Lors de sa sortie en salles, le dernier documentaire de Jean-Stéphane Bron a attiré à peine plus de 15’000 spectateurs sur le territoire helvétique. Pour le dire poliment, on dira que « L’Expérience Blocher » n’a pas trouvé son public. Ce résultat était d’autant plus décevant que le film du Vaudois affichait de nombreuses qualités. Contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, il n’est jamais question de dénonciation ou d’admiration dans « L’Expérience Blocher » (faut-il y voir l’une des raisons de son échec ?). Loin des débats partisans, Bron cherche à découvrir et à comprendre l’homme qui se cache derrière cette bête politique. Pour se faire, le réalisateur l’accompagne dans son quotidien, l’observe, ne force jamais la confidence et ne cherche à aucun moment à polémiquer. En un mot : il tente de percer ses secrets. « Je ne me connais pas, je ne sais pas qui je suis, avoue Blocher. Je ne m’observe jamais. Je suis un homme d’action. Pourquoi je suis comme je suis, je ne le sais pas, mais ça m’intéresse de le savoir. Comme c’est vous qui faites le film, je ne peux qu’espérer que vous le ferez avec honnêteté. » Et justement, malgré une musique grondante qui aurait très bien pu être composée pour un film d’horreur (seul véritable défaut du film), le portrait se veut honnête et nuancé. Au final, nous comprenons que Christoph Blocher est avant tout un être fait de secrets. Approcher et tenter de sonder l’ombre de cet homme qui a grandi dans la même maison qu’un certain C.G. Jung s’avère un exercice essentiel tant sa figure a marqué l’inconscient collectif helvétique. Aujourd’hui peut-être plus que jamais…
L’expérience Blocher
De Jean-Stéphane Bron
Frenetic /TBA Phonag