J. Manglehorn dans un présent dont il est totalement déconnecté, lui qui est encore hanté par son passé et la perte de son grand amour.
Manglehorn est un homme fermé et la métaphore, pas franchement subtile, de son métier de serrurier est là pour rappeler l’opposition constante entre le présent, offrant une ouverture (son quotidien est d’ouvrir les portes de ses clients) et le passé, dans lequel il semble enfermé.
L’intérêt principal du film est de voir Pacino déambuler, comme un lion attendri, dans un quotidien où les humains ne semblent être plus qu’un décor et où son chat apparaît comme étant devenu l’unique intérêt d’une vie de regret.
Malheureusement, le film est trop insistant et n’arrive réellement à nuancer le poids du remord que par la sensibilité et la sincérité de la toujours sublime Holly Hunter. Il faut également saluer David Gordon Green pour les quelques fulgurances visuelles de son film, tiraillé entre un classicisme trop stylisé et un certain onirisme lancinant et coloré.
Dommage, encore une fois, que la trop belle photographie du film ne donne à l’ensemble des allures de conte mélancolique un peu sirupeux. Cette impression-là est renforcée par les quelques notes de musique tendre et nostalgique qui viennent naïvement rythmer le film. On a l’impression que les intentions de l’auteur auraient pu construire une œuvre fragile et émouvante, mais qui s’avèrent finalement inaboutie dans ses thématiques et son esthétique.
Manglehorn
De David Gordon Green
Avec Al Pacino, Holly Hunter, Chris Messina, Harmony Korine
Praesens