Dans la série de documentaires « Les éditions RTS », produits et réalisés par et pour notre chaîne de TV suisse romande et publiés en DVD, on trouve notamment des émissions consacrées aux 26 cantons constituant la Confédération helvétique. Parmi tous ces titres, mon choix s’est porté sur deux portraits « d’aventuriers » helvétiques. Il s’agit respectivement du Vaudois Claude Nobs, directeur et fondateur du Festival de Jazz de Montreux, ainsi que d’Erhard Loretan, alpiniste fribourgeois émérite. Deux figures nationales, qui a priori n’ont rien en commun si ce n’est un parcours de vie, mettant en évidence la volonté de se surpasser, l’un assez pour se mesurer aux plus grands sommets alpins, l’autre, pour créer, par passion de la musique, le Festival de Jazz de Montreux, une institution mondialement reconnue, qui a fêté ses 50 ans d’activité musicale en 2016, en l’absence de son fondateur qui nous a quittés le 10 janvier 2013.
Commençons par le documentaire autour de Claude Nobs. Il s’agit avant tout d’un long entretien (52 minutes menées tambour battant et avec brio par le journaliste Christian Jacot Descombes) dans le cadre bucolique du chalet Le Picotin, à la fois musée personnel, refuge et lieu de détente pour les musiciens de passage chaque été à Montreux. On regrettera donc l’absence d’images d’archives pour agrémenter les propos tenus (hormis une séquence de jam à l’harmonica en épilogue), mais cette approche sans fioritures, ni décorum, a le mérite de resserrer le propos et de nous concentrer sur l’homme et son vécu. D’abord, jeune apprenti cuisinier à Bâle, que la découverte du jazz et le hasard vont conduire à placer Montreux et la Suisse sur la carte mondiale des musiques rythmées. En parallèle, Nobs travaillant pour l’antenne suisse de la multinationale discographique WEA (Warner Brothers,/Elektra,/Atlantic). L’interview nous présente un homme féru de rencontres et de projets fous, de nouvelles technologies et très tôt intéressé par l’archivage en vidéo et la pérennité des prestations des artistes se produisant sur la scène de Montreux.
Autre sujet, autre traitement avec le documentaire « Respirer l’odeur du ciel », hommage au Valaisan Erhard Loretan, constitué des témoignages recueillis à chaud, peu après le décès du montagnard, auprès de ses compagnons de cordée (Jean Troillet et André Georges), par le journaliste Benoît Aymon, devenu un proche de Loretan au fil du temps, cinq émissions de la série « Passe-moi les Jumelles » lui ayant été consacrées. L’épisode le plus bouleversant reste celui qui fait intervenir Xénia Minder, jeune alpiniste et compagne de Loretan, rescapée de l’ultime randonnée fatale au Valaisan, dont les médias ne connaissaient pas l’existence avant ces funestes événements. Une émission constituée d’archives parcourant l’ensemble de la carrière du guide. Un homme, simple modeste réservé et non exempt d’humour, tout dévoué aux autres et à sa passion des sommets. De par ses grandes qualités ce documentaire a reçu de nombreuses récompenses, notamment le Grand Prix du Festival International du Film de Montagne d’Autrans en 2011.
[Miguel Gregori de Fnac Blog]