Les animaux singent les hommes dans « Zootopia »

Malgré une trame éculée, « Zootopia » se distingue grâce à un univers riche et des personnages attachants.

« Zootopia » est le 55^ème film « Classique d’animation » des Studios Disney qui restent sur des succès critiques et publics avec des films tels que « Raiponce », qui aura amassé quasiment 600 millions de dollars à travers le monde, « Les nouveaux héros » et ses 660 millions de dollars de recettes et bien sûr le carton de « La Reine des neiges » qui aura récolté plus d’un milliard de dollars.

C’est donc avec une énorme pression sur les épaules que Rich Moore et Byron Howard se sont chargés de développer l’univers de « Zootopia », dans lequel les animaux ont remplacé les êtres humains. Vous pourrez donc croiser un éléphant en uniforme de police ou bien une agnelle assistante du maire, qui est lui-même un lion. C’est dans cet univers que Juddy Hopps, une jeune lapine vivant à la ferme, aimerait devenir policière dans la grande ville de Zootropolis. Malheureusement, n’étant pas taillée physiquement pour ce rôle au sein de la société, Juddy va devoir batailler corps et âme pour décrocher son insigne de police et prouver au chef du commissariat de Zootropolis qu’elle vaut mieux que le poste de contractuelle qui lui a été assigné.

Malgré une trame narrative vue et revue, « Zootopia » reste sympathique à regarder. En effet, les rebondissements scénaristiques ainsi que les obstacles que doit affronter Juddy n’ont rien d’original. Cependant, quand on accepte de proposer aux spectateurs une histoire de base déjà vue, on se doit de leur offrir autre chose en compensation. Pour « Zootopia » l’originalité vient de son univers et de l’alchimie entre les personnages. Porté par des voix pleines de bienveillance, telles que celles de Ginnifer Goodwin et Jason Bateman, ou avec plus de caractère (Idris Elba ou J. K. Simmons), les personnages gagnent tous en profondeur et en réalisme. On s’attache immédiatement à eux et on apprécie de suivre leurs aventures. De plus, les relations entre les personnages se construisent sans que cela ne semble forcé et aucun ne semble de trop. Petite surprise tout de même : Shakira qui interprète la popstar Gazelle et dont la voix est très reconnaissable quand elle chante mais qui ne l’est plus du tout quand elle doit parler. Étant l’unique « actrice » créditée pour ce rôle au générique on se demande tout de même si c’est bien elle qui a prêté sa voix au personnage tout au long du film…

L’univers de « Zootopia » est lui aussi très bien imaginé. En effet, Zootropolis se sépare en trois quartiers avec des climats bien distincts. On y retrouve donc un quartier polaire, un autre tropical et un quartier où le climat est plus tempéré, cela pour ne léser aucun animal. Cette idée originale nous offre la possibilité de suivre les personnages dans des décors très différents les uns des autres, ce qui va accentuer notre intérêt pour le récit et ainsi retarder un ennui qui pointe, malgré tout, le bout de son nez lors du dernier acte du film. En effet, le rythme du film est soutenu pendant les deux tiers du film et c’est là qu’on trouve les meilleures scènes, dont une très originale qui se passe dans un camp naturiste. C’est avec notre regard d’êtres humains que nous pouvons apprécier cette scène, car nous avons l’habitude de voir des animaux sans habits alors que les habitants de « Zootopia », eux, d’habitude, se couvrent comme nous le faisons.

Malheureusement, le film ralentit grandement dans le dernier acte. Après avoir fait le tour de ce que pouvait proposer l’univers de « Zootopia », tout ce qui nous reste est la trame narrative vue et revue. En outre, la quête originale de Juddy, devenir policière même si ses parents tentent de l’en dissuader du fait qu’aucun lapin n’a jamais réussi à devenir policier, est accomplie dès les premières minutes du film. Certes, par la suite elle va devoir prouver sa valeur auprès du chef de la police mais n’était-ce pas plus difficile de devenir la première lapine policière plutôt que de simplement bien faire son boulot ?

« Quand on veut, on peut », là est donc le message que nous présente le film dès les premières minutes et c’est ce même message qui est le plus grand problème du film. Pixar nous a brillamment montré, avec « Monstres Academy », que même si on se donne tous les moyens du monde pour réaliser ses rêves par la voie classique, on peut très bien échouer. Cependant, échouer dans la voie classique ne veut pas dire que nos rêves ne peuvent pas être réalisés par des moyens détournés et c’est exactement ce que « Monstres Academy » avait eu l’intelligence de montrer. Un message beaucoup plus en accord avec notre monde. Pour poursuivre la comparaison, la « grande » quête des personnages principaux est accomplie à la fin du film chez Pixar et non à la fin du premier acte comme dans « Zootopia ».

Malgré son manque de prises de risques au niveau de sa trame principale, quelques maladresses au niveau scénaristique et une grosse baisse de rythme dans le dernier acte, « Zootopia » nous offre de chouettes scènes ainsi que de sympathiques personnages, interprétés par de très bons acteurs.

Zootopia
De Byron Howard et Rich Moore
Avec les voix de Ginnifer Goodwin, Jason Bateman, Idris Elba et J. K. Simmons
Walt Disney
Sortie le 17/02