En 2017, 3 Suisses annoncèrent avec le peu de moyens qu’ils avaient, un film bien distinct de tous les « Heidi » connus. Drôle, violent, sanglant, original et efficace, il leur a fallu 5 ans pour que cet incroyable projet aboutisse. Et il en vaut largement la peine.
Dans un monde où la Suisse s’avère différente de l’actuelle, Meili dirige non seulement ce pays, mais en plus, il inflige une consommation drastique de son fromage sur fond de fascisme. Pendant qu’Heidi et le gardien de chèvres Peter vivent dans une relative insouciance, le grand-papa de la jeune femme essaie lui aussi, de lui offrir le minimum de liberté. Néanmoins, tout va changer à cause du marché noir du fromage. Heidi va devoir se radicaliser et se transformer en une véritable guerrière. Sa soif de vengeance va la mener à rencontrer divers personnages au sein d’endroits à la fois incongrus, comme déroutants. Pour elle, le temps est venu de montrer les valeurs du peuple face à cette dictature et discrimination fromagère…
Outre le genre qui diffère énormément des productions suisses, « Mad Heidi » se distingue dès les premières minutes au travers de son introduction dénonçant à sa manière, le manque de soutien regrettable des distributeurs de films helvétiques.
Derrière cette entrée en matière amusante et son scénario original, un trio central suisse. A savoir les 2 cinéastes Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein, ainsi que le producteur Valentin Greutert. 3 personnes très investies par rapport à « Mad Heidi », car presque aucune entreprise suisse, ne les a soutenus d’une quelconque manière.
De ce fait et entre leurs recherches de fonds compliquées, au point qu’une partie de l’équipe se profila au travers de différentes manifestations avec un stand à l’exemple du « Week-end of Hell 2018 », le tournage commença finalement, en 2020.
A partir de ce moment-là, outre le choix antérieur de la comédienne Alice Lucy jouant « Heidi », les rôles s’attribuèrent plus rapidement à d’autres comédiens-iennes, connu-e-s ou non internationalement.
Ainsi, Casper Van Dien (« Starship Troopers »), David Schofield (« Darkest Hour ») ou encore Katja Kolm (« Licht ») endossèrent des rôles bien distincts, néanmoins véritablement drôles et idéaux pour une belle « Swissploitation ».
De cette façon, les personnages de « Knorr » ou « Fräulein Rottweiler » ajoutent par exemple, une bonne dose de plaisir sur fond d’hémoglobine. Ainsi et grâce à ces différents éléments respectés, la « Swissploitation » honore ce genre cinématographique.
Au sein de « Mad Heidi », l’horreur et l’humour, gardent une belle linéarité. Des effets spéciaux ringards, aux dialogues dépassés en passant par des morts amusantes et authentiques, tout est réussi et diverti jusqu’au dernier moment.
A propos des dernières minutes, même la séquence finale amène un questionnement intéressant, sans l’intellectualiser. Mais s’attarder quant à cette scène, reviendrait à trop en dévoiler et ce n’est pas l’objectif de cette critique.
Musicalement, « Mad Heidi » se dote également d’une très bonne bande-son. Composée par le méconnu Suisso-Bosniaque Mario Batkovic (« Red Dead Redemption II »), les mélodies se mêlent habilement aux différents genres.
Si le rock règne et fait plaisir à écouter, les années 80 et le son électro demeure aussi souvent employé à bon escient. Même si les 2 thématiques ne se mélangent pas certainement de manière volontaire, leurs utilisations s’emploient de façon efficace et ajoutent une parfaite synergie à « Mad Heidi ».
Quoiqu’il en soit, ce long-métrage ne s’adresse pas à un large public à cause (ou grâce à) de sa dose d’hémoglobine, de sa violence et de ses morts très cocasses, mais pouvant choquer les âmes sensibles et les plus jeunes.
Néanmoins et comme l’un des personnages le dit : « Le fromage grillé, c’est meilleur ! ». Surtout quand il se grille des 2 côtés et que cette « Heidi » ne demeure pas la plus docile…
Mad Heidi
CH – 2022
Durée: 1h32 min
Réalisateurs: Johannes Hartmann, Sandro Klopfstein
Avec: Alice Lucy, Max Rüdlinger, Casper Van Dien, David Schofield, Katja Kolm
Praesens-Film AG
23.11.2022 au cinéma