Le cinéma français ne fricote pas souvent avec le fantastique et quand il le fait, c’est rarement aussi bien ficelé que ce film.
Légende ancestrale, malédiction, féminisme et humour léger flirtent avec le 21 siècle, représenté par une famille atypique, mais représentative d’une partie du peuple de l’hexagone. Mari stressé par son travail en paradoxe avec une épouse plongée dans les mantras, le bouddhisme et la recherche de l’harmonie dans toutes les situations, aussi inhabituelles soient-elles, accompagnés de jumeaux probablement adoptés et d’une ado en mal d’exister. Tout ce petit monde, devient propriétaire d’un château pour le moins étrange sur les bords des côtes d’Armor ou du Finistère. Audrey Fleurot (la Dame du Lac d’Alexandre Astier) interprète son personnage avec excellence. Son talent d’actrice, s’il est encore à prouver, s’exprime dans un registre assez nouveau pour elle. Certes, elle a déjà interprété des seconds rôles dans des comédies (La Confiance règne, Pop Redemption), mais ce n’est que trop peu qu’un casteur lui confie un premier rôle. Et pourtant, elle brille de mille feux dans ce costard de fantôme volontaire, têtue et féministe. Pour rester dans le sujet, Lionnel Astier (Leodagan) tient son rôle de businessman hésitant et fayot avec une justesse bien dosée. Il me rappelle un peu le personnage de Neil McKormack qu’il tenait dans Hero Corp, par moment. Ce film est une preuve supplémentaire que même avec des moyens plus humbles que Hollywood, on peut réaliser de très bonnes œuvres. Même si Le Fantôme de Canterville sera sans nul doute classé dans la catégorie Fantastique et Famille, il vaut le coup d’œil ne serait-ce que pour reconnaître à Michael Youn, que sorti de ses navrantes pitreries télévisuelles du début du siècle, il recèle un talent certain d’acteur accompli.
Le Fantôme de Canterville
De Yann Samuell
Avec Audrey Fleurot, Michaël Youn, Michèle Laroque, Lionnel Astier
Dinifan