Si de nombreux longs-métrages algériens ont déjà parlé d’exploits de guerriers au travers des siècles, jamais l’histoire de « Zaphira » n’avait été transposée sur grand écran. Un défi de taille très réussi avec de nombreuses contraintes et interprétations historiques alambiquées.
En 1516, l’Algérie et sa capitale Alger, traversent une grave crise entre la tyrannie des Espagnols et les rebellions. Toutefois, Zaphira l’épouse du roi Salim Toumi, semble relativement insouciante et peu consciente des dangers. Pour cause et malgré ses amusements, sa priorité est avant tout le bien-être de son enfant Yahia qui succédera à son père ces prochaines années. Cependant, la phase de transfert s’avéra plus longue et complexe que prévue… Non seulement le roi se fit tuer, selon la rumeur par le sanglant pirate Aruj Barbarossa, mais en plus, Zaphira va décider de tenir tête aux multiples bouleversements politiques et religieux de son gouvernement. Ceci, en se montrant à la fois rebelle, dévouée et ambitieuse. Cela pourrait-il lui causer sa perte et entraîner la fin du royaume ?
Se basant sur certains faits historiques souvent contestés, soit à quel point la véritable Princesse Zaphira était-elle proche des récits établis par la suite ? ; non seulement les 2 metteur-euse en scène et cinéaste Adila Bendimerad et Damien Ounouri travaillèrent activement sur leur tout 1er long-métrage, mais en plus, ils se heurtèrent à nombreux imprévus et difficultés avant de pouvoir diffuser leur intense fiction.
En effet, il leur a fallu en premier lieu, déterminer quels moments de vie de la Reine se transposeront. En outre, il demeurait important pour le binôme de tourner toutes les séquences possibles au sein de décors réels. L’un des plus complexes à trouver, fut celui où la mer est si proche des quartiers royaux.
Toutefois et malheureusement par rapport à « La Dernière reine », d’autres complications arrivèrent. Notamment celles des costumes, somptueux et magnifiquement créés spécialement pour ladite réalisation.
Car si les 2 cinéastes avaient espéré en trouver grâce à des locations ou des prêts auprès de collectionneurs-euses, aucun ne fut découvert par rapport à la période de l’histoire de « La Dernière reine », soit au XVIe siècle.
De ce fait et finalement, entre l’aide de l’anthropologue Algérienne Leyla Belkaïd spécialisée dans les anciens costumes, et le costumier Franco-Algérien Jean-Marc Mireté (« La Vérité si je mens ! 2 »), le duo se sentit assez inspiré afin de (re) créer des tenues incroyables. D’ailleurs, formidablement filmées et mises à disposition de tournages à venir avec une thématique plus ou moins identique.
Au niveau de la trame de « La Dernière reine », si la religion demeure une thématique importante, montrée et filmée plutôt de manière historique, cet aspect prend un peu trop d’envergure au profit du caractère ou des décisions personnelles des différents personnages.
Néanmoins, entre la reconstitution historique (supposée), la violence de certaines séquences, les décisions souvent spontanées des protagonistes, le sujet pouvant déranger quelque peu (surtout pour le public athée ou d’une autre religion), se remarque moins au gré du récit.
Scindé en différents actes, l’histoire « La Dernière reine » met toutefois un certain temps à se mettre en place et quelques scènes inutiles la prolongent. Néanmoins, lorsque l’intrigue se met véritablement en place, les chapitres et leur contenu plairont probablement davantage aux spectateurs-trices.
A propos des rôles, de nombreux choix se firent. Si la « Reine Zaphira » se joue superbement par Adila Bendimerad, qui débute dans le milieu cinématographique et s’est doublement investie avec ses différentes casquettes, ses collègues à l’écran, se sont montré-e-s tout autant doué-e-s au travers de leurs interprétations.
Notamment, Dali Benssalah (« Je verrai toujours vos visages ») qui démontre qu’en qualité de corsaire, non seulement la violence est un moyen de survie, mais que la réflexion et les stratagèmes mènent également au pouvoir.
D’ailleurs, sa performance impressionne tout comme le jeu d’actrice de la « Reine » ou encore, Nadia Tereszkiewicz (« Seules les bêtes ») interprétant une « Scandinave » plutôt une efficace manipulatrice.
Finalement, si « La Dernière reine » ne s’adresse pas aux plus jeunes, il permet d’en apprendre davantage quant aux us et coutumes de l’Algérie qui manque beaucoup de longs-métrages de cette envergure avec une distribution internationale. Une fiction très intéressante, originale et humaine.
La Dernière reine
DZ – AL – TW – FR – 2022
Durée: 1h50 min
Historique, Drame
Réalisateur-trice: Adila Bendimerad, Damien Ounouri
Avec: Nadia Tereszkiewicz, Dali Benssalah, Fethi Nouri, Ali D, Adila Bendimerad, Imen Nouel, Mohamed Tahar Zaoui
First Hand Films
14.06.2023 au cinéma