Après deux films sur les sans-papiers, « La Forteresse » puis « Vol Spécial », Fernand Melgar creuse encore ici son sillon dans le terrain du documentaire sociétal. Cette nouvelle œuvre du réalisateur romand parle toujours des rejetés mais cette fois-ci, non plus à l’échelle d’un pays mais à celle d’une ville. Il filme le microcosme d’un bunker sensé offrir un vétuste gîte et un maigre couvert aux hommes, femmes et familles qui n’ont pas trouvé à Lausanne de moyen de se nourrir ou d’endroit où dormir. D’un côté de la barrière patientent ceux qui espèrent une autorisation d’entrée pour la nuit et de l’autre, les travailleurs sociaux qui ont la difficile responsabilité d’octroyer, ou pas, un droit de passage. À la vue du visage désespéré et impuissant de ces derniers on imagine quelques raisons sanitaires ou sécuritaires susceptibles d’expliquer les motivations de leur hiérarchie à laisser des gens dormir dans le froid. Malheureusement, le film n’en parle pas. Il invite le spectateur à s’indigner, tout en le laissant libre de choisir des responsables potentiels parmi ceux qu’il accuserait volontiers mais à qui le film ne donne pas la parole. Des fonctionnaires trop zélés peut-être, des politiciens sans cœur… ? On tomberait facilement dans les clichés commodes et les accusations précoces. Néanmoins, malgré cette absence d’exhaustivité, par ailleurs peut-être assumée par l’auteur, ce documentaire percutant a tout pour éveiller les consciences et permettre à chacun, d’au moins se documenter sur le sujet ou au mieux, prendre des mesures et tenter de changer le cours de choses.
L’Abri
De Fernand Melgar
Documentaire
Seven Prod