Le nouvel Wes Anderson si attendu, comme toujours, est une véritable petite pépite. Imprégnant d’emblée le public dans une atmosphèr et vie très japonaises, le passé et le futur sont omniprésents dans l’intrigue qui est superbement soignée.
[dropcap size=small]M[/dropcap]egasaki est une mégapole au Japon envahie par les chiens. Les années passèrent, mais une épidémie de grippe canine frappa soudain mortellement les humains. Agissant au plus vite, le maire de la gigantesque ville ordonne que tous les canidés soient envoyés sur une île extrêmement polluée au large de Megasaki. Les années s’écoulant, la population les envoie machinalement là-bas. Jusqu’au jour où le jeune Atari qui a 12 ans, vole un avion et se rend sur place pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidés par une bande de 5 chiens intrépides et attachants, ils découvrent une conspiration menaçante et grandissante. Sauveront-ils les habitants et les animaux à temps ?
Avec « L’Île aux chiens », le réalisateur Wes Anderson signe sont 10ème long-métrage en beauté. S’il s’agit de sa seconde mise en scène en stop-motion (c’est-à-dire que l’animation est tournée image par image), sa première étant « Fantastic Mr. Fox » sorti en 2010, les animaux sont tout autant au cœur de la trame. Le sujet diffère certes, mais n’en reste pas moins attendrissant et prouve la fidélité et la tendresse qu’éprouvent les animaux. D’autres sujets sensibles, comme ces nouveaux continents de déchets naissants sur les océans, sont mis en avant. De nos jours, il est encore impensable de songer que ces monticules puissent atteindre le niveau montré, pourtant la réalité pourrait un jour rattraper la fiction. Quoiqu’il en soit, les thèmes abordés restent honnêtes et parfois dramatiques, bien que traités avec une certaine légèreté.
Mais la valeur principale de « L’Île aux chiens » se situe au niveau de la qualité et minutie de la création des décors et personnages. Car sans ces éléments, la stop motion n’aurait pas le rendu impeccablement filmé. Respecté aussi, car la culture japonaise est très importante et formidablement bien honorée. Ainsi, dès le générique de début, les noms des comédiens-iennes sont traduits en langue anglaise et japonaise. Même si la plupart d’entre eux vivent aux États-Unis, ils donnent vraiment l’impression de s’être beaucoup investi afin de rendre les accents au plus juste et précis. Qui plus est, la plupart ayant participé au projet cinématographique sont fidèles aux réalisations de Wes Anderson comme Tilda Swinton (« The Grand Budapest Hotel ») ou Edward Norton (« Moonrise Kingdom »). L’équipe asiatique vocale est tout autant douée et efficace à l’exemple de Kunuchi Komura (« Lost in Translation ») qui en dehors de son travail d’acteur, est notamment animateur radio et DJ.
« L’Île aux chiens » a tout pour plaire à un large public. L’histoire est assurément émouvante, mais interpelle quant au futur entre l’homme, la nature et les animaux. Et plus particulièrement les chiens qui sont proches des êtres humains. Ces sujets ont largement séduit le jury du festival berlinois 2018, les Berlinales. Audacieux et original, son film animé a permis à Wes Anderson de recevoir le prix du meilleur réalisateur audit festival.
Les juges de la manifestation liée au 7ème Art ne seront certainement pas les seuls à en être conquis. Parce que L’Île aux chiens a réuni tous les ingrédients pour en faire une magnifique animation avec de nobles sentiments. Mais aussi parce que le degré de violence est quasiment inexistant et ne choquera nullement les enfants. Au contraire, l’idée de base a tendance à les responsabiliser tout comme leurs parents, sur la gestion d’une vie animale et l’impact émotionnel qu’ils peuvent créer. Bien que l’histoire ne puisse pas être comprise par tous les chérubins, les adultes les accompagnants pourront aisément la leur expliquer. « L’Île aux chiens » permet de passer un moment magique, agréable et saisissant qui ravira petits et grands.
Isle of Dogs (L’île aux chiens)
USA – 2018 – Animation
Réalisateur: Wes Anderson
Acteur: Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Bryan Cranston, Jeff Goldblum, Edward Norton, Bill Murray
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11.04.2018 au cinéma