3 ans après sa dernière réalisation « Normandie Nue », le cinéaste Philippe Le Guay présente un nouveau film d’un tout autre genre. De la comédie dramatique au film à suspense, il prouve que son virage scénaristique est bien maîtrisé et surprenant.
La famille Sandberg, soit Hélène, Simon et leur fille Justine, vivent au cœur de Paris dans un luxueux arrondissement. Tous les 3 sont souvent occupés entre leur différent métier et les études de Justine. Suite à une décision commune, ils vendent leur cave ne leur étant plus vraiment utile. Leur acheteur se présente comme un enseignant organisé, soigneux et idéal en reprenant ce bien immobilier. Mais Jacques Fonzic cache admirablement son jeu. En fait, le sympathique acheteur va d’abord commettre d’étranges actes dans la cour de l’immeuble. Puis, il va continuer en harcelant les Sandberg pour des raisons que ces derniers ne comprennent pas. Se sentant menacée, la famille va devoir se défendre. Et pour se faire, il va falloir comprendre la mystérieuse et sombre personnalité de ce lugubre individu.
Afin de tourner « L’Homme de la cave », le réalisateur Philippe Le Guay s’inspira d’une situation réellement arrivée et tout autant délicate. En effet, sa fiction se base sur le vécu de certains de ses proches.
Cependant au sein de cette adaptation, un élément crucial fut changé. Car à la base, le repreneur était un néo-nazi. Une modification quant aux croyances et intentions du personnage joué par François Cluzet (« Le Collier rouge »). Un choix scénaristique certes, néanmoins cette décision remanie une version qui aurait pu être davantage dramatique, intéressante et audacieuse.
Quoiqu’il en soit, la performance du comédien susmentionné impressionne et surprend dès son arrivée en scène. Ainsi, « Jacques Fonzic » demeure tout au long du récit, funeste et malsain grâce à cette formidable interprétation. En outre et par le biais de son rôle à contre-courant, François Cluzet affirme également sa polyvalence et son talent.
Il n’est toutefois pas le seul à intensifier à merveille « L’Homme de la cave ». Jérémie Renier (« Les Aventures de Philibert, capitaine puceau ») et la jeune actrice Victoria Eber (« Capitaine Marleau ») jouant sa fille « Justine », le font tout autant bien. En particulier par le biais de leur gestuelle, pensées et sentiments exprimés, qui accentuent leur colère souvent alimentée par les sournoiseries oppressantes faites par « Jacques Fonzic ».
Quant aux autres membres de la distribution, ils prouvent également leur aisance au sein d’un tel drame. A commencer par Bérénice Béjo (« L’Extraordinaire voyage du fakir ») qui grâce à son interprétation, frise la paranoïa à un juste degré. Mais elle fera aussi son maximum afin que sa famille reste saine et sauve face à cet étrange et sombre individu.
Au niveau des rôles secondaires représentants très souvent le voisinage, la présence disséminée de ces différent-e-s comédiens-iennes ajoute indubitablement, un doute auprès des spectateurs-trices. A savoir, qui croire entre la respectée famille « Sandberg » et ce mystérieux professeur fort bien organisé ?
En sus de l’excellent casting précité, l’une des autres plus-values de ce thriller, se situe par rapport aux lieux de tournages. S’il s’avère possible qu’une partie d’entre eux aient été reconstitués pour des raisons logistiques notamment, entre le superbe appartement, la sinistre cave et la cour de l’immeuble, tout est réuni afin de créer plusieurs atmosphères parfaitement adaptées au niveau du long-métrage.
En fin de compte, si « L’homme de la cave » s’adresse à un large public et fait clairement comprendre que les comportements et pensées discriminatoires existent encore, cette fiction ne demeurera pas incroyablement marquante ou choquante.
Néanmoins, entre l’angoisse se percevant tout au long de l’histoire, la cohérence et le sens du rythme de cette dernière, les spectateurs-trices plongeront rapidement dans la trame où finalement, personne n’en ressortira indemne.
L’Homme de la cave
FR – 2021
Thriller
Réalisateur: Philippe Le Guay
Casting: François Cluzet, Bérénice Béjo, Jérémie Renier, Victoria Eber, Patrick Descamps
Agora Films
13.10.2021 au cinéma
L’homme de la cave est un film d’autant plus interessant qu’il met en exergue le traitement de l’antisémitisme, un problème irrésolu depuis la fin de la guerre et dont nous voyons les résurgences. C’est le combat d’un homme qui croit en la république et en ses lois, malgré sa lourdeur et sa lenteur. C’est le combat d’un homme qui croit que l’antisémitisme primaire est mort et enterré malgré la pression de son voisinage. C’est la combat d’un homme qui croit que la société est plus respectueuse que cela, malgré le discours de certains. C’est le combat d’un homme qui ne croit pas en la violence comme solution malgré ce que l’on veut bien dire. C’est le combat d’un homme qui lutte en pensant que l’intelligence est plus plus forte que les coups de poing. C’est le combat d’une homme qui essaie d’inscrire son histoire dans celle de sa famille… Jusqu’a la désillusion. Alors quelle réponse apportée ?