La Idea de un Lago

Inès est photographe. À l’approche de la naissance de son premier enfant, elle est déterminée à achever un projet commencé quelques années plus tôt qui lui tient particulièrement à cœur : un livre de photographies et de poèmes dont le point de départ est l’unique image lui restant d’elle et son père, disparu durant la dictature militaire. Cette photo la renvoie à son enfance et à ses longs étés passés dans leur maison familiale au sud de l’Argentine. Après « Abrir Puertas y Ventanas », la réalisatrice argentino-suisse Milagros Mumenthaler dévoile un nouveau long-métrage qui traite des relations familiales, de l’absence et de la quête d’identité. Le film, librement adapté du livre autobiographique de Guadalupe Gaona « Pozo de aire », est structuré à l’image de la vie d’Inès, un puzzle à reconstruire dont il manque la pièce maîtresse : le père. Une quête d’identité qui se fait au travers de fragments de souvenirs épars, parfois parasités par l’imagination, qui donnent à la narration un aspect brouillon volontaire, qui se veut figurer la distorsion caractéristique de la mémoire. Ainsi s’entremêlent quatre temps : le présent, la jeunesse, l’enfance et la petite enfance d’Inès, dans un mouvement qui tourne continuellement autour du même lieu significatif et de la même pesante absence qui marque Inès dans ses relations avec sa mère et son frère. Une seule scène suffit à symboliser à la fois les réminiscences d’Inès et la réalisation de Mumenthaler : un jeu de piste dans la forêt, où les seuls indices sont des lumières qui soudain s’allument, s’agitent dans la nuit puis s’éteignent, laissant seul dans le noir celui qui cherche ce qui se cache profondément enfoui.