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mercredi, décembre 18, 2024
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La Zone d’intérêt avec sa jolie maison, son beau jardin et… l’horrible usine à côté

Effroyable et intense

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

11 ans après la sortie du remarqué, néanmoins pas toujours apprécié, « Under the Skin », la nouvelle réalisation du Britannique Jonathan Glazer se distingue de par son admirable adaptation du roman de Martin Amis. Glaçant, parfois un peu plus léger, mais toujours efficace et monstrueux…


Hedwig et Rudolf Höss vivent en compagnie de leurs bambins dans une magnifique maison, avec un grand jardin fleuri, un beau potager et même une petite piscine. Ici, tout le monde s’épanouit malgré le bruit et les cris quotidiens juste en face… Même leur chienne Dilla ne semble guère empruntée par les dérangements environnants. Il faut savoir que les enfants ont l’école proche, le Commandant Höss va à son travail à pied ou à cheval et Hedwig s’épanouit en améliorant leurs espaces verts et en sentant sa famille si épanouie. Une vie rêvée en fait, aussi grâce à leur personnel qui exécute leurs moindres demandes, désirs ou caprices. Tout serait rose, excepté l’usine si proche et bien sûr, les coups de feu, les hurlements à la mort ou les cris des nourrissons sur le point de mourir… L’intérêt de ce lieu habitable ? Les 40 m2 entourant les camps créant un sentiment d’apaisement. Le but de la part des nazis et autres responsables des lieux, veiller à la beauté et au maintien de la très belle habitation…

Décédé en mai 2023, le romancier cité en chapeau, édita plus d’une trentaine d’ouvrages avec presque à chaque fois, un certain succès de la part des critiques et du public. « La Zone d’intérêt » fut l’un de ses derniers, même si sa transposition s’avère relativement libre du côté du cinéaste.

En effet, l’ouvrage contient avant tout, davantage de personnages. Mais surtout, le ton et l’intrigue ne demeurent nullement tragiques, car l’aspect caricatural, aux allures infernales et provocatrices, priment quant aux problématiques des femmes et hommes du livre. Le côté loufoque proche de la fameuse troupe théâtrale des « Monty Python » est aussi souvent accentué.

En 2019, le scénariste et metteur en scène annonça son prochain projet : « La Zone d’intérêt ». Comme il l’indiqua, son film serait plus proche de la dramaturgie. Néanmoins, très différent d’autres chefs-d’œuvre liés à la 2ème Guerre mondiale, à l’exemple de « La Liste de Schindler ».

Entre-temps, la Covid ralentit sa réalisation. Mais finalement et malgré les problématiques survenues à Auschwitz en amont du tournage, il put commencer. Le Britannique avait en effet espéré pouvoir tourner en peu de temps au sein d’une habitation proche de l’ancien camp afin de respecter au mieux l’ouvrage littéraire.

Cela ne put cependant se faire. Car les lois sont très strictes pour des constructions même dans le but d’un décor cinématographique respectueux. Oświęcim (Auschwitz en polonais), accorda néanmoins à la production américano-anglo-polonaise, la possibilité d’occuper une ferme agricole abandonnée.

C’est donc en très peu de temps, 2-4 mois environ, que les transformations se firent en se conformant aux témoignages, aux livres ou photographies d’époque afin de filmer au plus près, la folie des femmes, hommes et enfants SS et nazis.

Pour l’anecdote plus légère, le principal défi de l’équipe de la reconstruction, fut de pouvoir planter les espèces d’arbres à temps, afin de rendre le jardin des « Höss » davantage réaliste. Evidemment, cet aspect ne fut pas le seul à rendre « La Zone d’intérêt » réelle et effroyable.

Effectivement, cette fiction si proche de certains faits historiques, n’aurait pu exister sans le travail consciencieux de la distribution. D’une part, grâce à la formidable et intense comédienne Sandra Hüller (« Toni Erdmann ») jouant « Hedwig Höss ». Accompagnée durant tout le tournage par sa chienne, alias « Dilla » dans la trame, le duo décalé et ignorant superbement les horreurs commises, fonctionne à merveille.

L’histoire de cette réalisation s’avère également réussie grâce à l’interprétation de Christian Friedel (« Poulet aux prunes ») dans le rôle de « Rudolph Höss », protagoniste à la fois froid, tendre, menaçant et aimable auprès des personnes délibérément choisies…

Remarqué et primé au « Festival de Cannes 2023 », « La Zone d’intérêt » contient toutefois quelques parties inintéressantes et brouillons. Notamment quant à la scène finale risquant de troubler le public. L’entraide fournie au travers des pommes, n’est pas non plus la séquence la plus facile à comprendre, mais elle se devine tout comme les intentions en rapport.

Déconcertant, effroyable, admirablement bien filmé et joué, efficace et peu ennuyeux, « La Zone d’intérêt » captive assez rapidement. Agissant toujours de manière objective quant aux actes passés, les émotions se dégageant du récit donnent des frissons.

Si cette production ne s’adresse pas aux plus jeunes de par sa complexité et atrocités, un large public devrait l’apprécier par rapport à son originalité, sa méticulosité et ses horreurs crées par les hommes et femmes.

La Zone d’intérêt
USA – ROY – POL – 2023
Durée: 1h45 min
Drame, Guerre, Historique
Réalisateur: Jonathan Glazer
Avec: Sandra Hüller, Christian Friedel, Freya Kreutzkam, Ralph Herforth, Max Beck, Imogen Kogge, Stephanie Petrowitz
Filmcoopi
31.01.2024 au cinéma

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