Présenté à la Quinzaine Des Réalisateurs, le film d’animation de Claude Barras a rencontré un succès unanime lors de sa première projection publique à Cannes
Un film suisse en avant-première sur la croisette, on se devait d’y être. Mais on ne se doutait guère que Ma Vie de Courgette serait un uppercut aussi renversant, rencontrant une ovation digne de ce nom de la part des spectateurs et de la critique lors de sa première projection, ce dimanche matin au Théâtre de la Croisette.
Sept ans de pré-production et 36 mois de tournage ont été nécessaires pour faire prendre vie aux marionnettes de Courgette et ses amis. Entièrement réalisée en stop-motion, l’animation prend vie dans un univers rêveur, dont les grands yeux de ses personnages font immédiatement penser aux pantins d’un certain Tim Burton. Plus lumineux et coloré, le film raconte l’histoire de Courgette, un jeune garçon timide se croyant seul au monde lorsqu’il perd sa maman. Placé dans un foyer pour enfants, il fera la rencontre de Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice, dont les histoires tragiques les rendent terriblement émouvants. À l’arrivée de Camille, 10 ans, Courgette trouvera un nouveau sens à sa vie et une personne à qui donner de l’amour.
Dès les premiers instants, le personnage solitaire de Courgette ne demande qu’à être aimé. Le design du personnage, ses cheveux bleus et son petit nez rouge, le rend immédiatement attendrissant. Si l’originalité et la profondeur du visuel contribuent grandement à l’émotion du long-métrage, le scénario de Céline Sciamma prend une dimension foudroyante, où les paroles enfantines trouvent plus que jamais une maturité indéniable dans la description de leur réalité. À travers le regard des bambins, le spectateur adulte passe par toutes les émotions, témoin de leur rage de vivre et leur désir profond d’être aimés.
Barras et Sciamma réussissent un coup de maitre en rendant leur animé aussi doux et léger que leur histoire est déchirante. Sans oublier que l’on rit. Beaucoup même. Grâce à la tendresse de la naïveté enfantine et leurs discussions animées. Entre les parents drogués, expatriés, violents, ou suicidaires, chaque histoire tragique forge la psychologie de chaque enfant avec délicatesse. Sans jamais sombrer dans une lourdeur dramatique, le ton trouve une légèreté poétique grâce à la simplicité insouciante de ses héros maltraités et abandonnés.
Certainement le film le plus renversant à ce stade du Festival, Ma Vie de Courgette est un chef-d’œuvre instantané, applaudi de bon cœur par les premiers chanceux, et ce jusqu’au point final du générique.
Ma Vie de Courgette
De Claude Barras
Avec les voix de Gaspard Schlatter, Sixtine Murrat, Paulin Jaccoud
Praesens Films
Sortie le 19 octobre 2016