L’improbable voyage d’Harold Fry : Les larmes aux yeux !

Tiré d’un roman à succès, le long-métrage d’Hettie MacDonald raconte comment un vieil homme a parcouru toute l’Angleterre à pied pour sauver une amie.

L’idée essentielle d’aller vers les autres et de tisser des liens avec les êtres et des lieux autour de soi, c’est le sujet de cette nouvelle création britannique.

Harold Fry, héros de cette histoire, n’est pas parti en voyage, comme laisse entendre le titre en français de ce long-métrage. Bien au contraire, le retraité britannique a enduré les pires souffrances pour atteindre le but qu’il s’est fixé sur un coup de tête.

Tiraillé par le remords d’avoir abandonné une collègue de travail qui lui a rendu un précieux service une vingtaine d’années auparavant, et souffrant de la perte d’un être cher auquel il n’a pas porté assistance au moment opportun, cet ancien maître brasseur n’est plus que l’ombre de lui-même. Sa relation de couple est devenue monotone et sa vie n’est pas pimentée. L’homme se lève le matin pour épier les voisins et attendre impatiemment la venue du facteur. Son épouse est, quant à elle, obsédée par le rangement et le nettoyage.

L’annonce de la mauvaise condition physique de Queenie Hennessy, son ancienne collègue, atteinte d’un cancer, va secouer le britannique au point de lui faire prendre conscience de sa lâcheté et de sa situation. L’homme à l’allure triste va, sur le conseil d’une jeune pompiste rencontrée un soir, non seulement reprendre sa vie en main, mais également parcourir plus de 700 Miles du Sud du Devon jusqu’en Ecosse pour donner espoir à son amie souffrante à qui il a promis une visite.

Lors de son pèlerinage, le vieil homme va rencontrer de nombreuses personnes qui vont s’intéresser à son projet, le soutenir et tenter de l’aider à atteindre son but. Ce donneur d’espoir profitera également du temps à disposition pour faire son autoréflexion…

Ce long-métrage de la réalisatrice britannique, Hettie MacDonald rappelle fortement un épisode de la comédie dramatique américaine « Forrest Gump », mais cette fois-ci, il ne s’agit pas de réunir un groupe pour un projet humaniste. Le thème principal du film est beaucoup plus profond que cela. La cinéaste présente la souffrance physique du marcheur et la compare à sa douleur intérieure. La promesse tenue, n’est en fait qu’un prétexte, car Harold Fry se bat pour et contre lui-même !

Tirée du roman à succès de Rachel Joyce « The Unlikely Pilgrimage de Harold Fry » sorti en 2012, cette création fait sortir les mouchoirs mais donne de l’espoir. Nous suivons Harold durant ses quatre-vingt-sept jours de marche. Son épouse Maureen indifférente au début du film va aussi, avec le temps mieux comprendre les raisons du départ hâtif de son mari.

Pour jouer les personnages principaux, la cinéaste a choisi le duo Jim Broadbent-Penelope Wilton. Les deux comédiens sont parfaits dans leurs rôles respectifs. Jim donne à Harold Fry une sensibilité unique en son genre. Ses yeux rougis accentuent la détresse du randonneur lors des moments clé du film. Quant à l’actrice, elle a su parfaitement jongler avec les traits de caractère de Maureen.

Dans le roman et le film, la nature joue un rôle central, tout comme les paysages anglais et écossais qui sont bien mis en valeur. Pour coller au mieux à l’histoire, la réalisatrice et sa responsable photo ont entrepris le voyage de Kingsbridge à Berwick-upon-Tweed pour repérer des lieux intéressants.

Le tournage a débuté en septembre 2021 dans les comtés du Devon, Somerset, Gloucestershire et Yorkshire. (Les villages et localités de Loddiswell, South Brent, Exeter, Tiverton, Bath et Sheffield ont également servi de décor au film).

Hettie MacDonald (connue pour avoir produit de nombreux épisodes de séries anglaises) a choisi les lieux de tournage et les plans en fonction de ce qui lui semblait convenir pour le paysage émotionnel d’une scène. Comme l’essentiel de l’histoire se déroule dans l’esprit d’Harold, la plus grande difficulté pour l’équipe du film a été de faire comprendre la situation au public sans forcément passer par le dialogue.

Ce long-métrage est une critique réaliste de la société actuelle. Le sujet principal est, certes, dramatique mais ne tombe jamais dans la caricature. Cette magnifique histoire pleine d’espoir, nous pousse à faire preuve de courage et à s’aventurer dans l’inconnu pour affronter ce qui nous terrifie.

Il est intéressant de noter que la bande originale du film a été confiée à Sam Lee, un chanteur folk, spécialiste en musiques traditionnelles. Les morceaux choisis donnent encore plus d’intensité à l’ensemble.