Noël approche, et vous vous creusez certainement la tête pour trouver le cadeau qui ravira votre enfant/petit neveu/filleul/petit cousin. Ne vous inquiétez pas ! Nanarland a exhumé au fin fond du rayon enfants des bacs à soldes une série de dessins plus ou moins animés aussi nanardesques que peu chers, et produit par un margoulin bien connu des nanardeurs : le légendaire Joseph Lai (maître du film de ninja 2-en-1). Un gage de qualité !
AUX FRONTIERES DE L’ART ABSTRAIT
L’histoire des « Défenseurs de l’Espace » fleure bon le déjà-vu : un empire galactique maléfique s’attaque à une planète paisible. Le dernier espoir de ses habitants réside dans un groupe d’adolescents aux commandes d’un robot géant qui vont aller mettre une mémorable branlée aux vilains aliens. Au début du film, nos ados sont au moins sept ou huit. Un peu plus tard ils se retrouvent à quatre, sans qu’on ne sache jamais ce qui est arrivé aux autres. Le chef de file, dénommé Henry, ne ressemble à rien, il est trop occupé à avoir le regard toujours tourné vers l’avant. Sa copine Mary retient déjà plus l’attention avec son regard irrémédiablement vide qui, allié à son visage souvent déformé par la nullité du dessin, lui donne souvent l’air d’une handicapée mentale.
Pour les aider dans leur combat, ils peuvent compter sur leurs deux sidekicks comiques rescapés et sur le Professeur, qui en fait ne sert à rien, mais parle avec un accent allemand super mal imité. Citons enfin le chef de la résistance, sorte d’inspecteur Columbo qui aurait volé le pull et la veste de Nicky Larson.
En face, les méchants sont largement à la hauteur. Leur chef est l’empereur Nicholas, un vieux Parrain qui ne se lève jamais de sa chaise, secondé par deux généraux incapables, et surtout par sa charmante fille. Déjà pas un canon à la base, à moins d’apprécier les drag-queens maquillés comme des voitures volées, elle ne va cesser de s’enlaidir au cours du film pour devenir franchement monstrueuse à la fin, la faute toujours au talent proche du néant des dessinateurs.
Parlons-en, de ces dessins. Je ne dirai pas qu’ils sont plus mauvais que d’habitude car ils sont toujours nuls avec Joseph Lai, mais l’originalité ici est que cela va en empirant avec le temps. Les expressions faciales en particulier deviennent de plus en plus tordantes, dans tous les sens du terme, à mesure que le film avance. Il y a aussi un nombre incalculable d’erreurs de proportions et de perspective, et les robots en particulier n‘ont jamais leurs bras ni leurs jambes de la même longueur.
LA JOSEPH LAI’S TOUCH
En plus des dessins catastrophiques, de l’animation inexistante et des doublages de compétition, le film est émaillé d’incroyables moments de flottement, des séquences tellement absurdes que le cerveau met plusieurs secondes à se convaincre de la réalité de ce qu’il est en train de regarder avant d’ordonner au corps de se rouler par terre de rire. Ainsi, lorsque les gentils sont dans leur vaisseau au milieu de l’espace, poursuivis par un missile sur le point de les anéantir, le héros n’hésite pas une seconde. Il sort son pistolet, ouvre la fenêtre et tire sur le missile ! Autre moment aux frontières du réel, quand l’un des personnages annonce qu’il est neuf heures et que le soleil va bientôt se lever en regardant… sa boussole !
Mais la véritable signature de Joseph Lai, ce sont les faux raccords. A partir de l’apparition du robot géant, cela devient un véritable running gag puisque le phénix stylisé peint sur son torse disparaît et réapparaît constamment, pas un plan sur deux, mais presque.
Mais Joseph Lai n’est pas seulement incompétent (ou il n’en a pas seulement rien à foutre), il est aussi très malhonnête. Fidèle à ses méthodes de margoulin, il a repompé le design de ses robots sur à peu près tout ce qui lui tombait sous la main : Transformers, Goldorak, Mobile Suit Gundam, tout y passe. Il est d’ailleurs dommage que le look des méchants robots soit plus réussi que celui des gentils, car ça contribue à nous faire souhaiter leur victoire alors qu’ils sont véritablement ignobles. Quant à la musique, on a repris celle de Bioman, y a pas de raison !
[Pascalou Belleguic]
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