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vendredi, décembre 20, 2024
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« La forme de l’eau » : l’amour toujours

Amandine Gachnang
Amandine Gachnang
Poussée par ma passion pour la littérature et le cinéma, spécialement " de genre" (fantastique, horreur, science-fiction, gothique et tout le tralala), j'ai suivi des études de cinéma, de français et d'anglais à l'Université de Lausanne. Quel bonheur que de pouvoir tenir la plume (ou plutôt le clavier) pour partager cette passion qui nous réunit dans les salles obscures! :-)

Eliza, jeune femme muette, mène une vie ordonnée, mais solitaire. Les seules personnes qu’elle côtoie sont son voisin Giles et sa collègue Zelda. Toutes deux travaillent comme femmes de ménage dans un centre de recherche gouvernemental. Lorsqu’Eliza découvre la créature aquatique sur laquelle expérimente le cruel colonel Strickland, sa vie sera chamboulée. Entre la femme et le monstre (qui en est finalement moins un que certains humains) naîtra un amour à toutes épreuves.


Guillermo del Toro signe comme à son habitude un film visuellement magnifique et narrativement émouvant. La palette de couleurs tourne majoritairement autour des tons bleus et surtout verts, même dans les plus petits détails (les tartes que mange Giles, le gâteau en gelée qu’il peint, le savon du centre, etc.), ceci afin de constamment évoquer l’eau et la créature. La séquence d’ouverture qui suit le quotidien d’Eliza présente également des tons rouges, pour annoncer la passion amoureuse qui viendra ensuite. Le monstre est par ailleurs un régal pour les yeux, et ses expressions et mimiques le rendent tout de suite attachant malgré sa dimension inquiétante et potentiellement dangereuse, qui ne manquera pas d’être rappelée à plusieurs occasions.

Les personnages sont ce qu’on pourrait appeler des « marginaux » dans la société dépeinte (le film se déroule pendant la période de la Guerre froide.), mais aussi malheureusement toujours dans la nôtre : Eliza a un handicap, Giles est homosexuel et Zelda est noire. Tous retrouvent une partie d’eux dans le monstre et s’y identifient : il ne peut pas parler, comme Eliza ; il est seul, comme Giles ; il est traité comme un être différent, et même inférieur, comme Zelda par Strickland.

Le réalisateur mexicain, aurait-il alors voulu orienter sa réalisation du côté du discours politique ? J’interprète plutôt La forme de l’eau comme une célébration de l’enchantement, qui peut être provoqué par plusieurs éléments : le cinéma, l’imagination, la musique, et bien sûr l’amour. Ce qui n’empêche pas l’œuvre de del Toro de porter un message d’encouragement à plus de compassion, de compréhension envers les autres. À l’image du personnage de Giles refusant de visionner des images violentes d’actualité pour se réfugier dans une comédie musicale joyeuse, le film offre une alternative positive et fantastique à la réalité quotidienne. Et il matérialise cette idée iconique de la femme amoureuse d’un monstre au lieu d’en être effrayée. Plus qu’une véritable critique sociale, La forme de l’eau est une ode poétique au fait de garder son âme d’enfant et d’embrasser le merveilleux (bien que parfois inquiétant) se cachant dans la vie réelle.

La forme de l’eau (The Shape of Water)
De Guillermo del Toro
Avec Sally Hawkins, Doug Jones, Michael Shannon, Octavia Spencer, Richard Jenkins
20th Century Fox

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